Poursuivi pour «abus d’autorité», le général Mathurin Bangoura a brillé par son absence le lundi 21 janvier au TPI (Tribunal de Première Instance) de Kaloum. Contrairement à l’audience précédente, l’avocat du général Mathurin a accepté cette fois de répondre aux questions des journalistes.
Renvoyé à la quinzaine pour la poursuite des débats, la production des pièces justificatives motivant la décision d’interdiction de la manifestation des FSG (Forces Sociales de Guinée), Me Sékou Kétouré, l’avocat de la défense, n’y voit aucun problème avec ce report.
«Je me remets à la sagesse du Tribunal qui a demandé la comparution de mon client alors qu’il ne devrait pas comparaître. Tout est parti du début de cette affaire. Pour nous, le gouverneur n’a pas été cité régulièrement en personne. D’ailleurs comme le dit la loi, pour le faire comparaitre, l’huissier devait aller lui signifier son acte à son domicile privé. Mais l’huissier a préféré aller lui signifier son acte dans son domicile administratif. Le Tribunal a rejeté notre l’exception que nous avons soulevée à cet effet. Il a ordonné la comparution du gouverneur qui ne devait même pas comparaitre pour la simple raison que la citation qui lui a été délivrée n’a pas été délivrée en sa personne. Le général est poursuivi pour abus d’autorité. Si le gouverneur était présent dans la salle aujourd’hui, je lui poserai la question pour savoir que s’il n’était pas gouverneur, est-ce qu’il aurait pris cette décision d’interdiction ? Dans quinze jours, il sera là, les raisons de son absence n’est pas importante. C’est la personne du gouverneur qui est poursuivie et non en tant que gouverneur de Conakry. C’est un sérieux problème…», a-t-il expliqué.
Pour sa part, l’avocat de la partie civile, Me. Salifou Béavogui a déclaré que de toutes les façons, une décision sera rendue dans ce dossier.
«Je suis animé aujourd’hui par un sentiment de frustration de voir ce dossier indéfiniment renvoyé pour absence du prévenu. Le gouverneur de la ville de Conakry n’est pas venu à la barre aujourd’hui alors que c’est lui-même qui a opté pour le renvoi de l’affaire à aujourd’hui. Le report a été contradictoirement obtenu pour donner une chance au Procureur de produire les pièces dont il a avait fait état à l’audience précédente. Aujourd’hui, il a brillé par son absence et il n’a présenté aucune excuse. Ce qui est grave, c’est le procureur comme d’habitude d’ailleurs qui demande un renvoi en sa faveur. C’est la quatrième fois que le dossier a été renvoyé à la demande du procureur alors qu’il n’est pas l’avocat du prévenu. Le dossier commence à prendre du temps parce qu’aujourd’hui, cela fait six mois que nous sommes sur cette affaire. Nous sommes en matière citation directe. De toute façon, il faut maintenant qu’une décision intervienne. Malgré mon opposition au renvoi du dossier, le juge l’a renvoyé à la quinzaine…Nous n’allons pas nous laisser intimider, abasourdi ou encore nous éloigner de cette affaire. Nous défendons une cause légale et républicaine. Le procès va prendre le temps qu’il prendra, une décision interviendra de toutes les façons. Il n’appartient pas au tribunal de conformer son calendrier au programme du prévenu quel que soit son rang», a-t-il déploré.