Conakry qui réalise 27% de la richesse de la Guinée, reste pourtant l’un des obstacles à la réduction de la pauvreté dans le pays. En cause, une fragmentation urbaine associée à une faible accessibilité aux infrastructures qui empêche la capitale de jouer pleinement son rôle de moteur de croissance. C’est du moins l’un des enseignements qui ressort d’un rapport de la Banque Mondiale sur l’urbanisation en Afrique de l’Ouest.
Conakry partage cette réalité avec les capitales du Mali (Bamako) et du Niger (Niamey). Des villes qui ont pourtant connu une croissance rapide de la population urbaine entre 2000 et 2015. Durant cette période, la Guinée a enregistré un taux de croissance urbaine de 3,3%. D’ailleurs, on estime que jusqu’en 2030, les zones urbaines en Guinée accueilleront 150 000 résidents chaque année. Cependant, Conakry tout comme les autres villes, n’est pas suffisamment préparée pour absorber les migrants dont la plupart sont issues de l’exode rural.
Si Conakry, Bamako et Niamey font face à un défi « urgent » de l’urbanisation, c’est parce que «les villes connaissant une fragmentation urbaine tendent à limiter les opportunités d’interaction, ce qui accroît le coût de la fourniture d’infrastructures et de services urbains». «Ces villes ne parviennent donc pas à tirer profit des avantages généralement liés à la croissance urbaine », poursuit Soukeyna Kane, directrice des opérations de la Banque Mondiale au Tchad, en Guinée, au Mali et au Niger.
De fait, indique le rapport, le niveau élevé de la fragmentation urbaine à Conakry, mais aussi à Bamako, entrave la productivité en limitant les opportunités de rapprochement entre les personnes et les emplois correspondants, et la qualité de vie en faisant grimper les coûts de l’infrastructure urbaine et de la prestation de services.
Concernant Conakry, la situation géographique de la ville y est pour quelque chose. Le rapport titré « Les défis de l’urbanisation en Afrique de l’Ouest », souligne que la ville reste fortement soumise aux contraintes de sa situation géographique, sur la presqu’île de Kaloum, ce qui la conduit à une expansion linéaire, avec une forte concentration à l’extrême pointe de la péninsule.
Pour devenir des moteurs de croissance et de prestation de service, Conakry et les deux autres capitales ouest-africaines doivent se focaliser sur leur urbanisme et leur organisation spatiale. Cependant, les trois villes « souffrent de marchés fonciers inefficaces, qui ont entrainé un développement humain anarchique conduisant à des investissements dans des bâtiments et infrastructures éloignés des zones centrales. L’insuffisance des investissements en réseau d’infrastructures rentables, y compris les infrastructures de transport et les services publics, a aggravé les problèmes d’accessibilité urbaine. De plus, les institutions chargées de la planification urbaine au niveau local sont également faibles, et les administrations municipales ont des mandats restreints et ne contrôlent pas les recettes permettant de financer les dépenses pour leur développement.»
Pour que Conakry réussisse à relever les défis de son urbanisation, la Banque Mondiale préconise de donner la priorité à une meilleure connectivité entre le centre-ville et sa périphérie.