Suite au protocole d’accord signé le 10 janvier dernier entre le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) et le gouvernement pour mettre fin à la grève des enseignants déclenchée le 3 octobre 2018. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour, figurait le recensement des enseignants aussi bien au niveau du pré-universitaire, du supérieur et de la formation professionnelle afin d’assainir le fichier enseignant.
A Mamou, la mission a rencontré plusieurs enseignants en situation irrégulière avec des diplômes falsifiés, des extraits de naissance taillés sur mesure et des cas de substitution ou d’abandon de poste, a-t-on appris sur place.
Les opérations de recensement des enseignants ont commencé dans la préfecture de Mamou le 12 mai et ont prix fin le 23 mai. Les agents recenseurs ont sillonné toutes les écoles répertoriées par les autorités en charge de l’éducation.
Rencontré, Thierno Souleymane Sall, le Secrétaire général du bureau préfectoral du SLECG de Mamou nous fait le constat : « j’avoue que nous avons rencontré beaucoup d’enseignants en situation irrégulière. J’ai trouvé un de mes élèves de Terminale de cette année dans une des écoles de la sous-préfecture de Saramoussaya qui est allé se faire recenser. Les diplômes falsifiés se reconnaissaient par les écritures de remplissage. Des écritures différentes pour un même diplôme dont les titulaires connaissent approximativement l’année d’obtention. Nous avons même rencontré des enseignants qui ont deux diplômes différents provenant du même institut. Ce qui prouve à suffisance que certains se sont procurés de diplôme vierge ou à travers la technologie, ils sont parvenus à effacer les renseignements sur certains diplômes pour mettre les leurs mais en commettant l’erreur de ne pas effacer la date à laquelle le diplôme a été délivré. Ce qui fait que l’écriture du prénom et du nom ainsi que la date de naissance et l’option qu’il a faite, est différente de celle de l’année d’édition du document.»
Sur les cas de substitution et d’abandon de poste, monsieur Sall précise : « je prends le cas d’un certain Hamadan Tounkara, décédé le 17 janvier 2018. Il était en service à l’école primaire d’Abattoir dans la commune urbaine. Lors du recensement, il y’a eu quelqu’un qui s’est réclamé être Hamadan Tounkara dans la sous-préfecture de Tèguèreya. Également, plusieurs enseignants ne répondaient pas de leurs noms. Dans une des écoles de Fello Sorè, une dame qui se trouve être l’épouse d’un responsable répond à la place de Mariame 2 Diallo. La vraie Mariame 2 Diallo était contractuelle à Berteya, elle était tombée malade et elle devrait aller se faire soigner. Son directeur l’avait suggéré de laisser ses dossiers avec lui au cas où il y aura recensement pour qu’on puisse la recenser. A son absence, elle a été engagée à la fonction publique en 2008. Avec la complicité du DSEE, une autre dame a pris sa place avec le nom Mariame 2 Diallo. A l’école primaire de Torobhe, dans la sous-préfecture de Niagara, il y’a une enseignante peulh qui répond au nom de Dominique Guilavogui. Malheureusement, elle ne parle pas Toma. Elle dit qu’elle est Toma de Mamou et non Toma de Macenta. En réalité, c’est une fille d’un DSEE de la place. A Ourékaba, nous avons rencontré un enseignant qui a trois dates de naissance : sur sa carte d’identité nationale, c’est écrit 1985 ; sur son bulletin de paie, il est né 1984 et sur son diplôme, c’est 1980. Au lycée Doukouré et à l’Institut supérieur de Technologie, des enseignants qui avaient abandonné leur poste ont été dénoncés par les enseignants titulaires. Ce sont des personnes qui travaillent à Conakry, Boké, elles ne se présentent que quand il s’agit du recensement », indique-t-il.
Aujourd’hui la question qui taraude tous les esprits est de savoir la suite qui va être donnée à ces cas de fraudes lorsqu’on sait qu’en Guinée l’administration publique est caractérisée par une corruption qui ne dit pas son nom.