L’examen du Certificat d’Études Primaires (CEP) a enregistré cette année le plus faible taux de réussite de son histoire. Pour situer les responsabilités, votre quotidien Guinéenews a joint Michel Balamou, le Secrétaire général du Syndicat National de l’Éducation (SNE) ce mercredi 29 juin pour sa lecture de la situation qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays.
Sans langue de bois, le syndicaliste Michel Balamou a déclaré que les résultats de l’examen de Certificat d’Études Primaires (CEP) sonnent comme un échec pour tout le système éducatif guinéen.
Depuis 1958, a-t-il rappelé, c’est la première fois que les résultats des examens en République de Guinée sont en dessous de 30%.
« L’autre observation que nous pouvons faire est que l’année passée, on était à 62,08% et cette année, nous sommes à 17,62%. Rien absolument au monde ne peut expliquer ou justifier cette chute drastique de ces résultats. Par endroit, il va falloir questionner la gouvernance de l’administration scolaire pour voir effectivement ce qui n’a pas marché… On passe tout le temps à se focaliser sur les examens nationaux alors qu’il y a d’autres préalables qu’il va falloir remplir notamment, la qualification du système éducatif dans plusieurs volets, la formation continue des enseignants, la qualification de l’enseignement et des apprentissages, la qualité des infrastructures et des équipements scolaires, l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants, voilà tous les éléments d’analyses qu’il va falloir dorénavant mettre à l’actif des réformes structurelles pour pouvoir permettre à l’école guinéenne de sortir de sa méconnaissance et de sa déliquescence. A l’analyse des résultats, nous pouvons faire des constats suivants : d’abord le faible taux de réussite montre à suffisance que les enseignants en réalité n’ont pas de niveau. Parce que quand nous voyons toute une préfecture qui a 0 ou un admis comme Beyla, cela veut dire que dans ces préfectures, il n’y a pas d’enseignants compétents et compétitifs à l’effet de faire admettre les enfants d’une classe à une autre. Le problème que cela pose est que l’année prochaine, il y aura une pléthore dans les salles de classe d’où un problème d’infrastructures et d’enseignants. Pourquoi dans certaines écoles privées de la capitale, on a enregistré un taux d’admission à 100% alors que dans certains villages ou districts, c’est zéro admis. Aujourd’hui, tout le monde sait que notre école manque de 19 000 enseignants. Si déjà il y a plus de sérieux au privé qu’au public, cela veut dire que la responsabilité se situe au niveau de l’État et non chez les élèves. Parce qu’il s’agit des tout-petits qui n’ont pas l’âge nécessaire pour être responsables de ce qui leur arrive… L’autre dimension la plus négative de ces résultats, c’est le fait que la Guinée ne respecte plus les exigences internationales sur la scolarisation primaire universelle puisque qu’au aujourd’hui, on est en train de lutter contre le taux élevé d’analphabétisme et la déperdition scolaire chez les jeunes filles. Selon l’enquête du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation en date de 2016, 1,6 millions d’enfants guinéens, de 5 à 16 ans, ne vont pas à l’école. Si aujourd’hui nous faisons échouer massivement les enfants, cela veut dire que nous les encourageons à sortir de l’école. Le CEP n’existe plus dans d’autres pays. Puisque c’était un examen colonial qui permettait de garder les cadres subalternes de l’administration coloniale indigène à ce poste. Aujourd’hui le diplôme de CEP ne sert à rien. Le plus important, c’est de faire en sorte que les enfants puissent acquérir des connaissances de base. Le moment est venu pour qu’on supprime cet examen et investir cet argent dans la formation des enseignants, dans l’équipement et dans les infrastructures scolaires pour que nous ayons des résultats plus qualifiés que ce que nous avons enregistré cette année », a-t-il expliqué en substance.