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Rétrospective : 2020 n’a pas été un long fleuve tranquille à Kankan

L’année 2020 tire vers son épilogue. Elle n’aura pas été un long fleuve tranquille en Haute Guinée, avec  une actualité beaucoup mouvementée. Vents de contestations sur fond de grogne sociale, tensions relatives aux élections présidentielles, inondations, insécurité, polémique religieuse (affaire Nanfo Ismaila Diaby) et bien d’autres, furent au compteur de l’actualité de cette partie septentrionale.

Grogne sociale 

Au début du mois de juillet 2020,  un vent de contestation contre les délestages de courant et le manque d’infrastructures routières, parti de Kankan, comme une traînée de poudre, s’est  propagé rapidement partout en Haute-Guinée.

A Kankan, tout comme à Siguiri, à Kouroussa à Mandiana et à Kérouané, à travers des séries de manifestations, des milliers de jeunes gens ont osé se dresser contre la mauvaise gouvernance d’Alpha Condé et exiger notamment, la construction de barrages hydro-électriques, de routes et l’octroi d’emplois à la jeunesse.

Ces manifestations pacifiques à l’aide de pancartes et de banderoles ont été sévèrement réprimées par les forces de l’ordre, appuyées par certains extrémistes qui seraient à la solde de certains membres influents du parti au pouvoir comme Taliby Dabo et Moussadjan Condé.

Après quelques mois de résistance et de négociation le 7 septembre  2020, suite à l’implication de plusieurs hauts cadres originaires du terroirs à l’image de Dr  Mohamed Diané et de Ibrahima Kalil Konaté K, les jeunes grognards, pour la libération des leurs qui avaient été arrêtés et jetés en prison, finiront par capituler en mettant fin à leur revendication qui, il faut le rappeler au passage s’est soldée par un cas de mort enregistré en marge de la manifestation du  1er septembre,  dans les rangs des contre-manifestants.

Tensions électorales

Au mois d’octobre 2020, durant toute la période pré électorale, la tension était à son comble partout dans la région. Confondant leur appartenance ethnique et l’adversité politique, les militants des deux grandes factions politiques, le RPG et l’UFDG, se sont livrés à des affrontements qui ont fait un mort à Faranah le 1er octobre dernier, des centaines de blessés graves et d’énormes dégâts matériels. Dans plusieurs villes de la région, des sièges de partis politiques, des boutiques, et même des lieux d’habitation, ont été saccagés, pillés ou incendiés.

C’est dans cette ambiance, qu’en pleine tournée de campagne, le 11 octobre, dans la sous-préfecture de Tokonou sur la nationale Kankan-Kissidougou, le cortège du principal candidat de l’opposition, a été empêché de rentrer dans la région pour battre campagne.

Redoutant le pire après le scrutin du 18 octobre, des vagues de citoyens originaires de la moyenne Guinée, ont préféré la veille quitter la ville.

Déportation d’opposants au camp Soronkony…

Aussi  tout au long de cette année, de nombreux militants anti-3èmemandat, arrêtés un peu partout à travers la Guinée, ont été envoyés au camp de Sorokony, situé dans la localité du même nom à quelques dizaines de kilomètres de Kouroussa.

Dans la nuit du 28 au 29 mars 2020, bon nombre ont été déposés après plusieurs mois de détention, aux portes de Conakry. Ainsi  de « leurs arrestations arbitraires, à leur libération clandestine, en passant par leurs mauvaises conditions de détention, quelques-uns ont pu sous le couvert de l’anonymat livrer des témoignages émouvants.

Inondations et insécurité

L’année 2020 a été aussi celle de grandes inondations en Haute-Guinée. Notamment à Kankan, Mandiana et à Siguiri, les pluies diluviennes du mois de mai et juin, ont fait de nombreux dégâts. Le 12 septembre une personne en a péri dans le Nabaya, tandis que le 22 septembre 3 y ont laissé la vie à Siguiri. Le 2 septembre à Mandiana, dans le district de Koundjan, plus de 150 lieux d’habitation ont été détruits par les eaux des pluies diluviennes. Des centaines de famille se sont retrouvés du jour au lendemain sans rien, sans toit et contraints de dormir à la belle étoile, faute d’assistance.

Pour cette année 2020, on notera aussi un regain d’insécurité dans la région de la savane guinéenne. Les attaques à mains armées ont pris de l’ampleur. Le 20 novembre, un  jeune homme s’est fait froidement descendre devant son kiosque au quartier Salamany  par des inconnus.

Trois jours plus tard, dans la nuit du dimanche au lundi 32 novembre, des individus armés jusqu’aux dents ont semé la panique dans plusieurs domiciles familiales au quartier Sekenfara 2. Ils ont fait un blessé par balle avant de s’enfuir avec plusieurs millions de GNF.

Et puis, une bande de braqueurs armés aussi jusqu’aux dents, ont perpétré une série d’attaques dans des boutiques de transfert d’argent dans la région.

A Faranah et à Siguiri, ils se sont enfuis avec de gros butin d’argent. A Kankan, le 1er juin 2020, après leur opération, ils ont été poursuivis et tous rattrapés à l’exception du cerveau du groupe dénommé Mamadi Camara alias Bouré Sama qui quelques mois après le 29 octobre se fera lynché à Siguiri, dans le district de Kourémalé tandis que ses quatre (4) complices comparaissent devant le tribunal de première instance de Kankan.

Polémique religieuse (affaire Nanfo Ismaila Diaby)

C’est l’histoire d’un homme qui s’est rendu célèbre  en dirigeant des prières musulmanes en langue du terroir Maninkakan durant le mois de ramadan. Après concertation avec les autorités religieuses, le préfet  Amara Lamine Soumah, ordonne son arrestation le 10 juillet. Après 3 jours de détention le 13 juillet, sous instruction du gouverneur, il recouvrait sa liberté. Le même jour, des individus non identifiés s’en sont pris à sa mosquée qui se trouvait dans sa résidence privée.

Le 15 juillet 2020, il est suspendu par les autorités religieuses de toute activité religieuse sur toute l’étendue du territoire national.

Le 23 juillet 220, sous les ruines de sa mosquée, il annonce avoir saisi les cours de juridiction du pays, pour « atteinte à la liberté de culte, destruction d’édifice privé et coup et blessure ».

Face au silence du parquet, le 28 juillet, son avocat Me Salif Béavogui, a à travers une notification, saisi le tribunal de première instance, pour solliciter une enquête sur des faits de « destruction d’édifices privés et lieu de culte, vol, menace de mort et coups et blessures volontaires ».

Le 7 septembre 2020, il est à nouveau convoqué et auditionné par la police dans une toute autre affaire. Cette fois, il est suspecté par les autorités d’avoir orchestré des actes de profanation dans près d’une dizaine de mosquées à travers la ville en y déposant des excréments humains. Il a décliné toute responsabilité dans cette affaire, avant d’être libéré le même jour.

Récemment ce 28 novembre, alors qu’il tentait de rebâtir sa mosquée, il se heurte de nouveau à l’opposition des autorités. A travers une décision du maire Mory Kolofon Diakité, il lui a été sommé d’arrêter tous les travaux.

Enfin, il faut aussi rappeler que l’autre fait marquant de l’année à Kankan aura été, l’annulation du plus grand évènement culturel de la région, la Mamaya, pour cause de la pandémie de la CoVID19.

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