L’année 2022 vient de s’achever. Une année durant laquelle plusieurs faits ont émaillé le quotidien des citoyens de Kankan. Des plus tragiques, aux plus festifs. Que nous tenterons de rappeler au bon souvenir de nos lecteurs, à travers cette rétrospective des sujets qui auront marqué l’actualité de l’an 2022 en Haute Guinée.
Recrudescence des accidents de la circulation aux bilans tragiques
Au cours de cette année 2022 qui s’achève, plusieurs accidents de la route ont été notifiés un peu partout dans la région administrative. Mais c’est dans la zone de Kouroussa que les deux cas les plus graves et les plus meurtriers ont été enregistrés.
Le premier cas, le plus tragique en termes de bilan, a fait un total de 24 victimes dont 14 morts et plusieurs blessés graves. Les faits se sont produits dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 septembre à l’entrée de la ville de Kouroussa. Il s’agissait d’un convoi funèbre qui s’est heurté à un camion stationné au bord de la route. Selon les témoignages recueillis par notre reporter, le minibus bondé de personnes était en défection de phare et avait à son bord un bidon rempli d’essence comme réservoir.
Deux mois auparavant, en juillet, on assistait à un autre accident de la circulation qui s’était produit sur la route nationale Kouroussa-Conakry, plus précisément au niveau du carrefour du district de Saraya, situé dans la sous-préfecture de Cisséla. Un endroit se trouvant à environ 55 KM de la commune urbaine de Kouroussa. Là encore, il s’agissait de deux véhicules, un de transport de personnel de type RAV4 et un pickup de service de marque Toyota qui étaient entrés en collision. Ce choc avait fait au total 5 morts sur place et deux blessés. Selon les témoignages, le chauffeur du véhicule de transport en commun était en train de dormir au volant. Ainsi, il aurait quitté son couloir de conduite pour aller percuter le pickup d’une entreprise chinoise, qui arrivait dans le sens inverse.
Encore tôt dans la matinée du lundi 13 juin sur la route nationale Kankan-Mandiana, un camion remorque en provenance de Beyla, s’est également renversé. Cet accident s’est produit dans le district de Nèrèkôrô, dans la sous-préfecture de Balandou, située à une trentaine de kilomètres du centre-ville de Kankan. Le bilan avait fait état de 5 morts et 9 blessés graves. La surcharge avait été à l’origine de cet autre cas d’accident de la circulation.
A tout cela, il faut ajouter le naufrage d’une embarcation de fortune survenu dans la soirée du lundi 08 août 2022 dans le district de Diankana relevant de la sous-préfecture de Karifamoriah, à une dizaine de kilomètres de la ville Kankan. Après plus de 48 heures de fouilles, aucun survivant n’avait été retrouvé. Ce sont les corps sans vie de 6 personnes qui furent ensuite repêchés à plusieurs endroits le long des rivages du fleuve Milo.
Une cité qui baigne dans un regain de violence et d’insécurité
L’année 2022 a été aussi marquée par un niveau d’insécurité qui a atteint une proportion inquiétante. Des opérations de vols à main armée qui se terminent en homicide dans la commune urbaine de Kankan, ou par des cas de vindictes populaires, on en a connu plusieurs.
Pas plus tard que dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 décembre 2022, un jeune homme du nom d’Oumar Keira, acteur de la société civile et point focal du programme INTEGRA, a été tué et sa moto emportée par deux individus non identifiés, qui lui auraient demandé s’il était bel et bien Sékou Keira ? Après avoir répondu par l’affirmative, il a reçu une balle dans la tête. Transporté de toute urgence à l’hôpital régional de Kankan, le jeune Oumar Keira a succombé à sa blessure dans la matinée du dimanche.
Par ailleurs, le lundi 2 juin 2022 à Mandiana, accusé du meurtre d’une femme qui serait sa copine et qui l’aurait trompé, un homme pourchassé par une foule en colère, est allé se rendre de lui-même aux autorités judiciaires. Il a été extirpé du bureau du juge d’instruction par une foule en délire, qui l’a battu à mort dans les locaux de la justice de paix. Certains des présumés auteurs de ce lynchage, au nombre de 15 dont 2 femmes ont été arrêtés, inculpés et aux dernière nouvelles, leur procès a été ouvert à Mandiana. Ils ont tous nié leur participation à cette vindicte, en dépit de l’existence d’une vidéo qui a bien circulé sur les réseaux sociaux.
Grogne contre les délestages du courant électrique
Après presque deux ans de silence depuis l’arrivée du colonel Mamadi Doumbouya à la tête du pays, des jeunes militants anti-délestages électriques, dans la commune urbaine de Kankan, qui avaient bravé tous les préjugés politiques pour monter au créneau face à l’ancien régime du professeur Alpha Condé, afin d’exiger une meilleure desserte électrique dans la deuxième plus grande ville du pays, sont sortis de leur gond. Ainsi au cours de cette année 2022, l’on a enregistré dans le Nabaya des grognes dans deux grands quartiers très populaires de la commune urbaine. Après avoir passé des mois sans électricité ni eau dans les robinets, des jeunes habitants des quartiers Heremakono 1 et 2 ainsi que ceux de Bordo, dans la commune urbaine de Kankan, n’en pouvaient plus. C’est pourquoi, ils sont massivement descendus dans les rues respectivement le dimanche 20 mars 2022 et le samedi 17 décembre pour exprimer leur ras-le-bol. Toutes les routes furent barricadées par les manifestants. Les jeunes en colère, armés de pierres et de gourdins y régnaient en maîtres. Ils n’hésitaient pas à scander des slogans hostiles au colonel Doumbouya dont l’arrivée au pouvoir avait pourtant suscité beaucoup d’espoir chez ces jeunes frondeurs. Violemment dispersés par les forces de l’ordre, beaucoup furent mis aux arrêts, tandis que d’autres furent grièvement blessés et transportés aux urgences.
Aussi, furieuse contre la décision de fermeture des cliniques et points de vente non agréés de médicaments par le gouvernement de la transition, de nombreuses femmes de la localité étaient descendues dans les rues de la commune urbaine de Kankan le mardi 4 octobre. Elles avaient exigé soit la diminution des prix des produits dans les pharmacies ou la réouverture des points de vente non agréés. Déterminées à rencontrer les autorités locales, la meute de femmes en colère avait pris aussi d’assaut les locaux du gouvernorat.
Plusieurs hauts responsables dont le préfet, condamnés par la justice
Dans son verdict prononcé le 5 décembre dernier, le tribunal correctionnel de Kankan a condamné à deux ans d’emprisonnement assortis de sursis et au paiement d’une amende de 5 millions de francs guinéens, l’ex-inspecteur régional de l’éducation de Kankan et Faranah, Famoro Kéita et 3 ses collaborateurs. A savoir : Tidiane Touré, ex-chef de la cellule des examens et Oumar Camara, informaticien. Ce, après les avoir reconnus coupables de ‘’fraude, faux et usage de faux en écriture publique’’ lors des examens nationaux du BEPC de 2021.
Mieux, l’actuel préfet de Kankan, Kandia Mara, accusé d’avoir tenu des ‘’propos à caractère régionaliste et ségrégationniste par le biais du système de cyber criminalité’’, a, lui aussi, comparu devant ce même tribunal qui l’a reconnu coupable et condamné à 6 mois d’emprisonnement, assortis de sursis. Ce fut une toute première à Kankan que des hautes autorités se présentent devant une instance juridictionnelle. Après lecture de leurs sentences, aucun des condamnés n’a relevé appel.
Diplomatie et coopération
L’année 2022 a été aussi marquée par la visite dans la région de Kankan de deux éminents diplomates accrédités auprès de la Guinée. Il s’agit d’abord de l’ambassadeur de France en Guinée, Marc FONBAUSTIER le mercredi 02 février 2022 et de son homologue américain Troy Damian FITRELL le samedi 03 décembre. Les deux hommes, après avoir été accueillis avec tous les honneurs, se sont longuement entretenus avec les autorités locales de la place avant de mettre leur passage à profit pour réaffirmer le soutien de leurs pays respectifs au processus de transition en cours dans notre pays.
Dans le cadre de la coopération énergétique, la salle de conférence du gouvernorat de Kankan a abrité les 28 et 29 octobre 2022, la 7ème Réunion du Comité interministériel de coordination Guinée-Mali sur les avancements dans le cadre de la mise en œuvre du projet de construction du barrage hydroélectrique de Fomi. C’était sous la présidence du ministre guinéen de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Aly Seydouba Soumah en présence de son homologue de la République sœur du Mali, Lamine Seydou Traoré et du secrétaire Exécutif du Bassin du fleuve Niger, Abderahim Bireme Hamid.
Ce cadre interministériel Guinée-Mali, s’est tenu à Kankan par le biais d’une visioconférence avec les partenaires techniques de l’entreprise chinoise Yellox China Consulting en charge des travaux de construction du barrage Hydroélectrique de FOMI. La réunion a permis aux deux pays de poursuivre le dialogue et d’assurer le suivi de la mise en œuvre de l’aménagement de cet ambitieux projet de Fomi. A savoir, un barrage hydroélectrique avec une puissance de 90MW, situé dans la région de la Haute Guinée.
En outre, dans le cadre de la coopération bilatérale existant entre la Guinée et le Maroc, une centrale énergétique a été construite à Kankan au profit de la société d’électricité de Guinée (EDG). En termes d’impact, cette turbine à gaz de 20 Mégawatts, devrait permettre aux autorités, en attendant la construction d’un barrage hydroélectrique comme l’exigent depuis toujours les citoyens de Kankan, de pouvoir remédier au gap énergétique notamment le très faible niveau d’électrification dans la deuxième plus grande ville du pays.
Ce, « d’ici le premier trimestre de l’année 2023 », selon le ministre guinéen de l’Energie et de l’Hydraulique et de son compatriote de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ainsi des responsables diplomatiques marocains, qui l’ont visité courant mars.
Un influent imam empêtré dans une affaire de sextape
Et puis le fait divers de l’année n’est autre qu’une affaire particulièrement hallucinante qui a enflammé toute la toile. Au cœur de cette rocambolesque histoire, un imam officiant dans une grande mosquée d’un quartier populaire de la commune urbaine de Kankan. Ledit imam, par ailleurs un haut responsable de ligue islamique préfectorale de Kankan, apparaît très distinctement dans une vidéo polémique devenue virale sur les réseaux sociaux depuis le jeudi 17 novembre à Kankan.
Dans les deux séquences de cette vidéo dont on ignore pour l’instant la date précise de production et que Guinéenews a visionnée, le religieux en question est clairement identifiable, en train de se livrer à un exercice de masturbation devant une caméra de téléphone. Cet homme pourtant réputé jusqu’ici à travers toute la région comme étant un homme de piété et de foi, communique même avec une strip-teaseuse dénudée et on l’entend lui dire à plusieurs reprises : ‘’tu es magnifique !’’
Joint plusieurs fois au téléphone par Guinéenews, l’imam incriminé n’a jamais accepté de se prononcer sur cette affaire. Réunis en conclave secrètement, ses pairs ont décidé, quelques semaines après le scandale, de le destituer et de le remplacer à la tête de la ligue islamique préfectorale. Aux dernières nouvelles, il aurait même tenté à plusieurs reprises de se suicider.
Plus de 5000 personnes sont porteuses du VIH SIDA à Kankan
Et puis au cours d’un entretien réalisé le jeudi 1er décembre, à la faveur de la célébration de la journée internationale de lutte contre la pandémie du VIH SIDA, Dr Sampou Mamy, spécialiste en la matière et point focal de la lutte contre le VIH à Kankan a annoncé que les chiffres alarmant de la région tout en lançant des alertes.
Elle nous a aussi fait savoir que nous sommes à 5 445 personnes dont 3 414 filles, qui sont enregistrées dans les bases de données de l’hôpital régional de Kankan comme porteuses du virus. C’est sans compter les nombreux cas potentiels non pris en charge par l’hôpital et ceux dans toute la région de Kankan. Pire, parmi ces 5 000 personnes, nous avons 103 enfants.
Le décès de Mansa Sarbou Kéita de l’AGP, ce monument de la presse locale
2022 a été aussi une année de deuil pour le monde de la presse guinéenne à Kankan. Le Doyen Mansa Sarbou Kéita a été arraché à notre affection. Éminent journaliste, il était jusque-là, correspondant de la radio nationale et de l’Agence guinéenne de la presse dans la région de Kankan. Son décès est survenu dans la matinée de ce jeudi 8 septembre 2022 à son domicile, sis au quartier Senkèfara dans la commune urbaine. Paix à son âme !
La célébration délocalisée de la grande et immortelle Mamaya au stade préfectoral de Kankan
Et le meilleur pour la fin ! Ainsi après deux ans d’interruption, la MAMAYA, danse historique très prisée dans le Nabaya, a été relancée en apothéose dans la soirée du dimanche 10 juillet 2022 au stade préfectoral M’Balou Mady Diakité de Kankan. En l’absence du parrain officiel de l’événement, le président de la transition colonel Mamadi Doumbouya, c’est le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, qui a rehaussé de sa présence la cérémonie d’ouverture.
Ce grand ballet aux pas de danse mesurés et de mouvements gracieux au rythme lent, des musiques traditionnelles, jouées par les groupes d’artistes, détenteurs de la tradition, a ébloui tout le stade préfectoral de Kankan qui était plein à craquer pour la circonstance.
Pour la petite histoire, selon des sources proches de la notabilité, c’est depuis les temps coloniaux que cette danse traditionnelle a été importée du Mali voisin. La Mamaya de Kankan est devenue le rendez-vous culturel de la région et elle attire chaque année des centaines de ressortissants et visiteurs. Elle a été déclarée patrimoine culturel national de la Guinée par les autorités en 2018. Par le passé, elle se faisait à la grande place de Chérifoula, située non loin de la grande mosquée.
Sa délocalisation cette année pour le stade préfectoral n’a pas été appréciée par certains habitants. Même si les organisateurs ont expliqué que le lieu habituel, qui est la place Chérifoula est devenue très restreinte pour recevoir tout ce beau monde que la MAMAYA draine de plus en plus.