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Que sont-ils devenus ? Sékou Kanté ‘’Georges’’, musicien polyvalent et encadreur de l’orchestre les Amazones de Guinée  parle de son parcours

Musicien chanteur, guitariste, encadreur technique de l’orchestre les Amazones de Guinée et enseignant de profession, Sékou Kanté est connu dans le milieu musical sous le sobriquet “Georges Kanté”. Né en 1958 à Kissidougou, il est le fils de feu Hassane et de feue Hadja Koffi Keita. Georges Kanté est marié à une femme et père de 3 enfants dont 2 filles.

Il a commencé ses études préscolaires à l’Institut biblique de Télékoro, tenu par les protestants, situé à environ 6 km de Kissidougou. Sékou Kanté a partagé ses études primaires entre Kissidougou et Mamou. Grâce à son tuteur qui est un ancien gouverneur, (d’ailleurs qui est un oncle), il effectuera ses études secondaires entre Mamou, Labé et Kissidougou. Sékou Kanté obtiendra son bac 1 au lycée Kissi Kaba Keita de Kissidougou.

Par manque de réussite au concours d’accès à l’université, s’estomperont ses études supérieures. Il s’orientera enfin à l’ENI pour une formation de 18 mois d’où où il décrochera avec mention son diplôme d’Instituteur ordinaire.

Sékou Kanté ‘’Georges’’ a été très tôt membre d’un groupe minime orchestral à Kissidougou. Il sera ensuite recruté en qualité de chanteur dans l’orchestre fédéral le Niandan Jazz. Il rejoindra sa ville natale et sera membre de l’orchestre fédéral le Kébéndo Jazz de Guéckédou, qui bénéficiera de nombreuses distinctions pendant les festivités culturelles à l’époque.

Secoué dans sa ville natale à cause de l’incursion rebelle, Sékou Kanté ‘’Georges’’ rejoindra Conakry pour plus tard être recruté comme chanteur dans l’orchestre national Kèlètigui et ses tambourinis.

Ensuite, le choix sera porté sur lui, pour remplacer Dyélikè à la tête de l’encadrement technique des Amazones de Guinée. Sékou Kanté ‘’Georges’’ est actuellement membre du groupe standard de feu Ansoumane Camara dit “Petit Condé”.

Rencontré à la Paillote, Sékou Kanté ‘’Georges’’ s’est prêté aux questions de votre site électronique Guineenews. Dans cette interview, le polyvalent musicien, Instituteur ordinaire avec 40 ans d’expérience sur le compteur, nous décrit comment il est venu à la musique, retrace son itinéraire musical entre le Niandan Jazz de Kissidougou et le Kébéndo jazz de Guéckédou.

Après 15 ans de repli, décidé d’abandonner définitivement la musique, Sékou Kanté ‘’Georges’’, explique comment le destin a basculé pour qu’il se retrouve au sein de l’orchestre Kèlètigui et ses tambourinis, encadreur technique des Amazones de Guinée et membre du groupe standard de feu Ansoumane Condé ‘’Petit Condé’’ (Paix à son âme).

Encadreur technique des Amazones de Guinée, il dépeint sincèrement le niveau actuel de l’évolution de cet ensemble orchestral féminin de la gendarmerie.

Parlant de ses beaux et mauvais souvenirs dans son parcours, Sékou Kanté ‘’Georges’’ dans le registre des plus mauvais souvenirs, finit par prier et rendre hommage à toutes ses braves défuntes Amazones, ainsi qu’à son complice de scène feu Ansoumane Camara ‘’Petit Condé’’.  Émouvant !

Lisez l’interview

Guineenews : Etant enseignant de profession, comment vous vous êtes retrouvé musicien ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : A l’enfance j’étais déjà plongé dans la musique. Précisément, c’est à Mamou où je fus charmé par les musiciens du Bafing Jazz de Mamou. Vous savez mon oncle était le gouverneur de la région de Mamou. Le plus souvent l’orchestre faisait ses répétitions à la résidence du Gouverneur. C’est d’ailleurs là, j’ai vu jouer feu Amadou Ballakè, Hop Christian, Thierno Sadou Barry qu’on appelait ‘’Franco’’, M’Bady, Durango et plusieurs autres de la vieille génération. C’est à partir de ce moment, que j’ai commencé à avoir le goût de la musique. Progressivement arrivé très jeune à Kissidougou, j’ai vu le Niandan Jazz évolué et j’ai découvert Emile Beni Soumah aussi.

L’autre découverte fut le Kébéndo jazz avec ses talentueux musiciens tels Sékou Kanté, feu Mamady Traoré, Batourouba, frère Kabinet, le grand trompettiste Abdou Damba et autres. Tous ces musiciens m’ont séduit et ont irrité en moi l’envie d’aller à la pratique.

Guineenews : entre la guitare et le chant, qu’est-ce que vous avez entrepris en premier lieu et comment tout cela a débuté ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : j’ai commencé par le chant pour ensuite apprendre par défi la guitare. De passage, je vous informe que j’ai appartenu à la toute première équipe minime de Basketball de Mamou. Arrivé à Kissidougou, j’ai continué à jouer et c’est sur ces terrains de sport que j’ai fait la connaissance de Zézé Guilavogui des sofas de camayenne, Papa Sory, Alain Traoré.

Mon véritable maitre au chant fut mon cousin Maxime Kaba, qui est actuellement transitaire. Il maitrisait très bien la guitare et séduisait par sa voix au chant. J’avais à l’époque une faculté de rétention irréprochable. J’imitais par la bouche toutes les partitions musicales dont (vent, guitare) j’écoutais. C’est ainsi qu’avec Zézé ; Maxime, plus tard Ahmed Kaba des sofas qui était considérablement en avance sur le plan musical, nous avions formé un petit groupe. Feu Mamady Kalla et feu Ange Miguel de passage à Kissidougou, contribueront efficacement à notre formation.

A un moment, on s’était collés à la deuxième formation orchestrale de Kissidougou. Ces musiciens nous ont beaucoup appris et finalement nous avons opté pour notre autonomie, avec l’option de former notre propre groupe.

Guineenews : comment aviez-vous eu le temps de vous familiariser aux 6 cordes de la guitare ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : c’est une autre histoire (rires). C’est à partir d’un vol organisé d’une pancarte à la permanence fédérale sur laquelle était écrit ‘’La Révolution ou la mort ’’, que nous avions eu des guitares. Maxime était très doué et pouvait confectionner une guitare à partir des contre-plaqué. Le vol effectué, il a pu fabriquer la guitare à l’image de celle acoustique moderne. A quelque chose, malheur est bon. Je fus plus tard appréhendé et quand j’ai présenté ladite guitare, le fédéral d’alors Souré Mara, m’a grondé et au finish, il a offert 3 guitares de marque chinoise au groupe à partir du magasin populaire. Nous avions renforcé le groupe et c’est lors d’une de nos prestations, toujours avec la grioche car j’imitais Salif Bembeya, une de mes tantes qui a suivi le spectacle s’est moqué de moi en famille en ces termes ‘’notre fils n’est qu’un figurant dans cet orchestre, il ne fait que répondre aux chansons des autres…). Atterré par les critiques de ma tante, je me suis lancé le défi de revenir à la guitare. J’ai chômé pendant deux mois les cours pour me consacrer à l’apprentissage de la guitare.

Le fait surprenant et audacieux est le jour où j’ai pris pour la première fois la guitare d’accompagnement de l’orchestre fédéral en pleine animation. Surpris par mon audace, j’ai accompagné le doyen Dyéli Laye dans le titre ‘’kogno koura’’ sur propre proposition. Eh bien tout est parti de là. Dans tous les cas, j’ai toujours fait précédé le chant à la guitare.

Guineenews : Sociétaire de l’orchestre fédéral le ‘’Niandan jazz’’ de Kissidougou et celui de Guéckédou, le ‘’Kébéndo jazz, pouvez-vous nous retracer cet itinéraire musical ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : En premier lieu, il faut reconnaitre que nos ainés du Niandan Jazz ont porté attention à nous dans le domaine de la formation. Ils nous ont finalement recruté après 2 ans de stage (1970-1972).

J’ai été sélectionné comme 4ème chanteur au sein du Niandan Jazz de Kissidougou aux côtés de Sékou Kanté, feu Mamady Kalla et Zézé Guilavogui.

En compagnie du Niandan Jazz en qualité de 3ème chanteur, nous avions obtenu le 1er prix orchestre en 1973 pendant le festival national. Durant la quinzaine artistique régionale de Faranah à Kissidougou, cette fois-ci bassiste titulaire, nous avions encore arraché le 1er prix orchestre. En 1975 à Conakry lors du festival national et dans le même rôle de bassiste titulaire, l’orchestre occupera la troisième place.

C’est en 1976, que je suis venu dans le Kébéndo Jazz de Guéckédou en qualité de guitariste et chanteur. Dans cet ensemble aussi, nous avions fait des participations remarquables, notamment les 1ers prix lors des quinzaines artistiques régionales de Faranah en 1978 et en 1981 où j’étais chanteur leader. D’ailleurs en 1982, je fus nommé chef d’orchestre du Kébéndo jazz de Guéckédou.

Après ces deux orchestres, j’ai abandonné la musique pendant près de 15 ans. C’est suite à l’incursion des rebelles à Gueckédou, que j’ai posé finalement ma valise à Conakry.

Guineenews : 15 ans de repli et vous atterrissez à Conakry. Aviez-vous eu au préalable des objectifs fixés avant de poser pied dans la capitale ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : Franchement, je n’avais aucun objectif préconçu. N’eut été la guerre, certainement, je ne serai pas venu en ce moment à Conakry. J’avais complètement tiré le trait et la musique je la revoyais au passé.

Guineenews : L’homme propose et Dieu dispose dit-on le plus souvent. Finalement vous devenez membre de l’orchestre Kèlètigui et ses tambourinis et présentement sociétaire du groupe standard de feu Petit Condé, et parallèlement encadreur technique des Amazones de Guinée. Comment tout cela est arrivé ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : arrivé à Conakry, j’ai été hébergé par mon frère Dyélikè, qui est musicien guitariste. Il vit présentement aux Etats-Unis. Dès mon arrivé, je lui ai déclaré mon éloignement de ce monde de la musique. Malgré mon insistance, il enverra deux guitares à la maison et je m’amusais parfois à pincer ces cordes. Cela ne lui a pas suffi et finalement il m’a fait venir à la paillote, lieu de rassemblement, de retrouvailles et de répétitions de plusieurs formations orchestrales.

Pour mon recrutement en qualité de chanteur dans l’orchestre national Kèlètigui, je fus recruté par Maitre Kèlètigui en personne, suite à de durs exercices de reprises de 42 titres de l’orchestre. De 2001 à 2007, j’ai été chanteur et des fois guitariste au sein de Kèlètigui et ses tambourinis.

Quant à ma fonction d’encadreur technique des Amazones de Guinée, j’ai remplacé mon ami Mamady Kouyaté ‘’Dyélikè’’ qui était accompagnateur du Bembeya et très occupé par les voyages à l’extérieur du Bembeya. Le choix fut porté sur moi par feu Niépou Haba et ses collègues musiciennes et entériné par la Direction de la Gendarmerie nationale. C’est l’occasion pour moi de remercier tout d’abord Dyélikè, qui m’a initié en matière d’encadrement du groupe et à titre posthume, je remercie le doyen Kèlètigui. Mes remerciements vont aussi à l’endroit de Maitre Mamadou Aliou Barry et à tous ceux qui m’ont formé en matière de gestion des hommes.

Permettez-moi de remercier le Général Baldé ex Haut Commandant de la gendarmerie nationale, qui s’est investi pour le soutien de cette formation féminine. Personnellement, je le remercie à plus d’un titre pour son soutien et sa compréhension à mon endroit.

Pour mon intégration dans le groupe Standard, j’ai été sollicité par feu Ansoumane Condé dit Petit Condé (paix à son âme). Nous avions eu à travailler ensemble au studio sur quelques œuvres des Amazones, où il assurait la Direction musicale et moi les arrangements. D’après lui, c’est de là qu’est parti toute son attention à mon endroit.

Guineenews : revenons aux Amazones de Guinée. Plusieurs décès, retraites ont affecté cet ensemble orchestral féminin. En qualité d’encadreur technique, comment cette formation en grande partie démembré se porte-t-elle aujourd’hui ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : sincèrement, l’orchestre existe, il est en place mais avec des problèmes. Le problème se situe au niveau du personnel actif pour assumer le répertoire. Il y a aussi des cas de maladie et autres. L’orchestre peut jouer mais pas à la satisfaction de l’encadrement. Il y a du chemin à faire et les musiciennes sont réellement motivées et nous sommes en pleine répétition. Je pense que nous y arriverons avec la nouvelle génération.

Guineenews : assez de périples, de spectacles en compagnie de tous ces ensembles auxquels vous avez appartenu. Certainement il y a des joyeux faits ou douloureux qui ont retenu votre attention sur le parcours. Peut-on en parler ?

Sékou Kanté ‘’Georges’’ : en souvenir inoubliable, j’ai encore en tête ma participation en qualité de bassiste du Syli orchestre et c’était le 3 avril 2004. Imaginez, jouer parmi la pléiade des plus grands musiciens du pays d’alors, ce jour restera fixé et j’ai pleuré de joie pendant toute la prestation.

Un autre beau souvenir est ma réussite avec les Amazones de Guinée. Cette réussite m’a permis de sillonner une partie de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique latine.

Mon plus mauvais souvenir qui continue de planer se résume à travers ces nombreuses disparitions des musiciennes de l’orchestre des Amazones de Guinée et la subite disparition de feu Ansoumane Camara ‘’Petit Condé’’ (paix à son âme).

Paix aux âmes de Niépou Haba (guitare solo), Mato (batterie), Aissatou Diallo (chanteuse), Manguè Camara (trombone à coulisse), N’Sira Tounkara (guitare accompagnement), Mariama Diawara (congas), Elisa (congas), Kankou Camara (balafoniste). Je prie Dieu qu’il leur accorde le paradis céleste.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews

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