L’annonce de la récente radiation de trois militaires des effectifs de l’armée guinéenne, dont le commandant Alia Camara, l’ex-chef des opérations des forces spéciales, largement relayée de façon virale sur la toile, reçoit depuis moult commentaires à la fois sur les réseaux sociaux et dans les débats de causerie partout en Guinée. A Kankan, ville natale du colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire au pouvoir depuis le 5 septembre 2021, de nombreux citoyens soupçonnent et dénoncent un acharnement contre cet officier. En tout cas, c’est ce qui ressort d’un micro-trottoir réalisé par la Rédaction de Guinéenews à Kankan.
Sékou Aïcha Cissé, activiste à Kankan : « je suis étonné et surpris par cette nouvelle. La radiation du commandant Alia et de deux autres militaires des services de l’armée guinéenne, constitue pour nous un acte injustifié. Nous savons qu’il est l’un des acteurs majeurs du coup d’État qui a porté le colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir en 2021. On a ensuite entendu une prétendue histoire de disparition d’un coffre-fort au palais présidentiel de Sékhoureya lors du coup d’Etat, et on a tenté de lui en faire porter la responsabilité. Cependant, jusqu’à présent, personne n’a encore entendu sa version des faits. Il revient au tribunal militaire de statuer sur son sort. Au lieu de prendre un décret de radiation. Nous demandons au CNRD d’apporter d’abord des preuves tangibles des véritables raisons qui ont conduit à la publication de ce décret de radiation. »
Bangaly Sylla, jeune activiste : « nous aurons préféré que le Commandant Alia passe devant le tribunal militaire. Si, après tout, il était reconnu coupable, on aurait pu le condamner conformément à la loi. Cependant, le temps continue de s’écouler sans aucune nouvelle de lui. Et tout à coup, nous apprenons qu’il a été radié de l’armée. On se demande donc sur quelle base réelle ce décret a été pris. Dans le communiqué relatif à son arrestation, on l’accusait de vol d’une caisse d’argent au palais présidentiel lors du coup d’État. Il appartient donc à la justice de statuer sur cette affaire. Prendre un décret pour annoncer que ce jeune officier est radié sans fondement, est illégal. Nous ne devons pas non plus encourager de telles pratiques. Car, elles deviennent une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tous les militaires. Cela signifie que soit vous vous soumettez au CNRD, soit vous êtes simplement radié de l’armée. »
Emmanuel Kamano, habitant du quartier Briqueterie : « J’appelle les autorités à communiquer d’abord sur la situation actuelle du commandant, en nous indiquant où il est détenu et dans quelles conditions. Car, jusqu’à preuve du contraire, il jouit toujours de ses droits civiques. Cela pourrait éclairer l’opinion publique dans cette affaire très obscure. »
Propos recueillis par Cheick Berthe pour Guinéenews