Ces trois dernières années, l’histoire de l’Afrique de l’Ouest est marquée par la recrudescence des coups d’État militaire. En août 2020 et mai 2021, le Mali a connu deux coups d’État militaire. Après le Mali, la Guinée connaîtra un autre coup d’État le 05 septembre. Le Burkina Faso, à son tour, va connaître par deux fois des coups d’État en janvier 2022 puis en septembre. Il s’en suivra le Niger qui vivra aussi un coup d’État militaire le 26 juillet dernier.
Des actes que les putschistes justifient généralement par la corruption généralisée, la gabegie, la défaillance des pouvoirs en place ou encore par la pauvreté grandissante entre autres.
Face à cette nouveauté des coups d’État dans la sous-région ouest africaine, la rédaction de Guinéenews a bien voulu recueillir l’avis de l’ex ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Baïlo Teliwel Diallo qui ne mâche pas ses mots.
« Généralement quant on me pose cette question, je renvoie toujours la question à celui qui me la pose. Qu’est-ce qu’un coup d’État ? En essayant de savoir de quoi on parle exactement. Il y a beaucoup de confusion là-dessus. (…). C’est un dysfonctionnement qui amène l’Etat à violer ses propres lois de fonctionnement. Il y a plusieurs types de coup d’État. On se focalise seulement sur ces quatre derniers coups d’État. Et on oublie tous les autres coups d’État perpétuel, (…).
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Il y a aussi ce qu’on appelle dans le débat actuel le coup d’Etat constitutionnel. C’est-à-dire que l’Etat par son premier dirigeant a violé les règles de son propre fonctionnement, la constitution et veut poursuivre sa pérennisation par d’autres règles. Donc une nouvelle constitution qui n’était pas prévue dans l’ancienne. (…) », précise dans un premier temps l’enseignant – chercheur.
Poursuivant Teliwel ajoute : « (…). Vous savez, l’Afrique est instable institutionnellement. Parce-que on est dans des procédures presque permanentes de coups d’État perpétuel », s’alarme l’ex directeur national de la culture. Avant d’enfoncer davantage le clou : » Mais pour moi, ce n’est pas ça le fond du problème. Le fond du problème ce que l’Etat africain a été mis en place sur le mode de l’alignement et non pas sur le mode de la construction nationale. Si on s’est aligné parce que on a dit que la norme, c’est ça, nécessairement il y aura des dysfonctionnements par rapport aux réalités politique, économique, sociale, intellectuelle et idéologique. Et ces dysfonctionnements peuvent atteindre un tel degré d’ampleur qu’il y a une force qui dit, je vais mettre fin aux désordres. C’est le coup d’Etat. (…).
L’Afrique est alignée sur une norme de l’Etat qui relève de la mondialisation et qui est contestée partout dans le monde. Pas seulement en Afrique. Parce-que cette norme de l’Etat a atteint ses limites. Elle a été un progrès pendant une certaine période mais elle a atteint ses limites. Et plus, ça avance et plus les convulsions sont violentes. Et ça va mener à des choses où on ne sait pas quand ça va s’arrêter, » s’inquiète l’ancien ministre.