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Que sont-ils devenus ? Grabataire, déprimé après un accident, A. Emerson, ex-sociétaire du Hafia, se sent abandonné

Dans la continuité du bal ouvert au compte des anciens internationaux du football guinéen, votre quotidien électronique Guinéenews dans la lancée, a rendu visite à l’ex-international guinéen et sociétaire du Hafia football club, Abdoulaye Emerson à son domicile, sis au quartier Gbéssia Port 1.

Méconnaissable par sa démarche pour celui qui a connu auparavant l’homme, tout le poids du corps soutenu par une béquille, presque courbé, le dos à la forme proche de celui d’un bossu, Abdoulaye Emerson est malade, convalescent et alité à domicile.

Suite à un accident de circulation survenue le 15 aout 2018, il a été fauché par un motard et projeté du coup dans un puits perdu. De cet accident, il sera victime d’une double fracture au dos. Evacué en Tunisie pour soins médicaux le 13 septembre 2018 par l’entraide à titre personnel, du Président de la Fédération Guinéenne de Football Antonio Souaré, il est de retour depuis le mois de novembre 2018.

Abdouaye Emerson se sent abandonné, dit-il, aujourd’hui par les dirigeants de son club d’origine le Hafia Football Club, ainsi que ceux du Département des Sports et de l’Association des Anciens Internationaux Guinéens, absents à son chevet depuis sa convalescence.

Ce buteur chevronné, devenu à plusieurs reprises meilleur buteur du championnat guinéen, très en colère, s’est prêté aux questions de Guinéenews©.

Ex-international guinéen et sociétaire du Hafia football Club, Abdoulaye Emerson est né le 25 décembre 1971 à Conakry. Il est fils de feu Moïse et feue Adama Soumah. Marié, il est père de deux (2) enfants.

Comment êtes-vous venu au football ?

« J’ai commencé à m’intéresser au football depuis le bas âge dans le quartier Mafanco. A mes débuts, j’étais entouré d’internationaux tels, feu Soumah Soriba ‘’Edenté’’ ex-Capitaine du Hafia club, feu Smith Samuel et son frère Louis Smith, qui m’ont initié à la pratique du football. Après Mafanco, je suis venu dans le quartier Dixinn où l’aubaine me conduira encore vers d’autres grands footballeurs de renom qui m’ont aussi aidé et apprécié en m’apportant leurs sages conseils. Il s’agit notamment de feu Aly Sylla ‘’Tostao’’, feu Bangaly Sylla, Bangaly Condé, feu Kerfalla ‘’Képine’’, le doyen ‘’Petit Sory’’, qui m’ont tour à tour inspiré et m’ont permis de m’accrocher au football. C’est suite à un tournoi de football organisé au stade du 28 septembre en 1978, que je fus détecté par le ballon d’or guinéen El hadj Chérif Souleymane. Il m’a directement intégré dans l’équipe des juniors qu’il dirigeait en compagnie d’un entraineur allemand du nom de Fig. En 1983, j’ai été recruté dans le Hafia football Club où j’étais un bon bout de temps sur le banc de réserve. Il a fallu le départ des ainés, pour que je sois titularisé et précisément en 1985 au poste d’avant-centre. A plusieurs reprises, j’ai été meilleur buteur du championnat guinéen avec le Hafia et en compagnie de Cheick Kéita ‘’Cocodi’’, Jean Mara, Ibrahima Barry ‘’Maibra’’, Lapotia, feu ‘’Képine’’, et tant d’autres, qui ont animé le championnat guinéen ».

Abdoulaye ‘’Emerson’’ a joué pendant 10 ans au sein du Hafia club. Une fidélité au club qu’il explique par l’amour que son père éprouvait pour ce club et qui était un inconditionnel supporter des vert et blanc.

Abdoulaye Emerson va franchir plus tard nos frontières pour rendre service à d’autres clubs étrangers. 

Pouvez-vous nous retracer votre parcours professionnel ?

« Face aux toutes premières offres en 1992, mon club s’était opposé à mon départ pour l’extérieur. Finalement, c’est en 1993 que je suis parti pour la Tunisie. En Tunisie, j’ai évolué en ligue 1 avec le ‘’Stade tunisien’’, et en ligue 2, successivement avec les clubs ‘’Fax Ralu sport’’, ‘’Djerba Midoune’’ et ‘’El Makarem de Mahdia’’. Après la Tunisie, je suis allé en Egypte où le contrat ne fut pas concluant. Ensuite mon manager à partir de la Tunisie m’a fait venir en Lybie en qualité d’encadreur. C’est de la Lybie que je suis rentré finalement au pays en 2017, après 23 ans passés à l’extérieur ».

Pour un parcours plus ou moins haché, l’ex-international guinéen se sent néanmoins fier d’avoir servi son pays durant de nombreuses années.

Abdoulaye Emerson a un riche palmarès dans son parcours. Il a remporté en compagnie du Hafia Football Club trois (3) coupes nationales et deux (2) super coupes. En équipe nationale, il compte à son actif deux (2) coupes Cabral et une (1) coupe CEDEAO.

Pour toutes ces consécrations, quels sont les beaux et mauvais souvenirs qui vous hante jusqu’à nos jours ?

«J’ai plein de beaux et mauvais souvenirs dans ma carrière de footballeur. Quelques-uns peuvent vous être relatés. L’un de mes plus beaux souvenirs demeure les matchs aller-retour du Hafia Football Club contre le Canon Pilar du Nigéria en 1987. En ce moment j’avais comme coach Mory Condé ‘’la valeur’’. Bien que malade, j’ai été titularisé pour 15 minutes. Car, je ne pouvais plus tenir. Malgré mon état, j’ai pu cogner par trois (3) fois le poteau du goal Nigérian. Notre club avait perdu sur le score final de deux buts à zéro (2-0). Au retour à l’hôtel, j’ai pris le ferme engagement devant mon coach d’égaliser au match retour et le seul témoin de cette promesse était le grand journaliste Fodé Bouya Fofana. Dieu avait exhaussé mes vœux lors du match retour au stade du 28 septembre. Le Hafia s’est finalement qualifié aux tirs au but. C’est un souvenir qui me revient à tout moment. Quant au plus mauvais souvenir, c’est l’élimination en finale en 1989 du Syli national en Coupe Cabral à Bamako. Un match dont je dirai a été truqué par l’arbitrage. C’est un dégoutant souvenir pour moi, malgré que je fus le meilleur buteur du tournoi ».

Abdoulaye Emerson a évolué pendant plus de quatorze (14) ans dans le football guinéen et celui professionnel. 

Qu’est-ce que toutes ces années de pleines activités dans le football vous ont-ils apporté ?

« Al-hamdoulilahi ! Dieu merci ! Je lui rends grâce car, je suis en train de récupérer petit à petit ma santé et c’est l’essentiel. Je vis sous mon toit et je parviens à joindre les deux bouts. Plus d’une trentaine de parcelles sont à disposition à Dubréka, une école inachevée dans Kobaya, je suis vraiment plutôt aujourd’hui préoccupé pour ma santé plus que le matériel. Je suis très réconforté aussi quand, à chacun de mes passages, je ressens de la reconnaissance du peuple, des fans qui m’entourent d’affections ».

Abdoulaye Emerson presqu’invalide n’est pas opérationnel. Il vit grâce à la location de ces appartements construits et de l’aide quelques fois d’amis bienfaiteurs. Il s’est éloigné du monde du football et affirme qu’aucune relation ne le lie présentement au Département des Sports qui, pourtant, est bien imprégné de son état de santé.

Aujourd’hui dans cet état actuel, quels sont les sentiments qui vous animent ?

« Je suis en colère et je ne le cache pas. Ce sont des sentiments de regret qui m’animent au vu de tout ce que j’ai pu faire de bien pour ce pays. N’eut été cette main tendue du Président de la Fédération guinéenne de Football, nous en serions pas là aujourd’hui. Qu’il en soit infiniment remercié. Depuis mon retour de la Tunisie, malgré toutes les sollicitations auprès de mes anciens camarades et ainés qui pouvaient servir de courroie de transmission, vu mon état, je n’ai pas pu le rencontrer pour la suite. Malade alité, ni mon club d’origine le Hafia Football Club, ni le département des Sports encore moins l’Association des Anciens Internationaux dont je suis affilié, n’ont fait cas de mon état de santé. J’ai apporté un moment de ma vie, de la gloire à mon club et à la sélection nationale à travers mes coups de pattes. Je suis en train d’être très mal récompensé. Je n’ai plus aucune ouverture pour continuer mes soins. Car, je dois retourner pour une série de contrôles en Tunisie. Que faire ? Sinon que je m’en remets au bon Dieu et espère qu’il viendra à mon secours ».

Que dire de plus sinon que penser aux autres qui sont en détresse, doit être un acte responsable et un devoir suprême à accomplir.

La récompense ne se résume seulement pas à la distinction reçue. Soyons permanemment diligents tant au moment du bonheur que du malheur.

 

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