Les problématiques que laisse ce programme de rattrapage ne peuvent pas être éludées par ce rabibochage savant. Le problème est de savoir si les élèves ont toujours confiance en l’école guinéenne. Il suffit actuellement d’une pierre sur les tôles ou à la moindre rumeur pour que les écoles soient désertées. On connait la probité morale de K², si on arrive à s’abstraire de ce qui s’est passé pendant cette grève, et ce qui s’est passé pendant la grève était stricto sensu extra-scolaire, mais ce programme de rattrapage laisse à redire, comme on va le montrer devant.
En effet, pendant la grève du 14 février au 18 mars, des voix s’étaient élevées pour réclamer la reprise des cours, des femmes étaient sorties pour tancer Alpha Condé et le gouvernement. Des élèves, manipulés ou pas, avaient réclamé à cor et à cri la réouverture des classes, mais quand la grève fut suspendue le jeudi, les cours devant reprendre impérativement le vendredi, les mêmes élèves très soucieux de leur avenir s’étaient donné un congé supplémentaire jusqu’au lundi, réclament d’être libérés, à commencer par les élèves des classes d’examen. Désormais, il suffirait qu’une seule pierre jetée sur les tôles pour interrompre les cours dans une école, à moins de placer des vigiles pour ne pas qu’un galopin ne jette une pierre pour créer la panique.
Que dire du programme de rattrapage ?
L’inquiétude et l’incertitude existent au niveau de l’enseignement privé, qui n’a pas le même statut que celui du public. Comment la question de salaire va-t-elle se résoudre avec cette interruption et ce rallongement jusqu’au 5 juillet ? Que pensent les autorités de l’éducation sur le statut des enseignants du privé quelque peu laissés pour compte ?
Enfin, le vrai problème de ce programme de rattrapage est l’annulation des compositions du deuxième trimestre pour glaner quelques jours par-ci, par-là. Une année sans véritable évaluation, est suffisamment une année bâclée, pédagogiquement, qui va à l’encontre des mesures prises depuis un ou deux ans, qui mettaient l’accent particulier sur les évaluations et les titres de cours. Avec ce programme de rattrapage-TGV, il est peu probable que des enseignants, en grande partie, prennent le temps d’aller en profondeur dans les explications ; et si les compositions sont annulées, par-dessus le plancher, cette année scolaire sera une année très tirée par les cheveux, par la moustache, par la royale, barbe, en un mot, par tous les autres poils du visage. Dommage pour les promotions des classes d’examen.