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Retard dans la construction des raffineries d’alumine : le col Doumbouya tape du poing sur la table

Le président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya a un échange, le vendredi 8 avril 2022, avec les responsables des sociétés minières évoluant en Guinée. Le colonel Doumbouya a invité ces derniers au respect de leurs conventions minières qui, pour la plupart, les obligent à transformer la bauxite en Guinée. Mais l’application de telles exigences souffre encore.

Devant le président de la Transition et les entrepreneurs miniers, le ministre des Mines et de la Géologie, Moussa Magassouba, est longuement revenu sur les conventions signées avec les multinationales minières : « La CBG a commencé à exporter la bauxite en 1973. Dix ans après, donc en 1983, elle devrait construire une raffinerie d’alumine. De nos jours, pas une étude de faisabilité encore soumise. En ce qui concerne la SMB, elle a été complètement bauxitique, mais elle était censée faire, dans les dix-huit mois qui suivaient sa date de commercialisation, déposer les études de faisabilité d’une raffinerie d’une capacité d’un million de tonnes pour une valeur d’investissement de 1 milliard [de dollars]. On est à l’attente de ça aussi. Il y a la société GAC, une société émiratie. Elle était à l’origine 100% alumine. Il n’y avait pas de bauxite dedans. Sous l’ancien régime, elle a eu un traitement préférentiel. C’est la seule société qui a été autorisée à exporter 2 millions de tonnes considérés comme échantillon. Mais après ça, ils ont fait des amendements à leur convention. Maintenant ils sont supposés faire en phase 1, 3,2 millions de tonnes d’alumine extensibles à 5,6 millions en phase 2. Pour le moment on n’a rien de clair. Vous avez la société Rusal-COBAD. C’est en juillet 2001, donc il y a plus de 21 ans, que la convention entre la République de Guinée et COBAD a été signée à Moscou. Là encore, il devrait y avoir une raffinerie de 2,8 millions de tonnes. Mais ils ont commencé la production seulement en 2018. En ce qui concerne la société Spike, c’est une société qui vient de commencer et ils ont un projet de faire 4 millions de tonnes de bauxite. La production en alumine devait commencer en octobre 2022. Ce qui veut dire que de nos jours rien n’est reçu. En ce qui concerne Chalco, sa phase 1 c’était purement bauxitique. On a dit qu’en 2020 ils devraient soumettre une étude de faisabilité pour la raffinerie. Même hier je les ai rencontrés, mais encore une fois, il n’y a pas de clarté, il n’y a pas de volonté politique à ce niveau.

Pour le cas de la bauxite de Kimbo, la phase de construction de la mine se poursuit bien, celle de la raffinerie n’a pas encore commencé. La Société des Bauxites de Guinée (SBG), qui opère sur les bauxites de Garafi, est censée faire 1,6 million de tonnes de bauxite pour un investissement d’une valeur de 2 milliards de dollars et devrait, par an, exploiter 8 millions de tonnes. Parmi ces 8 millions, 3 millions étaient destinés à l’exportation et 5 millions destinés à la transformation sur place. Pour le moment nous n’avons reçu d’étude à ce niveau-là.

SDM Chine est dans la zone bauxitique de Télimélé. Au niveau de cette société, c’est une raffinerie d’une capacité d’un million de tonnes par an. Ça n’a pas encore commencé à ce niveau-là aussi.  Vous avez TBA, qui est un projet d’alumine et d’aluminium et un centre industriel complexe. L’unicité pour cette entreprise, c’est que la Chine donne un support financier à toutes les sociétés qui opèrent ici sauf cette société-là. Elle est purement et entièrement en privé. Donc c’est un projet intégré qui va jusqu’à l’aluminium. Donc c’est une chaine de valeurs complète. Ils ont déjà déposé une étude de faisabilité qui a été validée par le ministère des Mines, mais la source des navires proposés c’est le charbon. »

Après cette intervention, le Colonel Mamadi Doumbouya a tenu un discours ferme en direction des miniers. Il leur a fait savoir que la coopération entre eux et la Guinée doit profiter à toutes les deux parties : « Vous êtes venus investir en Guinée afin d’obtenir un meilleur rendement pour vos capitaux. Ces investissements devraient se faire non pas au détriment de la Guinée, mais à son profit. C’est cela la coopération gagnant-gagnant. »

La transformation de la bauxite en Guinée, et ce conformément aux conventions, c’est ce qui sera désormais fait sans délai, a fait savoir le Colonel Doumbouya : « Nous avons mis en place plusieurs mesures incitatives, pour un climat d’affaires garantissant un retour sur investissement élevé. Cependant, force est de constater que les attentes ne sont pas comblées du côté de nos populations et le gouvernement en est conscient. Cela ne peut pas continuer. Vous avez signé des conventions d’établissement avec le Gouvernement. Ces conventions contiennent, de part et d’autre, des engagements et des obligations. Un engagement ou une obligation non tenue est une cause de nullité de la convention. Il en est ainsi du processus de transformation de nos matières premières que vous exploitiez. Désormais, leur transformation sur place devient incontournable. C’est un impératif et sans délai. Plusieurs conventions mentionnent le raffinage sur place. Ces engagements sont lettres mortes. »

Plus loin, il a demandé au Gouvernement de faire l’évaluation des conventions par des cabinets spécialisés pour rétablir l’équité des relations entre les sociétés minières et la Guinée. Il précise tout de même que cette action ne vise pas à remettre en cause les engagements pris par la Guinée, mais de faire en sorte que toutes les parties sortent gagnantes dans la répartition des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles du pays.

« Pour y arriver, le Gouvernement prendra toutes ses responsabilités afin de faciliter la mise en œuvre des usines de raffineries. L’État jouera tout son rôle afin de créer les conditions de développement d’un corridor de prospérité. La transformation de la bauxite en alumine ne doit pas se limiter seulement à la mise en place des usines de raffineries. Toutes les matières premières et produits rentrant dans la transformation doivent être produits sur place. C’est seulement à ce prix que nos ressources naturelles seront un levier de développement pour nos populations. Le Gouvernement est conscient de la complexité d’un projet de construction de raffineries d’alumine. Cependant, le respect des Conventions de base reste non négociable. C’est pour cela qu’un comité sera prochainement mis en place pour proposer aux compagnies minières qui se mettront ensemble pour la construction des raffineries en Guinée », a-t-il indiqué, avant d’ajouter que tout manquement aux délais de la construction des raffineries conduira à des pénalités : « Au cours des discussions, un chronogramme détaillé et précis, dont le Gouvernement sera le garant du respect des délais contractuels, devra être signé entre toutes les parties prenantes. Tout manquement au respect des délais de construction des raffineries se traduira par des pénalités requises. »

« En dépit du boom minier du secteur bauxitique, force est de constater que les revenus escomptés sont en deçà des attentes. Vous et nous ne pouvons plus continuer ce jeu de dupes qui perpétue une grande inégalité dans nos relations. Il faut la corriger et c’est maintenant. Je vous invite à cette démarche qui devient un impératif catégorique et non négociable, et ce, avant la fin du mois de mai 2022 », a-t-il conclu.

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