African groove est l’un des derniers ou le dernier groupe musical créé par feu Maitre Mamadou Aliou Barry, ex-chef d’orchestre du Kaloum star de Conakry 1.
Décédé le 26 juillet 2022 en France, Maitre Mamadou Aliou Barry a laissé orphelin son groupe, son bijou qu’il entretenait tant bien avec ses collègues artistes.
De l’avis général des mélomanes, et cela est devenu de coutume en Guinée, la disparition d’un leader de groupe orchestral, entraine progressivement la descente aux enfers de cet ensemble. Se remettre de pied devient une équation à plusieurs inconnues et des exemples sont légion au sein de plusieurs de nos formations musicales.
Curieux de s’enquérir de l’après feu Maitre Barry, votre quotidien d’informations en ligne, Guinéenews, a rencontré Ibrahima Rizo Bangoura, successeur au trône de Maitre Mamadou Aliou Barry.
Dans cette interview, Ibrahima Rizo Bangoura, chanteur, auteur, compositeur et interprète, nous éclaire la lanterne pour la suite de la gestion de ce lourd héritage, légué par le Maestro Barry à l’ensemble du groupe ‘’African Groove’’.
Lisez l’interview.
Guinéenews : Bonsoir et merci pour cet accueil chaleureux. Nous vous rencontrons afin de s’enquérir de l’état de santé du groupe African grooove, après la douloureuse disparition de son fondateur Maitre Mamadou Aliou Barry. Dites-nous, qu’est devenu African groove ?
Rizo Bangoura : L’orchestre African groove de feu Maitre Mamadou Aliou Barry se porte bien. Je le dis ainsi et comme vous le dites, malgré ce vide créé suite à la disparition de son fondateur. Il nous manque beaucoup et nous sommes accrochés dans l’ensemble pour assurer la continuité, et tous ces musiciens aujourd’hui attristés, sont décidés pour assurer la relève afin que repose en paix l’âme de cet illustre disparu.
Guinéenews : Sur le plan musical, est-ce son absence n’impacte pas l’évolution du groupe ou les prestations dans l’ensemble ?
Rizo Bangoura : Bien sûr, nous ressentons beaucoup son absence. Physiquement, moralement, nous sommes tous affectés. Sur le plan musical, il nous a toujours apporté un plus. C’était un maitre sur tous les plans et au niveau de toutes les sections musicales. Il ne se lassait pas pour soutenir chacun d’entre nous, dans les différentes partitions musicales. Se côtoyer pendant plus de 25 ans dans cette pratique, il serait aberrant de ne pas reconnaitre les valeurs de cet homme, qui a été le fondateur de ce groupe. (Paix à son âme).
Guinéenews : Maitre Barry presque seul à la section vent, il jouait à plusieurs instruments de la section cuivre. Aujourd’hui, envisagez-vous procéder au recrutement d’un ou de plusieurs musiciens à la section vent, compte tenu des interprétations de nos chansons guinéennes qui en demandent ?
Rizo Bangoura : Avant même son décès, il avait ce programme en vue dans son agenda. Il avait toujours cherché à approcher les jeunes qui, malheureusement, ne s’intéressent pas à ces instruments à vent. C’était un souci pour lui. Rassurez-vous, que c’est le même esprit qui nous anime dans la poursuite de ses vœux et œuvres.
Pour l’instant, nous nous attelons à la réorganisation de la structure, et progressivement, nous allons forcément par la grâce de Dieu, recruter des souffleurs. Il n’est pas aisé de remplacer feu Maitre Barry, qui a lui seul, jouait aux saxos alto, ténor, soprano, à la flute, à l’harmonica. Dans tous les cas, nous promettons d’essayer de combler progressivement ce vide au niveau de la section vent.
Guinéenews : Nous savons tous que feu Maitre Barry avait un carnet d’adresses très fourni, qui a efficacement contribué aux programmations de ce groupe tant sur le plan national, qu’international. Vous n’avez pas d’inquiétudes à ce niveau, ou bien avez-vous préconisé autres plans d’actions pour relancer vos relations extérieures ?
Rizo Bangoura : De ce côté, nous conservons toujours les mêmes adresses, celle tout d’abord de African groove de Maitre Barry. Pour l’avenir, nous nous battrons pour maintenir ce cap et continuer sur la même lancée afin de maintenir ce prestige. Nous comptons améliorer toutes les œuvres, tous les acquis pour la survie de ce groupe.
Guinéenews : Aux dires et aux avis de plusieurs mélomanes, à chaque disparition d’un leader de groupe musical en Guinée, suit directement la descente en enfer de cet ensemble. Cette analyse s’assimilerait au cas d’African groove ?
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Rizo Bangoura : Nous allons continuer et nous sommes prêts pour assurer la relève. Nous avons de talentueux musiciens et qui sont engagés pour redorer le blason surtout à la mémoire du défunt. Rassurez-vous que c’est un défi pour nous.
Guinéenews : Depuis sa disparition, avez-vous repris le travail et est-ce que vous êtes opérationnel ?
Rizo Bangoura : Nous avons repris les répétitions et nous sommes opérationnels. L’effectif de base est toujours en place. Nous avons procédé à un léger recrutement et au besoin, la porte du groupe est largement ouverte à tous.
Guinéenews : African groove est présentement sous votre houlette. Est-ce une auto proclamation, dans le cas contraire, expliquez-nous comment vous êtes devenu chef d’orchestre, et quels furent les critères de choix pour occuper ce fauteuil ?
Rizo Bangoura : Depuis plusieurs années feu Maitre Barry n’avait pratiquement pas un adjoint au sein de ce groupe. Mais en cas d’absence ou d’un empêchement de son coté, il m’a toujours désigné pour diriger le groupe.
Quand il fut prêt pour son dernier voyage, ce qui n’était pas habituel, il convoqua son excellence Justin Morel Junior, Tabassy Baro, moi-même et pour officiellement me confier la direction du groupe. Il n’a pas pu assister à la réunion, puisqu’il était occupé pour la préparation de ces bagages. La commission me fit transmise et qu’à cela ne tienne, il insistera une fois à l’aéroport, pour confirmer sa décision. Arrivée en France, il me dira de m’attendre à ses appels quand il va remettre son téléphone en marche, et ce fut notre dernière conversation le 24 juillet, 2 jours avant son décès. Etait-ce des signes prémonitoires ses dernières actions pour me confier le groupe ? C’est à l’annonce de son décès que j’ai commencé à y croire.
Pour répondre à votre question, je ne me suis jamais auto-proclamé. Son choix s’était très tôt porté sur ma personne. J’assume et je prie Dieu de m’accorder toutes les forces pour mériter cette confiance.
Guinéenews : Il se dit dans le milieu artistique, qu’African groove s’évertue plus vers les interprétations qu’aux nouvelles compositions. C’est un constat. Etes-vous en mesure de changer ou d’équilibrer cette donne, et se pencher sur les compositions musicales, sur des inspirations toutes nouvelles ?
Rizo Bangoura : Oui, nous créons de nouvelles compositions de temps à autre. Pourquoi nous interprétons parfois, c’est puisqu’il y a des milieux où nous animons et que le répertoire est strictement réservé au public présent. C’est le cas des ambassades, des hôtels et autres places. Nous jouons le plus souvent selon le milieu.
Par ailleurs, nous avons notre propre répertoire que nous déroulons dans d’autres endroits bien indiqués à propos. C’est en fonction du public que nous évoluons, africain, européen et autres. Mais je vais vous dire qu’il n’y a pas un grand chanteur ou musicien qui n’a pas interprété. Il faut avoir une valeur et une certaine capacité pour pouvoir interpréter et ce n’est pas fait pour tout le monde.
Guinéenews : A ce stade très critique de votre évolution, osons l’affirmer, quels appels avez-vous à lancer aux autorités, aux mécènes et à vos fans ?
Rizo Bangoura : L’artiste est là pour créer, pour travailler en un mot. Nous demandons du soutien et pas seulement au niveau de la musique, mais la culture guinéenne en générale. Il faut aussi poser des actes, pour permettre à la jeune génération de revenir à la source. Il faut à tous les niveaux impliquer les anciens, exploiter leurs connaissances au profit de la jeunesse. Il n’y a pas de vieux dans la musique et comme il n’y a pas de vieille musique.
Guinéenews : Bientôt 1 an depuis le rappel à Dieu de feu Maitre Mamadou Aliou Barry (26 juillet 2023). Quelles dispositions envisagez-vous, pour marquer cette première année de sa disparition ?
Rizo Bangoura : Présentement, les réflexions sont en cours et cela ne se passera pas en dehors de sa famille, qui nous a apporté toute sa confiance. Tout se passera en commun accord avec la famille de feu Maitre Barry. C’est l’occasion pour nous de remercier à travers cette interview, son Excellence Justin Morel Junior, Tabassy Baro et tant d’autres, qui nous ont toujours gratifié de leurs soutiens, affections et égards sur tous les plans. Présentement, aucun programme n’est encore fixé pour commémorer cette première année, qui marque la disparition de feu Maitre Barry. Vous serez informés à temps opportun, car cet homme le mérite.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews