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Reconduction  de  Kassory Fofana : rien de nouveau sous le soleil

Ibrahima Kassory Fofana a été reconduit dans ses fonctions de Premier ministre chef du gouvernement, vendredi dernier. Cette reconduction du Premier ministre sortant,  au-delà du fait qu’elle ne soit pas une surprise, est la preuve évidente que le changement de braquet promis par le président Alpha Condé n’est pas pour demain.

Entre l’investiture du président de la république pour son premier mandat de la quatrième république et la démission du  gouvernement du Kassory Fofana, il s’est écoulé un mois. Presqu’une éternité pour un pays dont les populations vivent à majorité dans la paupérisation. Et qui ne réclament que la paix et le pain. Deux choses qui ne peuvent s’obtenir dans l’oisiveté et la violence.

Un mois de suspense, dans l’attente du casting du nouveau gouvernement. Marqué aussi par un immobilisme de mauvais aloi.

Car le président, au lieu de s’atteler à réconcilier les Guinéens et à les  remettre au travail, après un processus électoral périlleux, s’est mis à nous rabâcher les oreilles avec ce fameux poncif de « gouverner autrement ». Une formule qui avait servi de leitmotiv à Michel Rocard pour sa feuille de route, à sa nomination au poste de Premier ministre en 1988, sous François Mitterrand.

Tout près de nous aussi en Côte d’Ivoire, en 2000, le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo avait bâti sa politique de refondation sur ce concept.

Bref, avec le  président, nous n’en sommes pour le moment qu’au refrain. Et rien ne laisse présager qu’il franchira le pas dans le sens d’un changement de ligne. C’est du moins ce que le maintien de Kassory Fofana au poste de Premier ministre laisse croire à l’opinion. Une opinion qui s’attend à ce que le « gouverner autrement » du président Condé ne soit synonyme de statu quo ante.

Alpha Condé a dû certainement s’inspirer de cet adage sportif qui dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Kassory reconduit à son poste, pourrait à son tour se contenter juste d’un lifting gouvernemental. En lieu et place d’un chamboulement.

Il ne faut donc pas trop rêver d’un effet d’électrochoc.

Cette assertion de Salomon pourrait bien schématiser la donne actuelle: ‘’ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil”.

Quelques signaux laissaient entrevoir cette reconduction du locataire du palais de la Colombe.

Il y a tout d’abord le fait pour Kassory d’avoir tout sacrifié, contre monts et vaux, même au mépris des bonnes mœurs politiques pour accompagner le président dans le projet de tripatouillage constitutionnel. Ce pacte « faustien » lui vaut bien une bonne prime. A cela il faut ajouter  le fait que  le contexte de crise postélectorale  plaide en faveur du maintien du locataire du palais de la Colombe à son poste. Pour la bonne et simple raison que le président n’a pas totalement repris  la main.

Certes, certains aficionados de la majorité présidentielle objectent que l’opposition est complètement laminée. Mais la sérénité est loin de prévaloir au sommet de l’État, avec des prisons bondées d’opposants et une économie chancelante pour cause de crises sanitaire et politique.

Les vendeurs de fumée continuent toutefois  de vanter  la résilience de notre économie. Même si cette croissance non inclusive qu’on fait miroiter aux Guinéens ressemble à promettre plus de beurre que de pain.

Cela dit, tant que le Premier ministre sera prêt à avoir la main lourde, quand il faut mâter de l’opposant, et a joué à l’autruche, quand il s’agira de prôner le dialogue, il sera dans les bonnes grâces du palais.

Tant pis donc pour le populo. Car le pas de deux entre Alpha Condé et Kassory Fofana est une histoire qui va continuer à s’écrire pour le moment.

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