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Que sont-ils devenus ? Tout sur le parcours musical de Dioubaté Alhousseiny, ancien chef d’orchestre du ‘’Sumba jazz’’ de Dubréka (1ère partie)

Ancien chef d’orchestre du ‘’Soumba jazz’’ de Dubréka de 1968 à 1974, Alhousseiny Dioubaté est guitariste soliste, auteur compositeur. Il est né le 6 octobre 1944 à Gaoual et est fils de feu El hadj Dyélymadi et de feue Hawa Dramé. Marié à 1 femme, il est père de 9 enfants dont 5 filles.

Alhousseiny Diabaté a effectué ses études primaires à l’école publique primaire de Kindia 1, et le secondaire au lycée technique de Donka. Après le brevet et suite à la création de l’école des cadres techniques, qui deviendra plus tard l’ENAM, Alhousseiny Dioubaté sortira de la première promotion de l’ENAM en 1966, en qualité d’aide Ingénieur en Electromécanique. Par le biais des concours professionnels, Alhousseiny Dioubaté accèdera en 1972 au grade d’Ingénieur Electromécanicien.

A sa sortie de l’ENAM (Ecole Nationale des Arts et Métiers), il sera directement affecté à Dubréka précisément le 21 novembre 1966, au poste de chef de la centrale électrique. Suite à un manque d’enseignant chargé de cours de physique à Dubréka, il fut réaffecté par une décision au Ministère de l’Education Nationale, comme chargé de cours de physique au lycée de Dubréka jusqu’en 1974. C’est l’année à laquelle il ‘’prendra la poudre d’escampette’’ dit-il, pour aller s’exiler en Côte d’Ivoire de 1975 à 1986 (24 décembre 1986). Au cours de son aventure en Côte d’Ivoire, il alliera musique et métier. Du retour au bercail, Alhousseiny Dioubaté sera employé au sein de l’entreprise FRIGUIA, en qualité de moniteur chargé de la formation des électriciens de 1988 à 2000 où, il prendra sa ‘’retraite’’, bien qu’aujourd’hui, il est Directeur des études et chargé de cours à l’Université Mercure International Technopole (MAINTECH).

Guinéenews a rencontré ce musicien, ingénieur et enseignant à son domicile situé à Kipé dans la commune de Ratoma.

Très détendu et impressionnant, Alhousseiny Diabaté s’est prêté aux questions de votre rubrique ‘’Que sont-ils devenus’’? Découvrez cet autre artiste du peuple, musicien de devoir.

Guinéenews : Bonjour ! Ce site quotidien d’information en ligne s’intéresse à vous pour parler de musique, de la culture en général. Pouvez-vous nous dire comment tout cela est venu et finalement guitariste soliste, auteur compositeur et chef d’orchestre du ‘’Sumba jazz’’ de Dubréka ?

Alhousseiny Dioubaté : Je vous dirai que c’est un fait banal et bien qu’étant né à Gaoual, ma famille résidait à Kindia, où je passais beaucoup de temps en leur compagnie. Ils pratiquaient tous la musique, excepté moi, sinon que j’aimais beaucoup danser. Parmi les amis, il y avait feu Naby Bangoura alias ‘’Tommy’’, qui était guitariste dans l’orchestre le ‘’ Dirou band de Kindia’’, Famoro Kouyaté qui venait de Labé, feu Jupiter entre autres. Ils étaient tous actifs dans le ‘’Dirou band’’ de Kindia. Chaque samedi, je venais avec eux à la soirée et je ne faisais que danser. Un jour, on m’a interdit de rentrer dans la salle, puisqu’il fallait être musicien pour y accéder. Alors mon cousin feu Naby s’était fâché, et avait renoncé à jouer, à cause du fait qu’on m’a refusé l’accès à la salle. Finalement l’incident fut clos et tout était revenu à l’ordre. Mon cousin très touché et c’est au sortir de cette soirée, qu’il me fusillera de tant de reproches et finira par m’offrir une guitare. Il assurait mon apprentissage en compagnie d’autres amis. Je suis reparti à l’internat en 1964 avec cette guitare, et c’est parti très vite et en une année après, je jouais déjà dans un orchestre à Conakry. En bref, voilà comment je suis venu dans la musique moderne.

Guinéenews : Il est indéniable que vous êtes issu d’une famille griotte, et certainement vous avez été initié depuis l’enfance à travers les parents ou grands-parents parlez-nous en?

Alhousseiny Dioubaté : Oui je suis griot de souche des parents aux grands parents. Mon oncle paternel Dyéli Sory Diabaté était un éminent joueur de Kora, et c’est le père du jeune prince Diabaté. Feu Dyéli Sory Diabaté et mon père sont des frères de même père. A l’enfance, je jouais un peu à la Kora. J’ai trouvé cette pratique, et je peux dire que c’est depuis le berceau. En plus, mon oncle Dyéli Makan Dramé, fut un virtuose des instruments à cordes. C’est lui, qui a initié feu El hadj Sory Kandia Kouyaté à la pratique des instruments à cordes. Donc j’ai hérité de part et d’autres la pratique de la musique car, mon grand-père maternel feu Kandara Dramé, était aussi un grand joueur de Kora.

Guinéenews : Tout cela dénote qu’il n’est vraiment pas question que l’on vous empêche d’accéder à une salle de soirée, parce que vous n’étiez pas à l’époque un musicien. On peut dire que c’est ce défi que vous avez relevé en devenant musicien instrumentiste ?

Alhousseiny Dioubaté : Absolument, c’était un défi que je devais relever. Je me suis mis à la tâche et finalement, je suis rentré par la grande porte dans la pratique de la musique. J’en suis fier et je remercie tous ceux qui ont contribué à ma formation.

Guinéenews : Avant que l’on ne vous offre cette guitare, aviez-vous eu une idole à qui vous aviez voulu ressembler ?

Alhousseiny Dioubaté : Oui, j’avais des références. Au fur et à mesure j’apprenais à jouer, j’écoutais aussi la musique car, j’étais un grand mélomane. Je me suis beaucoup inspiré de feu Sékou Diabaté ‘’Docteur’’ de Balla et ses baladins, ainsi que de mon cousin Sékou Bembeya. Mais, c’est Sékou ‘’Docteur’’, qui a commencé à me donner les vraies notes de la musique. Il faut souligner que feu Sékou Kouyaté alias ‘’Sékou Miriam’’, a été aussi d’un apport considérable dans ma formation. Je gravitais en ce moment autour d’un cercle bien fourni de bons musiciens. Chez chacun d’eux, je captais des notions et finalement réunies, j’ai pu créer et adopter mon propre style de jeu à la guitare.

Guinéenews : Après votre apprentissage de la guitare, peut-on savoir quel fut votre parcours ?

Alhousseiny Dioubaté : Quand je me suis senti apte à bien grincer la guitare, je fus recruté par le ‘’Horoya jazz’’ du 5ème arrondissement, et c’était à Mafanco en 1965. Le chef d’orchestre de cet ensemble était feu Bambo Fofana, et il jouait au saxo. Après cet orchestre, j’ai directement intégré le ‘Sumba jazz’’ de Dubréka.

Au compte de mon parcours et pour votre information, j’ai pratiqué la musique en Côte d’Ivoire et c’est là, que j’ai eu l’occasion de rencontrer feu Docteur Conté Saidou et feu Papa Diabaté ‘’Grand Papa’’, qui a finalisé ma formation surtout au niveau des accords. Par le truchement de feu Docteur Conté, j’ai appartenu à l’orchestre dénommé  »African Guitare ». Ensuite toujours en Côte d’Ivoire, j’ai joué pendant 5 ans en compagnie du groupe appelé ‘’Super Temtemba’’, dirigé par Dientènè Oussou Diabaté venant du Mali, et qui était très lié à la maman de Sékouba Bambino Diabaté.

Pour votre gouverne et sur le parcours et dans le domaine professionnel, j’ai été aussi fonctionnaire en Côte d’Ivoire, en qualité de professeur d’enseignement technique au niveau du Ministère de l’Enseignement technique. Je dispensais des cours dans le plus grand centre de formation professionnel de ce pays, appelé Centre polyvalent des métiers de l’entretien Ben Bresso, situé à 17 Km d’Abidjan. C’est Ousmane Kouyaté qui m’avait remplacé dans le ‘’Super Temtemba’’, puisque je ne pouvais pas supporter la fréquence des spectacles et mes cours.

Guinéenews : Dites-nous comment vous avez intégré l’orchestre le ‘’Sumba jazz’’ de Dubréka ?

Alhousseiny Dioubaté : Le jour de mon arrivée à Dubréka avait coïncidé à l’animation d’une grande soirée dansante par le ‘’Sumba jazz’’. J’ai été gracieusement reçu par l’ensemble des musiciens de l’orchestre. Imaginez, que c’est feu Akhaly Mohamed Keita, qui m’avait cédé la guitare solo pour se convertir en guitariste accompagnateur. J’ai été guitariste soliste de cet orchestre de 1966 à 1974, année à laquelle, j’ai déposé la guitare pour aller scruter une autre vie en Côte d’Ivoire. J’ai été vraiment reçu à bras ouvert et ils m’ont même confié plus tard le rôle de chef d’orchestre du ‘’Sumba jazz’’ de Dubréka.

Guinéenews : Pouvez-vous nous rappeler la composition de l’orchestre le ‘Sumba jazz’’ de l’époque ?

Alhousseiny Dioubaté : C’est avec le cœur très serré, que je vais me mettre à l’épreuve pour vous fournir la composition de cet orchestre car, ils sont tous rappelés à Dieu et je suis le dernier Mohican dit-on.

Le ‘’Sumba jazz’’ était dirigé au départ par feu M’Bemba Kabinet Camara (Saxo), feu Mamadou Camara Saxos alto-ténor), feu Djibi Camara (Trompette), feu Siba Kalivogui (Guitare basse), feu Sékou Camara (Tumba), feu Alkhaly Soumah (Batterie), feu Marius Bangoura (chant), feu Alkhaly Mohamed Keita (Guitare accompagnement),  feu Bourama (Guitare accompagnement), Feu Fodé Mamoudou Touré ( grioche et animation), Alhousseiny Dioubaté (Guitare solo). Je prie Dieu qu’il accorde à tout ce monde, le paradis céleste.  

Guinéenews : Paix aux âmes de nos devanciers. Quels étaient vos sources d’inspiration et dites-nous quelles sont les grandes rencontres culturelles auxquelles vous aviez participé ?

Alhousseiny Dioubaté : Ma principale source d’inspiration était focalisée sur un balafola (joueur de balafon) du nom d’Amara Camara, qui était un fin instrumentiste, qui maîtrisait bien le folklore susu. C’est lui qui donnait les accompagnements en plus des chansons qu’on travaillait par la suite. C’était un compositeur hors-pair.

Quant aux grandes rencontres culturelles, le ‘’Sumba’’ a participé en mon temps, à toutes les quinzaines artistiques organisées à Kindia, ainsi qu’à tous les festivals nationaux qui s’étaient tenus à Conakry.

Guinéenews : Est-ce que le ‘’Sumba jazz’’ a effectué des tournées à l’extérieur si oui, et à quelle occasion ?

Alhousseiny Dioubaté : Durant toute ma présence au sein du ‘’Sumba’’, nous n’avons pas effectué de tournées à l’extérieur du pays. Nous avions quand même sillonné plusieurs villes de la Basse Guinée hormis la préfecture de Télimélé. La ville de Koba était notre lieu de prédilection. C’est une zone rizicole où la culture du riz est abondante. Après chaque récolte, les festivités de réjouissances étaient organisées dans tous les coins de Koba. C’est ainsi que notre orchestre pouvait élire domicile à Koba pour un bon moment, afin d’animer les soirées récréatives un peu partout dans la juridiction de Koba. Toutes ces ambiances étaient soutenues par un homme, qui a marqué son temps dans Koba, du nom d’Amara Gaspari. C’était un homme d’ambiance et nanti à l’époque.

Guinéenews : Auteur compositeur, arrangeur, pouvez-vous nous citer quelques titres de vos compositions musicales ?

Alhousseiny Dioubaté : Je peux vous citer les titres ‘’Alphabétisation’’, ‘’Boumediene’’, ‘’Unité’’, ‘’Fissiriwali’’ et tant d’autres. Par ailleurs, le titre fétiche ‘’Complexe textile Sanoya’’ est une composition de feu El hadj Alkhaly Mohamed Kéita j’ai assuré l’arrangement dudit titre.

Guinéenews : Ce titre ‘’Complexe textile Sanoyah’’ est un de vos tubes qui a plu aux mélomanes. Vous venez de citer plusieurs autres titres. D’après nos recherches, le ‘’Sumba Jazz’’ de Dubréka ne figure nulle part dans l’écurie de la maison Syliphone et comment expliquez-vous cette absence notoire ?

Alhousseiny Dioubaté : Je me pose aussi la même question et finalement je me dis que certainement c’est une malchance. J’ai l’impression, comme si c’était un tirage au sort. Je vous promets d’amplifier cette question à votre place, afin de trouver les motifs de cette absence. Sinon lors des compétitions artistiques régionale et nationale, le ‘’Sumba’’ de Dubréka était toujours classé parmi les 10 premières formations de la République et le répertoire était là. C’est une belle question qui doit trouver sa réponse.

Guinéenews : Relatez-nous quelques beaux ou mauvais souvenirs, que vous avez vécus en compagnie du ‘’Sumba jazz’’ de Dubréka, ou le long de votre parcours personnel de musicien ?

Alhousseiny Dioubaté : Le plus beau souvenir que je garde durant ma carrière artistique, est la soirée que nous avons animée à la piscine de ‘’Bondabon’’, lors de la visite d’Etat, effectué en Guinée par feu Président Marien Gouabi du Congo Brazzaville. Il était accompagné à cette soirée, par feu El hadj Saifoulaye Diallo. Ce jour et vu la qualité de nos prestations, feu Marien Gouabi a dansé le long de la soirée, pour à la fin, nous féliciter, nous encourager en nous gratifiant de sincères accolades. C’est un souvenir que je garde de ce jour et de ce grand homme d’Etat.

L’un des plus mauvais souvenirs que je garde est l’accident de circulation, dont nous avions été victimes après la soirée animée à Coyah. C’est au retour que cet accident a eu lieu, et heureusement il n y a pas eu de pertes en vies humaines, sauf que le véhicule et plusieurs autres matériels furent endommagés. Cet inattendu accident avait longtemps traumatisé plusieurs parmi nous car, nous avions frôlé la mort.

Guinéenews : Feu Alkhaly Mohamed Kéita, enseignant, chroniqueur en langue nationale susu, acteur, metteur en scène, fut votre guitariste accompagnateur au sein du ‘’Sumba jazz de Dubréka. Pouvez-vous nous parler du côté musicien moins connu de cet éminent regretté artiste du peuple ?

Alhousseiny Dioubaté : Il faut reconnaître qu’il était versé dans le folklore susu. Il connaissait toutes les vieilles chansons susu qu’il maîtrisait par cœur. Feu Alkhaly Mohamed Keita jouait à merveille la flute pastorale. Il ne faisait que transposer les chansons et cela lui réussissait bien. Il était naturellement inspiré et très doué. Il jouait de façon ordinaire à la guitare qui comportait un capot sur la manche, donc aux cordes libres. C’est à mon arrivée dans le ‘’Sumba’’, que j’ai corrigé cet état de fait et le défunt Alkhaly Mohamed Keita, intelligent, il était docile et serviable. Nos rapports ont continué jusqu’au jour où il fut rappelé à Dieu. Paix à son âme.

Guinéenews : Vous dispensez aujourd’hui des cours de musique, d’orchestre au sein de l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Guinée. Comment tout cela se passe avec les étudiants ?

Alhousseiny Dioubaté : Les étudiants sont très intéressés et surtout surpris de voir un homme de mon âge, polyvalent qui touche à plusieurs instruments, qui procède aux arrangements et à plusieurs autres pratiques dans la musique. Il est évident qu’ils ne font que découvrir car, ils ne voient pas tous ces aspects de la musique en classe. Donc, je dispense des cours pratiques d’orchestre, comment arranger un morceau une fois qu’il est donné, en déterminer la gamme, comment commencer, terminer et connaître l’enchaînement entre le début et la fin. Je suis disponible à léguer mes connaissances à tous ces jeunes étudiants désireux d’apprendre.

Guinéenews : Aujourd’hui l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Guinée possède en son sein, un tout naissant ensemble orchestral. Quels sont vos rapports avec cet orchestre et pouvez-vous nous en dire plus ? 

Alhousseiny Dioubaté : Pour la création de cet ensemble, tout est parti de la réflexion des enseignants de cet institut, qui se sont dit, comment peut-on apprendre la théorie aux étudiants et que nous, nous ne pratiquions pas la musique. C’est ainsi, qu’un embryon de professeurs s’est formé autour d’Adama Noel Oularé (bassiste), qui est chef d’orchestre et tout est parti de là. Des répétitions ont été engagées et aujourd’hui, la formation musicale est à pied d’œuvre et anime plusieurs activités culturelles au niveau de Dubréka et ailleurs. J’apporte mon grain de sel autant que faire se peut et aujourd’hui ça va, l’orchestre évolue tant bien que mal.

Guinéenews : Quel rôle jouez-vous au sein de cet orchestre de l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Guinée ?

Alhousseiny Dioubaté : Je suis formateur de ces formateurs-là. Imaginez, c’est utopique de voir un institut des arts sans orchestre, où des enseignants enseignent  la musique et qui ne savent pas pratiquer un  instrument de musique. Et ce sont tous ces facteurs qui ont conduit à la création de cet orchestre de l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de GuinéeJ’encadre ces formateurs et nous essayons ensemble de progresser.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews

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