Le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile est sorti ce matin de sa réserve pour expliquer aux populations guinéennes les réalités de son département et les efforts fournis depuis son arrivée. Bachir Diallo, a évoqué ses rapports avec ses collaborateurs, l’épineux problème des passeports
Interrogé sur ses rapports souvent jugés tumultueux avec ses collaborateurs, le ministre de la Sécurité a informé que tout est désormais rentré dans l’ordre : «…Lorsqu’on vous nomme à la tête d’un département comme la Sécurité, vous avez besoin de trois ressources. Les ressources financières, les ressources matérielles et les ressources humaines. Mais parmi toutes ces trois ressources, la plus importante c’est la ressource humaine. Lorsque j’ai été nommé à la tête de ce département, j’ai cherché à voir les meilleurs collaborateurs. Parmi les meilleurs, c’étaient le secrétaire général et le chef de cabinet que je n’avais jamais connu auparavant. Je me suis posé des questions, on m’a dit il y a un monsieur qui a déjà servi ici en tant que chef de cabinet… Je l’ai appelé et je lui ai dit j’aimerais travailler avec lui, que ça soit chef de cabinet ou secrétaire général…Il m’a apporté son CV que j’ai présenté à qui de droit. Dès que le président de la transition a vu, il m’a dit, mais emmenez-le ! Ils ont été nommés tout de suite. Le secrétaire général, c’est un jeune qui déborde d’énergie qu’il faut canaliser. Et il appartient au ministre de le faire. Parfois il en exagère…Un jour il est venu , et unilatéralement il est allé occuper le bureau du chef de cabinet. Je dis mais venez occuper le bureau le plus proche du ministre ! Vous savez, jusqu’à mon arrivée le bureau du chef de cabinet était dans un autre bâtiment. Il a refusé systématiquement. La loi 025, dit que le secrétaire général et le chef de cabinet et son chargé de la coordination et les directions dépendent du ministre. Eux ils ont décidé que les directeurs dépendent d’eux.. Dans ce cas, qu’est ce qui reste au ministre ? Il ne reste qu’à plier les bagages et s’en aller ! J’ai dit messieurs ne confondez pas et direction. Insistance, insistance…Dans la foulée il m’a demandé qu’il ait une réunion supplémentaire en dehors des réunions de cabinet et de directions. J’ai dit non. Cette réunion n’est pas réglementaire. Si vous avez des coordinateurs ou de deux et trois directeurs, faite les venir et entretenez-les. Non unilatéralement, il convoque une réunion de directeurs. Il vient à mon bureau, et il me dit : Mr le ministre, j’ai convoqué une rencontre technique. J’ai dit non. Il a insisté et après il me dit qu’il va aller leur dire que la réunion n’aura pas lieu. Il quitte mon bureau il va faire la réunion. Je devais rencontrer une délégation dans la même salle et je le trouve. J’ai dit Mr, qu’est-ce-que je vous avais dit ? Rompez les rangs ! Ils sont sortis de la salle. C’est ce qui a été interprété. En tant que ministre, je sais, j’ai un parcours professionnel et parcours scolaire et estudiantin qui me permettait d’avoir ce contrôle et d’agir en tant que ministre ! C’est des jeunes qu’il faut canaliser, il faut écouter chacun et donner la chance à tout bun chacun !
C’est votre nature d’être chaud ? Parce qu’on apprend qu’entre vous et le directeur de la police, c’est le froid… On a aussi appris que vous aviez rabroué le directeur de l’école de police…
« Je vais vous dire ceci. Les gens n’aiment pas la vérité.. Vous ne pouvez pas construire un Etat si vous passez à côté de la vérité. Vous ne pouvez pas construire un Etat et vous caresser les gens dans le sens du poil. Aujourd’hui on est dans une nouvelle transition parce qu’on n’a pas fait ce qu’on devrait faire depuis quelques années….Qu’and j’ai été à l’école de police…Quand je suis arrivé, j’ai visité les locaux…J’ai vu les élèves entassés comme des animaux. Je suis allé au parcours d’obstacle. L’endroit est envahi d’herbes sauvages. Les élèves mangent mal, le matériel est mal entretenu.. Les toilettes ? Vous ne pouvez pas y aller. Qu’est ce que vous voulez que je fasse de ce directeur ? Je le caresse ? Il fallait lui dire la vérité… Je vous apprends la façon de se comporter à la police, n’est pas compatible…C’est une force paramilitaire. A la police, il des lois, il y a un langage qu’il faut adopter. Le directeur de la police doit s’adapter aux exigences de la police…Je n’ai aucun problème avec le directeur de la police, Malick Koné. Je l’ai dit de faire sa mission conformément à la vision du président de la transition…Son CV me convient ! Vous savez, vous ne pouvez pas être chef si vous n’avez pas de l’autorité. Je ne suis pas venu à la police pour séduire ou pour plaire.
Et qu’en est-il du couac qui s’est passé entre le diplomate américain et vous ?
…Les renseignements c’est une grande composante pour un pays et en particulier, pour le ministère de la Sécurité. Ce sont les renseignements qui permettent à un gouvernement d’anticiper, d’avoir une longueur d’avance. Sans les services de renseignement, vous êtes faibles. J’y attache une importance. J’ai confié une mission un un de mes officiers. Allez à Gaoual me dire les gens qui y sont. Allez voir ce qui s’y passe… Allez à Mandiana, le long de la frontière guinéo-malienne où la menace des djihadistes est réelle. Il me dit, ce n’est pas la peine. Il a une autre mission pareille dont le déplacement, tous les moyens sont pris en charge par le chargé des missions de l’Amérique. Quand il m’a dit cela, j’ai demandé s’il est sous les ordres du ministre ou de quelqu’un d’autre…J’ai dit ok ! Les renseignements se partagent. Allez me faire venir le chargé de missions américaines pour voir dans quel cadre vous partez. S’il y a une convention qui nous lie dans ce sens. Le monsieur est venu… et ça ne l’a pas plu. Pour lui, un ministre n’a pas le droit de lui poser une telle question. Devant cette attitude malencontreuse, je lui ai demandé de ne plus le faire… Mais cet incident est clos aujourd’hui.
Quel était l’objectif des multiples missions que vous avez effectuées à l’intérieur du pays ?
..J’ai une reçu une enveloppe dans le cadre du renforcement des capacités de la police….Elle était destinée à construire et équiper les commissariats de police à l’intérieur…J’étais accompagné des cadres de mon département. J’ai visité toutes les Préfectures de la Haute-Guinée pour savoir dans quel étaient nos infrastructures. En Haute-Guinée, l’infrastructure existe mais pas bien entretenues et non équipées…Nous avons décidé qu’une partie de l’enveloppe soit affectée à cette rubrique (infrastructure). Et il le fallait. Dans cette partie du pays, il y a des conflits permanents autour des mines et sans oublier des menaces Jihadhiastes à la frontière malienne…Du côté de Dabola-Mamou, il y a le phénomène de coupeurs de route. Donc il faut une gendarmerie mobile. Lorsque vous remontez à Faranah qui n’a pas bénéficier des infrastructures des fêtes tournantes, il n’y a pas d’infrastructures. ..Je vous apprends qu’à Mamou-ville, il n’y a que trois agents pour la police routière. Le but de ma mission c’était de constater tout ça. Et cette mission continue jusqu’en Guinée-Forestière et en Moyenne-Guinée. L’enveloppe était destinée à trois commissariats et trois CMIS.
Le recrutement à la police
C’est une volonté du président de la transition de doter de la police d’une ressources humaine. ça va venir…Il y a beaucoup à faire…Nous allons voir dans quelles conditions recruter. Il faut déterminer si ce sont des sous officiers, des officiers….Il faut aussi former des formateurs….. Le cas des retraités repris, quand j’ai été saisi, J’ai transmis le dossier au ministre de la Fonction Publique…
A quand la reprise de la livraison des passeports ?
C’est un devoir pour l’Etat de pouvoir ces citoyens en passeports… Mais la Guinée ne fabrique pas de passeports ! A travers le ministère de la Sécurité et de la protection civile, on s’est mis en partenariat avec quelqu’un qui fournit ce qu’on appelle le carnet. Ce n’est pas le passeport encore. Ce dernier, c’est IRIS ne produit pas de passeport. Mais intrants technologiques pour pouvoir enregistrer des données d’un citoyen sur la puce que compose le passeport. Et ensuite, concevoir une base de données pour héberger toutes les données. C’est tout ce qu’IRIS fait. Cette société a sous-traité le carnet, avec un autre partenaire. Le carnet c’est trois éléments. Les feuillets, la couverture, et le cerveau du passeport qui constitue la puce. Ce partenaire là aussi n’est que fabricant de feuillets. Il a sous-traté à son tour, la couverture, avec un autre partenaire. Et la puce avec un autre. Une fois qu’il reçoit la puce de son partenaire, la couverture de son partenaire, il a les feuimllets il fait l’assemblage. Et ça constitue le carnet. C’est ce carnet qu’IRIS récupère, et envoie en Guinée. Maintenant il se trouve que IRIS n’est plus en mesure de fournir carnets. Parce que ses partenaires n’est plus à le fournir les différents composites. ..Il fallait alors trouver un autre partenaires. Ils ont alors celui qui le fait pour le Sénégal. Mais le temps de fabriquer un passeport, qui correspond à la couleur, la sécurité, ça lui a pris un temps. D’où la rupture. IRIS a sous-traité ici en Guinée sa représentation avec un société qu’on appelle LOUBA. Lorsqu’ils n’étaient plus en mesure de fournir de carnets, qu’est-ce qu’il fallait faire ? Il fallait anticiper ! Garder un petit stock de sécurité pour les malades, les boursiers. C’est ce stock qui est entrain de s’épuiser. On ne pouvait pas aller en Malaisie. Covid-19 oblige ! Laisser les citoyens continuer à s’enrôler ? En tant que ministre, j’ai pris l’initiative de suspendre jusqu’à nouvel ordre, tous les enrôlements. J’ai fait une communication au conseil des ministres, et la décision a été prise pour se rendre en Malaisie.
En compagnie du directeur de la Police, nous sommes partis. Arrivée là-bas, je leur ai dit, écoutez ! Aujourd’hui dans le monde, il y a un seul pays dans le monde qui n’est pas en mesure de fournir de passeports à ces citoyens, c’est la Guinée. Et vous êtes responsable et ce n’est pas normal. Ils ont présenté leurs excuses. Ils ont promis que ça ne va plus jamais se répéter. Les dispositions qui ont été prises, est que le PDG de IRIS va venir en Guinée pour rassurer le gouvernement. Deuxièmes, l’équipement vétuste qui est là sera changé avec du nouveau matériel et ils ont accepté de construire le siège de la DCPAF y compris les cinq commissariats qui figuraient dans la convention. Le plus important des engagements pris par IRIS, c’est que cette crise ne va plus jamais se reproduire. Ils garderont un stock là-bas. 600mille en puce, en couverture, et en feuillets. Pour ne plus que ça ne se répète. Et je leur ai dit que je ne rentre pas sans un lot de passeports. Je suis revenu, mais j’ai laissé le DG de la police qui va revenir avec un lot de 3mille passeports. On a passé le communiqué l’enrôlement va recommencer ce mois-ci 40mille passeports sont attendus ce mois-ci… Je veux dire aux citoyens qu’on arnaque au niveau du passeport et de police routière de venir me voir directement dans mon bureau. Venez me voir ! Tout le monde a accès à moi.