Pendant le ramadan, la circulation routière est bien différente de ce qu’elle est durant les autres périodes de l’année. Elle change en ce mois saint, à cause du comportement très versatile des usagers. On remarque qu’ils ne sont pas tous, aussi paisibles et attentionnés que le recommandent les préceptes de l’islam. On sait qu’en ce temps précis, tout musulman se doit d’adopter la meilleure des attitudes dans son comportement, ses relations avec ses semblables, mais aussi, vis-à-vis des lois et règlements en vigueur, dans son pays. Ce qui signifie qu’il opte pour un sens moral et civique à toute épreuve. Cette prescription divine s’applique à tout musulman, où qu’il se trouve. Et puisque nous parlons de circulation, cela signifie que sont également concernés, tous les piétons, automobilistes et motocyclistes.
Hélas, on est surpris de constater que cela ne réduit pas les problèmes réprouvés pour autant. On a même l’impression qu’au lieu de baisser, voire s’estomper, ils se maintiennent fort bien.
Le stress est l’un des principaux facteurs à mettre en cause, dans l’explication de ce phénomène. On pourrait le définir comme étant la somme des soucis d’ordre matériel, sanitaire, psychique et autres, que nous accumulons dans la vie de tous les jours. Ces soucis créent une tension ou une pression qui assaille chacun de nous, à des degrés divers. Qui pour dire que tout va parfaitement bien pour lui dans sa vie; qu’il n’a aucun problème qui le préoccupe un tant soit peu, dans son ménage, sa famille, sa santé, son travail, ses affaires, ses relations, etc. Nous sommes tentés de dire qu’un tel homme n’existe pas !
Nous avons toujours ce stress dans la tête, quand nous conduisons. Tant que nous parvenons à le gérer, c’est tant mieux, tout va bien. Mais, dès lors que nous ne réussissons pas à l’intégrer pour le dominer, il nous submerge et nous perturbe. Nous cessons d’être le bon conducteur qui a pris le départ à la maison.
Le pire peut encore se produire, lorsqu’en plus du stress qui vit en nous, au départ, nous ajoutons un autre que la circulation nous inflige, par les contraintes qu’elle génère. Nous sommes impatients, pressés, bloqués dans les embouteillages, les feux tricolores, les signaux des agents… Tout cela nous retarde et nous énerve. A ce moment, les stress s’additionnent. Le seuil de tolérance est vite atteint. Et ça déborde bien souvent. Les conséquences ne tardent pas à se manifester : la circulation est bloquée ; le bouchon est créé ou l’accident est arrivé. Tout le monde en pâtît.
Parlant toujours du stress dans la conduite, c’est le même effet que nous obtenons, quand nous voulons changer le cours des évènements qui se déroulent devant nous, pendant que nous n’avons aucune influence sur eux. C’est le cas, lorsqu’il y a un embouteillage, un accident, un mauvais temps, une déviation, etc. Face à de telles situations, pourquoi s’agiter derrière son volant à vouloir changer l’ordre des termes, quand on est convaincu d’avance que c’est peine perdue ?
S’attacher à faire cesser l’embouteillage d’un claquement de doigts ; à vouloir que le mauvais temps, la pluie ou la déviation prenne fin, d’un trait… Que voilà des désirs qui tiennent de l’utopie car, il n’est guère possible de changer le cours de tels évènements, d’un simple bon vouloir. L’usager habité par de tels désirs atteint vite la saturation. Il est doublement stressé. A preuve, il se fâche pour n’avoir pas réussi à changer le cours des choses qui se passent devant lui. Cet énervement s’ajoute au tout premier qu’il avait, au moment de prendre le volant. Et croyez moi, comme dit plus haut, il est saturé et devient tout de suite, le mauvais conducteur, au portrait déjà esquissé.
Les effets du jeûne ne se manifestent pas de la même manière, chez tout le monde. La privation d’aliments et de boissons entraîne beaucoup plus de fatigue chez certains, que chez d’autres. D’où, un manque de concentration et d’anticipation. Les plus sensibles ou »fragiles » font preuve d’empressement et de nervosité dans les gestes. Le tout se traduit par des cris, un langage déplacé, des gestes désordonnés, une conduite imprudente et bien d’autres réactions encore.
Imaginons qu’un tel conducteur se retrouve face à un agent de la routière, également stressé par la fatigue, le soleil ardent, la poussière, les klaxons stridents et tous les bruits et désordres qui ont saturé sa tête depuis sa prise de fonction, le matin. Les deux risquent fort de ne pas s’entendre. Pour qu’ils le réussissent, l’un des deux doit forcément se calmer et faire profil bas, si nécessaire. Pour parer à tout risque de débordement, contenir le trop plein de stress est la seule alternative qui reste. Espérons qu’ils y parviennent.