Le manque d’accès aux services d’approvisionnement en Eau, d’Assainissement et d’Hygiène (EAH) a de graves conséquences sur la survie et le bien-être des enfants. D’après une analyse1 de l’UNICEF, 190 millions d’enfants vivant dans 10 pays africains courent des risques extrêmement élevés en raison de la convergence de trois menaces liées à l’eau : l’inadéquation des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) ; les maladies résultant de cette situation ; et les aléas climatiques.
C’est au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger, au Nigeria, en Somalie et au Tchad que cette triple menace s’avère la plus grave, l’Afrique de l’Ouest et centrale étant l’une des régions du monde les plus marquées par l’insécurité hydrique et les changements climatiques. Dans ces 10 pays à haut risque, près d’un tiers des enfants n’ont pas accès au moins à des installations de base d’approvisionnement en eau dans leur foyer, et les deux tiers ne disposent pas de services de base en matière d’assainissement. Un quart des enfants n’ont pas d’autre choix que de pratiquer la défécation à l’air libre. L’hygiène des mains est également limitée, les trois-quarts des enfants n’étant pas en mesure de se les laver en raison de l’absence d’eau et de savon dans leur foyer. En conséquence, ces pays enregistrent le taux le plus élevé de mortalité infantile due à des maladies provoquées par des services EAH inadéquats, telles que la diarrhée.
En Guinée, 64 % des familles au niveau national (50,7 % des foyers vivant en milieu rural) ont accès à un service d’eau élémentaire (source d’eau améliorée avec un temps de collecte de 30 minutes maximum). Pourtant, l’accès à l’eau est vital. De nombreuses familles et structures de santé guinéennes sont confrontées à de grandes difficultés pour avoir accès à cette ressource.
Avant l’arrivée d’une adduction d’eau dans le village de N’Doukka situé dans la commune rurale de Dara-Labé, les femmes du village parcouraient un long trajet pour pouvoir s’approvisionner en eau. Fatoumata, maman de 4 enfants, explique que pour avoir de l’eau, elle devait parcourir 1 kilomètre à pied en gravissant une colline. Elle précise que la qualité de l’eau était parfois insalubre. « Je puisais l’eau en jetant le bidon vide en bas de la source, et puis une fois plein, je le tirais. Je fessais la corvée d’eau le matin de 7 heures à 9 heures et je ne pouvais faire que 2 trajets. Pendant la saison hivernale, les eaux de pluies passaient aussi par cette source donc nos enfants étaient malades. Ils avaient des maux de ventre, nous les amenions souvent au centre de santé. » Cette adduction d’eau a amélioré significativement la santé des enfants et a permis de renforcer l’hygiène dans les ménages. « Avant l’adduction d’eau, beaucoup d’enfants tombaient malades. J’orientai environ 10 à 15 enfants par mois au centre de santé pour leur prise en charge, le nombre a baissé. Il faut aussi noter l’amélioration de l’hygiène dans les toilettes des familles » explique Koumba Diouma Diallo, Relais Communautaire de Madina N’Diré.
La qualité et le manque d’eau entraînent des problèmes d’hygiène et des conditions de travail difficiles dans de nombreuses structures de santé en Guinée. « Les sage-femmes, les infirmiers et infirmières se bagarraient avec les citoyens à cause de l’eau. Ils trouvaient de longues files d’attente aux robinets. Pendant ce temps au centre de santé, les femmes étaient en travail dans la salle d’accouchement et nous n’avions pas d’eau. Comment nettoyer sans eau ? Il nous fallait attendre le retour du personnel et nettoyer parcimonieusement », raconte Bangaly Condé, Chef du centre de santé urbain de Senkéfara situé dans un quartier périphérique de la ville de Kankan.
Dans cette zone géographique, il n’y a qu’un seul centre de santé qui offre des soins à la population. Mise en service en 2003, la structure sanitaire manquait d’eau potable pour assurer les soins de santé nécessaires aux patients. Grâce au système d’adduction d’eau potable réalisé en 2022, chaque service du centre de santé bénéficie maintenant d’un robinet avec de l’eau potable. Cette mini adduction d’eau permet aussi aux riverains du quartier d’avoir accès à l’eau potable grâce aux bornes fontaines installées devant la cour du centre. Aminata Doumbouya, résidente de Senkéfara, explique qu’avant les habitants parcouraient des kilomètres pour trouver de l’eau. « C’était une grande corvée pour nous, les forages dans le quartier sont tous hors service. S’il n’y a pas d’eau facilement accessible, ce sont nous les femmes qui souffrons, car c’est nous qui sortons pour aller chercher l’eau. Nos enfants peuvent maintenant boire de l’eau potable ».
L’UNICEF, grâce soutien financier entre autres de la Banque mondiale, du Gouvernement du Japon et du Fonds américain pour l’UNICEF, appui le gouvernement de la Guinée pour que chaque guinéenne et guinéen, et notamment les enfants, puissent avoir accès à de l’eau potable et à des services d’assainissement afin d’atteindre l’Objectif de Développement Durable n° 6 d’ici 2030. L’UNICEF appelle à protéger les enfants en continuant à investir en faveur de services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) résilients aux changements climatiques.
En 2022, l’UNICEF en Guinée a permis à plus de 71 000 personnes d’avoir un accès durable à l’eau potable, notamment à travers la réalisation de 34 systèmes d’adduction d’eau à énergie solaire et 44 forages, ainsi que la réhabilitation de points d’eau dans les régions administratives de Kindia, Kankan, Labé, N’Zérékoré et Mamou. En plus, 39 705 élèves dont 18 461 filles de 93 écoles ont bénéficié d’un accès à une eau de qualité et/ou des infrastructures d’hygiène et d’assainissement.