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Réduction du train de vie de l’Etat : Remake d’une disposition déjà prise, jamais aboutie en Guinée

Les négociations gouvernement-syndicats-patronat pour la gestion de la crise résultant de la hausse du prix du carburant achoppent, entre autres, sur l’unicité d’un ordre de jour. Les syndicats exigent un retour à l’ancien tarif et le gouvernement se focalise sur des mesures d’accompagnement à initier pour atténuer les conséquences de l’augmentation, déjà effective.

D’ici qu’une issue ne soit trouvée, il convient d’explorer des pistes de solutions à mettre en œuvre pour permettre à l’Etat de faire des économies substantielles dont les montants pourront être reversés dans des secteurs porteurs de croissance. Toutes choses qui atténuent les contraintes que l’augmentation a induites sur les populations.

Garer les véhicules après les heures de service

Au rang de ces mesures, figure en bonne place la gestion rationnelle du parc automobile administratif. Nombreux sont ceux qui ont déjà évoqué le sujet en proposant de réduire les coûts d’entretien des véhicules, et même leur revente au profit d’autres, moins onéreux en termes de prix de revient et de charges d’exploitation.

Nous irons plus loin pour dire que même si ces alternatives étaient avalisées, l’on pourrait faire mieux en décidant de garer systématiquement tous les véhicules administratifs après les heures de service. Comme ça, après le travail, chacun emprunterait ses moyens propres pour rejoindre son domicile, jusqu’au lendemain. Ne serait-ce que pendant les week-ends et jours fériés, dans un premier temps.

Comme le diront certains : On a dit véhicule de service et bien, qu’il en soit ainsi!

Une idée difficile à faire aboutir 

Que voilà, une idée saugrenue ! Va-t-on rétorquer à la ronde. Qui va étonner plus d’un. Elle peut même heurter, choquer, horripiler certains. En parler, quand on n’appartient pas à la catégorie bien heureuse des ‘‘dotés’’, peut même être associé à l’envie et la jalousie de celui qui veut compromettre les avantages accordés à d’autres. Que nenni !

Nonobstant toutes ces réactions, il convient d’admettre que cette option vaut d’être prise en compte. Il en va ainsi dans maints pays, pour ne pas dire partout. Sa mise en œuvre s’est toujours avérée fondée, utile et payante.

En rappel, deux hautes personnalités de notre pays, en l’occurrence, messieurs Sidya Touré et Fodé Bangoura ont tenté chacun, sous l’autorité du général Lansana Conté, de la mettre en œuvre. En vain !

Aussitôt l’idée émise, c’est un niet catégorique qui a fusé de partout. Considérée à la limite comme une «illumination de martiens», cette initiative ne pouvait rencontrer qu’incompréhension, résistance, mépris et pour finir, un rejet systématique. C’est comme si ces deux personnalités avaient pêché.

La mesure ou sa tentative n’a connu aucun début d’accompagnement. Aucune   communication, ni aucune publicité n’a été faite autour. L’entrave a dû fonctionner à l’interne, ‘‘entre grands’’ !

Mais, c’est connu, on ne dérange pas allègrement un vieil ordre établi, aussi ‘‘doux à consommer’’.

Il est sans doute aisé de comprendre les motivations de tous ceux là qui s’insurgent. Ils sont dotés de moyens de locomotion et estiment que cela reste un acquis absolu qui est même passé dans les traditions de notre administration.

L’Etat, pour son fonctionnement et son prestige, reste un gros importateur de véhicules haut de gamme, sortis d’usine et à injection électronique. Parmi ces véhicules de tous genres et marques figurent des V8, grosses cylindrées à la réputation bien établie de ‘‘gourmandes’’ en carburant, lubrifiant et pièces de rechange.

L’on note la tendance à faire souvent passer le confort et le snobisme avant l’économie, la fiabilité et l’acclimatation des véhicules.

Quid des charges pour l’Etat

Cependant, la question occultée, sans doute à dessein, est de savoir combien l’Etat engloutit-il de moyens financiers pour faire rouler tous ces véhicules, au demeurant, fort coûteux à l’achat et très exigeants à l’usage et à l’entretien.

Les gestionnaires des rubriques financières y afférant, dans les institutions, départements, et services concernés, le savent parfaitement. Ce sont des milliards, c’est énorme !

L’image et l’efficacité ne se mesurent pas à l’échelle des cylindrées

 Il convient de rappeler qu’on peut incarner l’Etat, même… à pieds !

Des  exemples existent pour illustrer cette affirmation. On dira que c’est du passé, mais évoquons le quand même : le Burkina de Thomas Sankara avait doté ses ministres de modestes voitures de marque française, accessibles au citoyen lambda. Dans les pays nordiques, comme la Suède, mais en France également et ailleurs,  il n’est pas surprenant de voir des ministres à vélo ou sur cyclomoteur. Certains s’en sont même servent quelquefois pour arriver au conseil des ministres ou à des passations de charges.

Cela ne réduit en rien leur prestige ou leur efficience, bien au contraire !

Ils restent  performants,  grandissent en respect, estime et considération de la part de leurs citoyens qui ont foi en leur Etat, dont les représentants sont proches d’eux.

Dans toutes les strates socioprofessionnelles, les exemples foisonnent qui illustrent cette affirmation.

La réalité de l’agent à cheval ou à pieds existe bien sans jamais signifier une réduction de statut pour lui. Il reste toujours aussi capable et légitime que ses homologues à moto ou en voiture.

Comme quoi,  grandeur ou responsabilité peut bien s’accommoder de simplicité !

Des économies sont possibles

Une limitation, si petite soit-elle, de la mobilité des véhicules administratifs permettrait une économie substantielle en termes de carburants, lubrifiants, pièces de rechange et réparations. Ces montants pourraient être orientés vers d’autres objectifs à incidence et traçabilité plus lisibles et plus utiles pour le pays.

L’exploitation outrancière des véhicules administratifs

L’on est atterré de voir ce qu’on fait subir à ces moyens partout où ils sont affectés. Des véhicules de l’Etat se retrouvent, à titre privé, sur la route du marché ou sinon en voyage. Ils sont utilisés pour transporter tous types de  bagages,  jusqu’aux  matériaux de construction. Ils sont de toutes les sorties, des plus ordinaires aux plus intimes. Certaines pratiques sont si flagrantes et ostentatoires qu’elles évoquent l’abus de biens sociaux.

Il n’est pas rare de voir des chauffeurs, tenus de garder la fraicheur indispensable au confort du patron, attendre longtemps ce dernier, moteur tournant, climatiseur lancé.

En plus, se greffe à cet usage outré, une pratique qui contribue à user ou détruire prématurément un grand nombre de ces moyens. C’est le népotisme avéré dans le recrutement des chauffeurs. La plupart des cadres dotés en véhicules administratifs choisissent pour les conduire, des parents et autres protégés ou recommandés. Bien souvent, ces derniers  ne remplissent pas les critères qu’exige la fonction. Ainsi sont-ils à l’origine de nombreux accidents et pannes dont on aurait pu faire l’économie avec des chauffeurs professionnels bien formés et engagés à la régulière, à partir des garages du gouvernement ou de toute autre voie requise.

Une autre attitude consiste à s’aménager une chance d’obtenir une réforme du véhicule. L’administration a l’habitude de se défaire de son matériel roulant déclaré amorti, après quelques années d’usage. L’astuce est donc toute trouvée pour celui qui rêve de devenir propriétaire d’un véhicule recyclé, encore utilisable. Il suffit de mal l’entretenir, de déclarer une panne irréparable, de le mettre sur cale, ou d’en faire une épave simulée pour s’assurer du quitus de la commission d’évaluation.

Conditions pour une bonne utilisation des véhicules administratifs

N’importe  qui ne peut pas conduire un véhicule de l’Etat.

Il y a une éthique et des règles strictes qui s’attachent à cette fonction. Une exemplarité et un professionnalisme à toutes épreuves sont requis pour sauvegarder les moyens et garantir une bonne image de l’administration, en toutes circonstances.

Tout manquement à ce principe en rajoute aux charges initiales déjà considérables. Des situations, évitables au demeurant, surviennent parce qu’on n’a pas réagi comme il fallait dans la gestion du parc à disposition.

Cela conduit à réparer ou remplacer des véhicules accidentés, mais aussi, bien souvent, à dépanner d’autres qui sont immobilisés pour des ennuis mécaniques résultant d’une mauvaise utilisation.

Quelques pistes de solutions

Dans une perspective visant à améliorer ce secteur d’exploitation des véhicules administratifs, il serait utile d’envisager l’élargissement des prérogatives des Garages du  Gouvernement pour une meilleure prise en charge du parc automobile en exploitation dans les institutions républicaines, les ministères et services publics.

 Ainsi, en ces lieux, on construirait des infrastructures adéquates devant servir à garer les véhicules après les heures de travail.  Parallèlement, on se préoccuperait tout autant de la formation continue des chauffeurs en activité.

Il serait également utile de mettre en place une structure spécialisée qui donnerait son avis sur toute commande d’engins roulants. Pour éviter les éventuels écueils sur le marché qui font acheter à grands frais des véhicules, pas toujours adaptés à notre contexte routier ou notre climat ambiant.

Deux autres gaps sont à surmonter dans la préservation du parc automobile de l’Etat. Tenant compte du fait que tous les véhicules, surtout ministériels, sont à injection, certains même au stade électronique le plus abouti, il est indispensable de former conséquemment les mécaniciens qui ont charge d’assurer leur entretien et réparation.

 A défaut, toute anomalie qui survient dans le fonctionnement d’un de ces véhicules peut s’avérer «mortelle», si on fait intervenir un dépanneur non initié à la prise en charge de ces modèles, récents et à technologie très avancée.

Une autre disposition pourrait être corrigée et rapidement mise en œuvre. Il s’agit d’assurer tous les véhicules administratifs. Ce qui n’est pas encore le cas jusqu’à maintenant. Pourtant, chaque année, bien de véhicules officiels sont impliqués dans des accidents.

Et toutes les fois que les procédures de constat ont conclu à la responsabilité d’un conducteur de ces dits véhicules, c’est l’Etat qui s’est toujours engagé. Il a fallu réparer les préjudices corporels et matériels causés aux tiers. Et c’est  l’argent public qui a été décaissé.

Dans un souci d’économie, mais aussi de coercition et d’incitation à la prudence, l’Etat pourrait, s’il maintient sa décision de ne pas assurer ses véhicules, exiger que les attributaires le fassent à sa place.

Ainsi, en cas d’accident, c’est au responsable du véhicule en cause qu’il va désormais  échoir, s’il n’a pas voulu s’assurer entretemps, de prendre en charge, à titre personnel, toutes les conséquences qui en résultent.

Ces quelques approches vont assurément permettre à l’Etat de faire de substantielles économies à mettre dans  son escarcelle, au profit des citoyens.

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