Interpellé par la société civile concernant les dossiers relatifs à la corruption et au marché gré à gré, le président Alpha Condé a demandé des preuves. Lors de sa rencontre avec les opérateurs économiques, il a eu un cas précis. Il s’agit d’un marché de rénovation des bâtiments du budget et des impôts et des maisons privées.
L’entrepreneur s’appelle Ousmane Daddy Camara. Il évolue dans les BTP (bâtiments et travaux publics). Sollicité par les responsables des impôts et du budget, l’homme a rénové le siège de leur bâtiment administratif et leur résidence privée respective. A la dernière minute, il a été convoqué par le secrétariat chargé de la lutte contre la drogue et des crimes organisés, à la demande des impôts, pour non- paiement des impôts de nombreux marchés octroyés par l’État.
Extrait de l’entretien avec le chef de l’État.
Ousmane Daddy Camara : Comprenez qu’il est très difficile de s’exprimer devant vous. Il y a mon jeune âge. Mais je souhaiterais m’exprimer, m’adresser à mon père biologique avec votre permission parce que je suis jeune. Excusez-moi de ce que je vais dire. Ça peut ne pas plaire à tout le monde. Monsieur le président, l’entrepreneur guinéen souffre. C’est ça la vérité. Peut-être les gros patrons, qui sont là n’ont pas de problèmes mais nous, on l’a. Surtout avec votre administration. Surtout avec votre administration, dis-je. Dès fois, on se pose la question : l’équipe qui est autour de vous quand elle fait le choix parfois, ils font le choix technique mais est-ce qu’ils font une enquête de moralité pour connaître si celui qui a ce diplôme a cette valeur morale et sociale ? Parce que moi, personnellement, j’ai eu un exemple avec votre ministre du budget, votre directeur national des impôts et votre directeur national adjoint. J’ai travaillé pour ces trois personnes. J’ai fait la rénovation des bâtiments des impôts et de toute leur maison.
Alpha Condé : Attendez ! Maison de l’État ou maison privée ?
Ousmane Daddy Camara : Président, maison privée.
Alpha Condé : Vous dites maison privée ?
Ousmane Daddy Camara : Oui, président maison privée.
Alpha Condé : Donc, c’est un contrat avec le ministre en tant que privé ?
Ousmane Daddy Camara : Qu’est-ce que je veux dire par là ?
Alpha Condé : Donc, en tant que privé ?
Ousmane Daddy Camara : Qu’est-ce que je veux dire par là président ? Il faut une confiance entre l’administration et le secteur privé ? Ce n’est pas tout ce qui est lié à un document, quand vous avez une confiance avec les gens, surtout nous les jeunes, on est pragmatique. Vous faites le travail. J’ai fait la rénovation des bâtiments des impôts. J’ai fait la rénovation de toutes leurs maisons, du ministre au directeur.
Alpha Condé : Non, pardon, soyez précis. Vous avez fait la rénovation des bâtiments des impôts de l’État.
Ousmane Daddy Camara : Des bâtiments des impôts de l’État…Moi, j’ai eu confiance à ces hommes et j’ai travaillé pour eux. J’ai eu confiance en eux parce que j’ai eu confiance au président de la république le premier…
Alpha Condé : Est-ce que quand vous avez rénové ces bâtiments, vous avez eu un contrat avec les impôts ?
Ousmane Daddy Camara : Merci, monsieur le président, je n’avais pas des contrats écrits, oui, mais il est important qu’on est confiance l’un à l’autre. Sinon, je connais bien ce domaine.
Alpha Condé : Non, pardon, s’il vous plaît Daddy, on ne peut pas travailler avec l’État sans un contrat.
Ousmane Daddy Camara : Malheureusement, pour moi.
Alpha Condé : Pardon, quand on doit rénover un bâtiment, le principe est de faire un appel d’offres. On passe par l’appel d’offres.
Ousmane Daddy Camara : Monsieur le président, j’ai eu des documents de livraison. Comme j’ai vu que la situation commençait à me dépasser, ils avaient les matériels de construction. Je leur ai dit de me donner un document, qui justifie que j’ai effectué les travaux chez eux. Pourquoi je parle de ce problème ? C’est parce que pas plus tard qu’hier, moi j’étais convoqué chez Tiégboro Camara. A mon arrivée, ils m’ont montré des documents que j’ai eu un contrat de trois milliards et quelques au ministère de l’action sociale sans payer les impôts, que j’ai un contrat de huit milliards et quelques à Siguiri sans payer les impôts, que j’ai un contrat de trois milliards aux impôts sans payer les impôts. J’ai dit qu’à l’action sociale, j’ai eu un contrat d’un milliard 213 millions, monsieur le président. Mais depuis avril 2015, jusqu’à nos jours, je n’ai pas un centime. Les travaux sont complètement finis. J’ai effectué des travaux aux impôts. Jusqu’à présent, ils n’ont pas fini de me payer. Dès fois, ils me payent cinq millions sur deux milliards 235 millions. Dès fois, ils me payent dix millions.
Alpha Condé : Je pense que nous avons noté, on vérifiera.
Ousmane Daddy Camara : Merci, monsieur le président.