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Rébaptisation de l’Aéroport de Conakry : voici les raisons profondes de la colère du Premier ministre Béavogui

Personne n’a vu le Premier ministre Mohamed Béavogui au déjeuner offert ce vendredi par le Colonel Mamadi Doumbouya aux ambassadeurs des pays de la Cedeao accrédités en Guinée. D’autres hauts fonctionnaires de la Présidence et d’autres ministres y étaient, et le Premier ministre dont les bureaux se trouvent à quelques pas, a brillé par son absence. Ce n’est pas anodin, même si au même moment, le Premier Ministre était occupé à recevoir une importante délégation indienne dont la mission a trait à la construction des CHU dans les capitales régionales.

Le fait est que le Premier ministre a dit dans la presse le matin qu’il n’avait pas été informé que l’aéroport de Conakry devait porter le nom de Sékou Touré. Et la question n’avait pas été abordée lors du conseil des ministres de la veille.

Cette sortie médiatique traduit une colère contenue, saine et justifiée du Premier ministre. En effet, même si le Colonel Mamadi Doumbouya a tous les pouvoirs, notamment celui de prendre le décret qu’il veut, s’il avait mesuré la portée de sa décision, il aurait pris l’avis des membres son gouvernement lors du conseil des ministres. Et ceux-ci lui auraient, sans doute, demandé de surseoir à son décret , le temps d’expurger les points qui divisent dans la compréhension de l’histoire récente de la Guinée.

C’est peu que de dire que tout ce qui touche le héros de l’indépendance, Ahmed Sékou Touré devenu un tyran plus tard, divise l’opinion guinéenne jusqu’à ce jour. Chaque communauté ethnique de Guinée a sa version non recoupée de l’histoire de Sékou Touré, avec son corollaire de  haine ou de sympathie,  qu’elle lègue de père en fils.

Conséquence, jamais une décision de Mamadi Doumbouya n’a été autant controversée, alors qu’il avait fait jusque-là un sans-faute.

Quant à Mohamed Béavogui, il n’avait d’autre choix que de se mettre en colère et de désapprouver. D’abord, une semaine auparavant, il avait été humilié par un communiqué du CNRD qui le démentait, alors qu’il avait promis aux Chefs d’Etat de la Cedeao que le CNT sera mis en place avant fin décembre..

Ensuite,  qui ne comprend pas, la colère d’un Premier Ministre, lui-même, un tant soit peu victime du Camp Boiro, en tant que neveu de Diallo Telli, mort dans des circonstances atroces dans les geôles de Sékou Touré ?

And the last, but not the least, comment ne pas s’irriter contre cette décision inopportune de Doumbouya qui donne des munitions, avant l’heure,  à la classe politique, et qui, sans doute, le fragilisera quand la durée de la Transition sera connue. Etant entendu que cette durée, quelle qu’elle soit, sera inévitablement contestée par une partie importante de la classe politique.

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