Guinéenews : peut-on savoir à quel moment vous avez raccroché les crampons et pris la retraite ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : si j’ai bonne mémoire, c’est en 1974, que j’ai quitté la sélection nationale et le club Hafia.
Guinéenews : après votre retraite, est-ce que vous avez continué à vous intéresser au football ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : en 1974, je n’avais raccroché qu’au niveau de la sélection nationale et du Hafia football club. Les années qui ont suivi, j’ai continué de jouer pour l’équipe du Kaloum star, de la fédération de Conakry 1 jusqu’en 1977, année à laquelle j’ai définitivement mis fin à ma carrière de footballeur.
Guinéenews : de quoi vous occupez vous actuellement pour garder la forme et vous sentir utile ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : je suis à la retraite sans aucune autre occupation. Je vis avec ma famille et j’accomplis régulièrement mes obligations religieuses. Je marche peu et je dors beaucoup.
Guinéenews : vous ne pensez pas qu’un tel mode de vie peut influer sur la santé du grand sportif que vous avez été ? Surtout, à votre âge ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : pour le moment, je dirais que tout va pour le mieux au niveau de ma santé, Je ne souffre presque de rien et sauf que j’y veille et je viens souvent pour des contrôles.
Guinéenews : sans paraître indiscret, comment parvenez vous à faire vivre votre famille ? En clair, quelles sont actuellement, vos sources de revenus ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : en dehors de ma pension, je bénéficie aussi des indemnités offertes par le gouvernement aux anciennes gloires. Je vis décemment de cela, avec l’appui de mon épouse, qui est une ancienne sportive (Basketteuse). Elle est toujours présente à mes côtés, dans les bons et les mauvais moments qui se présentent.
Guinéenews : gardez vous encore des relations avec vos coéquipiers encore vivants du Hafia football club et du Syli national de l’époque, et faites vous partie de l’Association des Anciens footballeurs de Guinée dirigée par Moussa Camara ‘’Suler’’?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : évidemment! J’appartiens à cette association des anciens footballeurs.
Quand je viens au stade du 28 septembre, je rencontre presque tous les amis d’antan et de la nouvelle génération. Malheureusement, cela est maintenant très rare, car je me déplace difficilement, vu la distance entre chez moi ici, à Dubréka et Conakry.
Guinéenews : quel est votre regard sur l’actuel football guinéen et quelles chances donnez vous au Syli national, pour ses prochaines joutes continentales, en Côte d’Ivoire ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : je n’en veux pas aux actuels responsables et sans vouloir faire de comparaison, il faut reconnaitre qu’à notre temps, les responsables étaient là, à tout moment parmi nous, et même en dehors des stades. C’était aussi des anciens footballeurs qui étaient imprégnés des réalités du football et de tous les problèmes de la corporation, qu’ils soient individuels ou collectifs. C’était vraiment une famille, le football guinéen ! Quant à maintenant, je dirais que j’ai fait complètement dos, car, je ne suis pas quelqu’un, qui aime la défaite ou la déception. Nous étions habitués aux victoires, nous avions mouillé les maillots pour ce pays avec conviction et ferme engagement. Je ne peux pas estimer aujourd’hui une quelconque chance pour le Syli national. Je peux à la limite, lui souhaiter de bons résultats, à cette grande compétition.
Guinéenews : quelles sont vos relations avec toutes ces autorités et instances supérieures qui ont eu la charge du sport en Guinée ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : je dirais qu’il y a peu parmi eux, qui me connaissent. Personne ne s’intéresse à moi et c’est comme ça. Ainsi va la vie, non !
Guinéenews : avez-vous aujourd’hui, des regrets d’avoir appartenu à cette crème du football guinéen ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : non, je n’ai aucun regret. Votre question me fait revenir un peu en arrière, sur mon passé sportif. C’est à partir de Siguiri en 1959, que j’ai été recruté, après la tournée des autorités de la Fédération Guinéenne de Football d’alors. J’ai reçu mon billet d’avion pour venir à Conakry. A mon arrivée, l’équipe A était déjà partie en Hongrie. Quelque temps après, j’ai été envoyé dans le même pays avec l’équipe B. Ma sélection dans les différentes équipes fut pour moi une satisfaction. Ma participation aux différentes compétitions, m’a donné une notoriété. Certainement que je ne suis pas connu par la génération actuelle, et j’avoue quand je sors d’ici, il y a plusieurs anciens qui reconnaissent ce que j’ai apporté au football guinéen. Je n’ai donc aucun regret d’avoir servi mon pays. C’était un devoir et je l’ai accompli avec mes coéquipiers. J’en suis très fier et honoré.
Guinéenews : peut-on avoir votre avis sur les divers problèmes qui minent aujourd’hui, la Fédération Guinéenne de Football (FGF) ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : honnêtement, je ne peux pas émettre ici un avis quelconque sur ce sujet. Je ne suis, ni de près, ni de loin, imprégné de ce qui se passe à ce niveau. Or, on ne peut bien parler que de ce qu’on connaît bien.
Guinéenews : quel message avez-vous à livrer au peuple sportif de Guinée, aux dirigeants du sport et à tous ces athlètes de tous les sports confondus ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : écoutez ! Aux dirigeants de ce sport, je leur dirais de se mirer sur le passé. J’avoue que je n’ai jamais vu un dirigeant aussi engagé à la tâche, que feu N’Famara Camara ‘’député’’, que j’ai aussi vu, jouer au football. Au jour d’aujourd’hui, je ne connais pas un responsable de ce sport, qui a mouillé le maillot et qui sait ce dont un footballeur a besoin. Les responsables d’hier étaient des anciens professionnels et ils avaient, à tout point de vue, la notion d’encadrement d’une équipe de football. Aujourd’hui on entend parler de primes impayées, de ceci ou cela. La partie finances intéresse mieux le milieu sportif, que celle technique ou tactique. C’est dommage pour le football guinéen. Je conseillerais aux joueurs d’être forts sur le plan mental et de se revêtir à chaque moment de la compétition, de nos couleurs nationales que sont : le Rouge, le Jaune et le Vert. Le patriotisme doit être au-dessus de tout et c’est ce que nous avions fait à notre temps, c’est-à-dire : ‘’tout pour le peuple et par le peuple’’, nous enseignait feu Président Ahmed Sékou Touré.
Guinéenews : nous sommes très heureux de vous avoir rencontré et merci pour cet accueil chaleureux. Nous saluons surtout le dévouement de votre épouse, Hadja N’Sira Touré qui, tout le long de cet entretien, a été la courroie de transmission entre nous. Avez-vous un dernier message pour nos nombreux lecteurs ?
Sékou Condé ‘’ le bondissant’’ : je laisse le soin pour ce dernier message, à mon épouse qui va vous répondre.
Hadja N’Sira Touré : nous sommes comblés de joie. C’est une consolation morale pour nous, à travers ce que vous venez de faire avec mon époux. Pour nous, c’est du jamais vu et du jamais connu. Nous nous sentons abandonnés, mais votre présence ici , chez nous, à Dubréka, nous remonte le moral.
Après avoir servi son pays pendant tant d’années, en retour, nous avons besoin de reconnaissance. Merci à vous et nous espérons que ce ne sera pas la dernière fois. En tout cas, notre porte reste ouverte pour vous et pour tous ceux qui œuvrent dans le même sens. Merci encore et que Dieu nous protège.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.