Depuis l’installation officielle de la nouvelle assemblée nationale non reconnue par la communauté internationale par l’entremise des élections décriées et boycottées par l’opposition républicaine le 22 mars dernier, les rumeurs d’un remaniement ministériel circulent dans la cité. Dans cette optique, plusieurs barons du régime et autres ministres sulfureux, multiplient les intrigues du Palais, soit pour conserver leur portefeuille ou pour jouer les chasseurs de tête, le tout sur fond de délation.
Ces barrons et ministres sulfureux qui ont gagné les législatives du 22 mars dernier sans enjeu ni efforts veulent faire croire au chef de l’Etat que la lutte pour la présidentielle de 2020 ne pourra se passer sans leur soutien. D’où la nécessité pour le président de les maintenir au gouvernement ! Les mêmes ministres convaincus d’avoir des bases « solides » mais en réalité argileuses dans les circonscriptions gagnées sans adversaire prétendent maintenant tenir tête à un retour hypothétique de l’opposition plurielle et républicaine en 2020 sans sourciller !
Sous le regard plein d’aménité d’un président de la République dont la seule préoccupation est de garder les manettes, à la faveur de son projet de trosième mandat. Pour sauter le pas, il a bien sûr grand besoin de renforcer sa base au Foutah et en Guinée Forestière, deux régions, jusque-là demeurées non acquises à sa tentation.
Le président Alpha Condé, prêt au sacrifice ultime pour assouvir ses ambitions
Dans les conditions normales, le mandat du président Alpha Condé finira avant octobre 2020, mois durant lequel une nouvelle élection présidentielle doit être organisée. Déjà, fort de sa nouvelle constitution, qu’il a fait adopter par voie référendaire et qu’il a lui-même promulguée non sans tôlé, les compteurs sont remis à zéro. Ce qui lui donne la possibilité de renouveler son bail !
Certes, pour l’instant, le président de la République continue de dire que c’est le RPG-arc-en-ciel ou le peuple qui décidera s’il sera candidat ou pas à la présidentielle de 2020, mais en réalité les dés sont déjà jetés.
Ainsi, pour y arriver, selon plusieurs sources proches de Sekoutoureya, le chef de l’Etat s’apprêterait à mettre en place un nouveau gouvernement dans le seul but de gagner la future présidentielle. Et il veut aller très vite ! À cet effet, il miserait sur des vrais « soldats » et « guerriers » champions en propagandes politiques et capables de mouiller le maillot pour lui, en vue de pérenniser son pouvoir sur une Guinée à la croisée des chemins. Il est donc dans son domaine de prédilection en ce moment : calculs politiques en vue de la formation de son futur gouvernement. Prêt au sacrifice ultime pour assouvir ses ambitions.
Parmi les ministres actuels, nos sources rapportent qu’il y aurait au moins cinq partants, en précisant que d’autres plus téméraires pourraient changer de département pour se retrouver à la tête de ceux beaucoup plus juteux et prestigieux. Mais rien n’est moins sûr !
Dans de nombreux milieux diplomatiques, Alpha Condé dit haut et fort que c’est incompréhensible que ses prédécesseurs fassent 26 ans et 24 ans au pouvoir, respectivement, et que lui n’en fasse que 10 ans avant de partir. Accusant chaque fois la période d’Ebola 2016-2018 et les manifestations politiques de l’avoir empêché de gouverner et développer le pays, l’ancien étudiant de la Sorbonne et farouche opposant des régimes défunts estime qu’il lui faudrait rattraper le temps perdu pour parvenir à ses fins : régner sur la Guinée jusqu’à sa mort ! C’est pourquoi, avec le même modus operandi que son prédécesseur et presque les mêmes acteurs politiques mais de tendances différentes, il tente le forcing.
Les « soldats » et « guerriers » dont le président a besoin pour le futur pourront-ils réellement mouiller le maillot en octobre prochain si déjà, toutes leurs sueurs tombent dans le seul but de se maintenir à leur poste même sans résultats tangibles, visibles et mesurables nonobstant les échéances à venir ?
L’opposition déjà muselée et hésitante est face au dilemme cornélien : organiser ou pas les manifestations de rue en cette période de coronavirus ? Avec une population lassée par la souffrance, l’opposition aura du mal à mobiliser des bras et biceps pour faire tomber le régime.
Les risques de représailles sont énormes et périlleux pouvant être émaillées de morts comme c’est toujours le cas en pareilles circonstances. Quand on sait que le régime n’hésite pas à user la répression contre ses citoyens, pour assurer sa survie.
Face à l’apathie de la population, on est face à une société société civile moribonde et des syndicats divisés et affaiblis par le pouvoir de Conakry.
A l’allure où vont les choses, tout porterait à croire qu’en dépit des menaces de l’opposition, le boulevard est largement ouvert à Alpha Condé vers une présidence à vie.
Toutefois, étant donné que tout peuple est imprévisible et sa colère tardive, rien n’interdit de penser que son déchaînement pourrait être dévastateur et catastrophique.
Au regard de tout ce mélimélo, tout porte donc à croire que nous nous acheminons vers une présidentielle assez mouvementée.