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Recours au droit international, seul moyen de résoudre durablement le conflit israélo-palestinien, par Youssouf Sylla, juriste

A défaut d’être enterrés, les Accords d’Abraham, parrainés par l’administration Trump pour normaliser les relations entre l’Israël et les pays arabes viennent d’être mis entre parenthèse depuis la violente attaque, le 7 octobre dernier, de l’État hébreu par le Hamas palestinien.  La réplique tout aussi violente, en cours, de l’État hébreu à cette attaque plonge aujourd’hui la ville de Gaza, coincée entre l’Israël et l’Égypte, dans une indescriptible crise humanitaire. Gaza est devenu aujourd’hui un enfer pour ses deux millions d’habitants. Il faut, très malheureusement, s’attendre à un autre épisode de violence tant que le conflit n’est pas définitivement résolu. On se rappelle que les Accords d’Oslo de 1994 étaient une des rares occasions où les deux belligérants pouvaient faire une paix définitive. Mais hélas un extrémiste juif, Yigal Amir, a réussi à opposer à ces accords, la terreur fatale, en assassinant le 4 novembre 1995 un des architectes de ces Accords, le premier ministre Yitshak Rabin. La mort en novembre 2004 de Yasser Arafat, leader historique de l’OLP a définitivement assombrie les perspectives de paix et plongé israéliens et palestiniens dans le cercle vicieux de la colonisation et de l’intifada.

Un conflit local devenu global par le jeu des alliances

Localisé au départ, ce conflit, par le jeu des alliances a des ramifications internationales. On voit apparaitre en gros, une ligne de fracture entre l’Occident qui soutient de manière inconditionnelle la riposte israélienne au titre de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, qui autorise la légitime défense en cas d’agression, et le reste du monde, plus exactement le Sud Global, solidaire d’indicibles souffrances et humiliations endurées par le peuple palestinien depuis plusieurs décennies, à cause de l’occupation de leurs terres par l’État hébreu au lendemain de la guerre de six jours en 1967.
La globalité de ce conflit s’explique en effet par le fait que dans les relations internationales, la pratique d’un État consiste à promouvoir ses intérêts tant sur le plan socio-politique et économique, que sur le plan sécuritaire et culturel, ou à en assurer la défense. Il est facile dans ces conditions de constater une concordance ou une discordance entre les intérêts, si on a en face plus d’un État. Ainsi, le degré d’inimitié ou d’amitié entre les États est logiquement fonction du niveau de cette concordance ou discordance. Sur la scène internationale, l’existence entre États, d’intérêts discordants est généralement source de tension, d’intensité variable. Si la discordance entre les intérêts n’est pas réglée par voie pacifique, elle peut donner lieu à diverses formes de confrontation. Le stade suprême de cette confrontation étant la guerre. C’est ce à quoi on assiste entre israéliens et palestiniens depuis de nombreuses décennies, et qui prend aujourd’hui des proportions inquiétantes. Selon la compréhension qu’on peut avoir de l’interprétation que chaque partie donne à ses prétentions dans ce conflit, c’est l’impératif aujourd’hui pour l’État hébreu de vivre en paix et en sécurité y compris sur certaines terres qu’il a annexées en 1967, qui est en discordance totale avec la ferme volonté du peuple palestinien de mettre fin à la colonisation de ces territoires par Israël, et d’y édifier un Etat libre et indépendant ayant comme capitale, Jérusalem-Est.

Par sa violence, le conflit a pulvérisé les acquis du droit international humanitaire

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Le conflit israélo-palestinien est un terrain de déconstruction des acquis du droit humanitaire tels qu’inscrits dans les quatre Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels. Ce conflit fait perdre tout son sens à l’obligation faite aux belligérants de protéger au cours de leurs opérations, les populations et les infrastructures civiles. L’interdiction des prises d’otages parmi les populations civiles et d’arrestations arbitraires y ont perdu tout leur sens. Tout comme l’interdiction faite aux belligérants d’utiliser des méthodes de guerre qui consistent à affamer les populations civiles à les priver de médicaments et de tout moyen de subsistance. Le libre accès des organisations humanitaires pour protéger et assister ceux qui ne font pas la guerre (les civils), ou qui ne le font plus (combattants ou militaires blessés), est aussi largement compromis. Face à l’ampleur des violations du droit humanitaire dans ce conflit, il est fort à parier que le cofondateur du Comité International de la Croix-Rouge, le Suisse, Henry Dunant, mort il y a plus de 150 ans, est en train de se retourner dans sa tombe. En effet, à Gaza, le monde a perdu son humanité et son altérité.

Respect du droit international, seule issue possible

Mais force est de constater que ce droit est aussi malmené dans ce conflit. L’interdiction de soumettre le peuple palestinien aux pratiques d’apartheid est violée. Le droit de ce peuple à l’autodétermination, malgré les multiples résolutions de l’ONU, est également méconnu. Dans ce conflit, c’est la force, et non le droit international qui dicte la conduite à suivre. La marginalisation de l’ONU dans ce conflit, organisation pourtant créée en 1945 pour assurer la paix et la sécurité internationales, est la preuve que le droit international n’y représente pas grand-chose. Ainsi,  la persistance de ce conflit dépend, non pas de l’absence de solutions juridiques, mais de la non application des résolutions des Nations Unies, qui appellent depuis longtemps à la coexistence de deux États, israélien et palestinien.

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