La tension est de nouveau montée d’un cran entre le pouvoir et les forces vives. Et la manifestation annoncée pour le 20 mars semble dorénavant inexorable, à l’allure où va le train. Les forces vives ayant opté pour le refus systématique de rompre le pain avec la junte, tant que M. Abdoul Sacko, activiste de la société civile serait sous les fourches caudines de la justice.Le conclave devant réunir le Premier ministre, chef du gouvernement et les forces vives de Guinée, sous l’égide des chefs religieux, ce jeudi, au centre islamique de Donka, s’est soldé par un flop. Les vis-à-vis du Dr Bernard Goumou ayant jugé inopportun de répondre à l’invitation de la junte. Pendant que l’épée de Damoclès judiciaire continue de planer au-dessus de la tête de M. Abdoul Sacko. Mettant ainsi en doute la « bonne foi » des autorités de la transition, qui rechigneraient à accéder au préalable relatif à la mise sous le boisseau, des ennuis judiciaires de cet activiste de la société civile. Et dont le sort constitue une question préjudicielle, à laquelle les forces vives attendent une réponse, avant de prendre part aux négociations entamées avec le gouvernement.
Face à cette absence des représentants des forces vives à la rencontre de ce jeudi, le Premier ministre Dr Bernard Goumou est sorti de son flegme. En disant ne pas comprendre l’attitude du camp adverse, qui a brillé par son absence à ce rendez-vous, censé pourtant contribuer à aplanir leurs divergences.
Pour Dr Bernard Goumou, les préalables et les questions de fond se discutent autour de la table, et non en dehors.
Il a profité de cette déclaration succincte devant la presse, pour révéler que son gouvernement avait bel et bien lui aussi des réserves à faire, dans le cadre de cette concertation. Et que les facilitateurs, notamment les leaders religieux avaient d’ailleurs été mis au parfum de la position de la junte.
Mais que les déballages devraient se faire autour de la table. Cartes sur table. Dr Bernard Goumou a mis sa réaction à profit pour pointer du doigt la « mauvaise foi » des forces vives.
Une sortie qualifiée de corrosive par certains observateurs, qui ont l’air hébétés par ce changement de ton de la part de celui qui faisait jusque-là office de colombe au sein du pouvoir.
Ces observateurs pensent que les propos du Premier ministre pourraient émousser les ardeurs des missi dominici que sont les religieux. Tout en mettant en rogne les forces vives. Celles-ci n’ont pas tardé d’ailleurs à se fendre d’une déclaration, fixant l’itinéraire de la manifestation du 20 mars.
Le Premier ministre a toutefois précisé que les portes du gouvernement restaient grandement ouvertes. Un clin d’œil envoyé aux forces vives, au cas où elles revenaient à de meilleurs sentiments.
En attendant, les pourparlers piétinent sur fond de surenchères successives.
En tout état de cause, cet épilogue en queue de poisson de cette concertation mort-née n’a rien de surprenant dans ce jeu de dupes.