Pour une autre icône voire une fierté oubliée du football guinéen, Dia Aly Badara, milieu offensif des Syli boys ou du Syli national de Guinée, est une véritable référence, qu’on endort dans les berceaux du passé glorieux du football guinéen.
Sur sa carte d’identité nationale, c’est bien Dia Aly Badara son nom et prénom, né le 21 mars 1942 à Conakry. Il est fils de feu Mouctar et de Hadja Khady N’Diaye. Marié à 1 femme, il est père de 5 enfants dont 3 filles.
Il débuta ses études primaires à Boké, pour les couronner à l’école du Centre dans la commune de Kaloum. Pour ses études du secondaire, il a fait le cours normal de Kankan. C’est après l’obtention du brevet, qu’il passera un examen d’entrée à l’école nationale des PTT, d’où il sortira avec le diplôme de Technicien Télécom. Dia Aly Badara passera 1 an d’études en France, pour des études de perfectionnement, précisément à Toulouse, à l’Ecole nationale Saint Martin Dutouch. De là, il partira effectuer des stages pratiques en Suisse, et en Belgique. De retour à Conakry, il servira en qualité de chef du personnel au ministère de la Jeunesse, et ensuite auprès de feu Boubacar Kanté, il occupera le poste de Directeur commercial de Syliphone. Après la fermeture de Syli phone, il sera affecté au ministère des Affaires étrangères, où il embrassera pendant quelques temps, la carrière diplomatique, en qualité d’attaché culturel à Lagos (Nigéria). Dia Aly Badara prendra sa retraite aux Affaires étrangères.
Sur le plan sportif, ancien international, Dia Aly Badara pour ses débuts, jouera dans l’équipe de son quartier Koulewondy, dénommée ‘’Vasco de Gama’’. Vite repéré, il prêtera à courte durée ses services à l’équipe de la section du 2ème arrondissement, et pour très longtemps à celle de la fédération de Conakry 1, le Kaloum star, où il portera le brassard de capitaine et vainqueur de 7 fois de la coupe PDG. Parmi les ‘’7 survivants’’ de l’épopée des jeux olympiques de Mexico 68, Dia Aly Badara a participé à plusieurs épisodes de l’histoire de la sélection nationale guinéenne des années 60-70. A cœur ouvert et à bâtons rompus, Dia Aly Badara nous entretient sur sa vie de footballeur, sa casquette d’administrateur culturel et celle d’anonyme diplomate. Dans cet entretien relevé par un nombre d’enrichissantes anecdotes, découvrez Dia Aly Badara, le footballeur et séducteur danseur.
Lisez !
Guinéenews : Bonjour doyen Dia Aly Badara. Vous êtes ex-international guinéen des années 60-70. Pouvez-vous dire à nos lecteurs, comment le football est devenu votre passion majeure ?
Dia Aly Badara : Vous savez pour tout gosse de Conakry, le football était et reste l’inséparable ami. Nous avions commencé très jeune dans notre quartier ici à Kouléwondy, et j’étais avec N’Dongo et plusieurs autres jeunes de notre âge. Nous n’avions pas joué dans la rue, et nous jouions en ces moments-là, où est implantée aujourd’hui la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), et c’était une aire de jeu. Nous étions encadrés par Nassirou M’Baye, qui formera un club dénommé ‘’Vasco de Gama’’, à l’image du club brésilien. Dans ce club, ont évolué beaucoup de jeunes de Kouléwondy à l’époque. Tout a commencé là, et ça a continué au sein de l’équipe du cours normal de Kankan, bien que je n’ai jamais accepté de jouer pour ladite fédération. Pour simple raison, que j’avais peur d’être blessé facilement, puisqu’en ce moment, les mentalités n’étaient pas les mêmes, et j’étais très soucieux pour la poursuite de mes études.
Guinéenews : Aucun surnom ou pseudonyme n’est collé à votre nom. Aviez-vous eu une idole à l’époque ou qu’est ce qui explique cette exception ?
Dia Aly Badara : Je n’aimais pas me faire coller des surnoms, et il y en a qui m’ont donné plusieurs surnoms, et qui n’ont pas subsistés. J’aimais beaucoup qu’on m’appelle par mon nom de famille DIA, bien que d’aucuns m’avaient surnommé ‘’Coutinho’’.
Guinéenews : A votre époque, vous aviez quand même apprécié des footballeurs d’autres horizons ?
Dia Aly Badara : A cette époque, je lisais beaucoup et j’étais abonné directement à la revue ‘’France Football’’, donc je connaissais déjà tous les grands joueurs, comme ‘’Edson Arantes Do Nascimento’’ ‘’Pelé’’, ‘’Garrincha’’ et tant d’autres. Je connaissais aussi l’évolution de l’équipe du Brésil, qui me plaisait beaucoup. Par ma négligence affichée, et mon désintéressement face aux surnoms, j’ai pu conserver l’entièreté de mon nom et prénom de famille, sinon je connaissais les noms de nombreux célèbres footballeurs de par le monde.
Guinéenews : De l’équipe ‘’Vasco de Gama’’ du quartier Kouléwondy, quelles ont été ensuite, les différentes autres étapes de votre parcours ?
Dia Aly Badara : Le football était bien structuré à l’époque en Guinée, par le parti au pouvoir. L’on évoluait de la base au sommet, et personnellement, j’ai joué pour le quartier Koulewondy, la section du 2ème arrondissement, ensuite la fédération de Conakry 1 dont, l’équipe portait le nom ‘’Kaloum star’’. J’ai été capitaine de cette équipe, qui m’a permis de soulever 7 fois la coupe PDG. C’est de l’équipe fédérale, que j’ai été sélectionné dans l’équipe nationale.
Guinéenews : Comme plusieurs autres joueurs de l’époque, vous n’étiez-vous pas passé par l’équipe nationale (B) avant d’intégrer l’équipe nationale (A) ?
Dia Aly Badara : Oui plusieurs sont passés par cet échelonnement, en passant par l’équipe B, avant d’être dans l’effectif de l’équipe A. Après mon retour de la France, pour mon stage pratique à Toulouse, j’ai commencé à jouer pour Conakry 1, et directement l’équipe nationale A. Dans cette équipe, j’ai remplacé automatiquement Dacky M’Bor, qui prenait sa retraite, à travers un jubilé, qui a été organisé à son honneur. J’ai des photos de ce match de gala, qui avait opposé la sélection des équipes de Conakry 1 et de Conakry 2, contre l’ex équipe nationale, qui était composée des regrettés Baratte, Pierre Bangoura et autres. J’ai donc remplacé Dacky M’Bor au poste de milieu de terrain, de relayeur offensif, puisque c’était le système de jeu (4-2-4), qui était mis en place par le staff des hongrois.
Guinéenews : Pouvez-vous nous décrire vos débuts dans cette sélection nationale (A), aviez-vous rencontré des difficultés à votre arrivée ?
Dia Aly Badara : Nos débuts furent très difficiles, puisqu’on nous acceptait pas facilement. Les plus vieux qui étaient là, nous critiquaient de gauche à droite, et nous traitaient de tous les noms d’oiseaux.
Guinéenews : Soyez plus clairs, et nous sommes curieux de connaître ces quelques détails, qui ne sont maintenant qu’à l’actif du passé ?
Dia Aly Badara : Ce n’est non plus pas méchant, ce que je raconte, et c’est du vécu. Par exemple, quand vous perdez des objets en ces temps à l’internat, gare à toi si tu réclames les objets perdus. Un jour, j’ai dit à feu Maxime, face à ces situations, comment allons-nous faire avec ces vieux ? Il m’avait répondu « on se tait » (rires). Une sorte de jalousie régnait entre nous les nouveaux venus et les anciens. On avait une confiance absolue des entraineurs Hongrois, qui n’ont pas connu ces types de mentalités africaines. Toutes nos chances, reposaient sur l’appui de ces entraineurs hongrois, qui comptaient beaucoup plus, sur nous les plus jeunes à l’époque. Il y avait un système de jeu mis en place, et je n’étais pas le seul à l’appliquer, mais je l’appliquais mieux que les autres.
Guinéenews : A vous entendre, et puisque plus jeune dans la sélection, et qui maîtrise mieux le système de jeux, cela veut dire que des mesquineries ou jalousies étaient parfois dirigées contre vous ?
Dia Aly Badara : Ce sont des faits réellement vécus, que je vous raconte, et j’en ris à pleine gorge, quand je me rappelle de tout cela. Une fois, je me rappelle, quand on devrait aller à Dakar pour un match retour contre le Sénégal, il y avait eu un petit coup monté contre moi, en disant aux entraineurs, qu’il ne faut pas que j’aille à Dakar, puisque je suis sénégalais d’origine. L’entraineur Hongrois est venu me le dire à l’internat dans son habituel français, soit disant que je fais de la politique entre la Guinée et le Sénégal. Ensuite, il m’a dit que si je ne suis pas du voyage, il ne partira pas. L’entraineur soulignera le même problème lors de la dernière réunion tenue à la villa, et présidé par le Président feu Ahmed Sékou Touré. Ce jour, feu Sékou Touré exigera mon voyage avec l’équipe. Arrivé à Dakar, un membre de la Fédération décidera de m’exclure du classement, donc je n’ai pas joué ce match dont, malheureusement la Guinée avait perdu.
Guinéenews : Sur le plan africain et international quelles sont les compétitions auxquelles vous aviez participez ?
Dia Aly Badara : Sur le plan africain, j’ai participé à beaucoup de matchs internationaux, dont je ne peux même plus me rappeler de tous. Il y a eu plusieurs matchs aller et retour. Sur le plan international, ce sont les jeux africains de Mexico 68, qui furent, si j’ai bonne mémoire ma dernière compétition. C’est après 1968 que j’ai quitté le terrain, disons, j’ai définitivement raccroché.
Guinéenews : Pouvez-vous nous dire les principales raisons qui vous ont fait abandonner le football ?
Dia Aly Badara : Vous savez un moment, j’ai pensé à ma famille. Je suis l’aîné, le premier garçon, et il faudrait bien que cherche à travailler, pour supporter les plus jeunes, avant qu’ils ne retrouvent aussi la voie. C’est ainsi, quand feu Boubacar Kanté m’a fait la proposition de travailler avec lui à Syli phone, je n’ai pas tardé à l’accompagner dans cette aventure professionnelle et laisser le football. Néanmoins, Maître Naby venait souvent me chercher, pour accompagner l’équipe au compte de la direction technique.
Guinéenews : Vous dites-avoir remporté par 7 fois en tant que capitaine, la coupe PDG en compagnie du Kaloum star de Conakry 1. Vous conviendrez avec nous, qu’une rivalité qui ne disait pas son nom, régnait entre les équipes fédérales de Conakry 1 (Kaloum star) et de Conakry 2 (Hafia football club). Pouvez-vous nous raconter quelques souvenirs de quelques rencontres que vous gardez de ces houleux derbies d’antan ?
Dia Aly Badara : Je me rappelle d’un fait qui s’était passé lors d’un match de finale de coupe PDG, entre Conakry 1 et Conakry 2. C’est dans les vestiaires que j’avais remarqué, une ressemblance au niveau des maillots. Nous étions habillés en maillots rayures de couleur marron, et bleu chez l’équipe de Conakry 2. J’ai voulu m’approcher de l’arbitre Maitre Gadirou, qui venait de Kindia, pour attirer son attention, et il m’a refoulé du coup, puisque tous les arbitres me traitaient de revendicateur. C’est vers la 8ème minute de jeu, que le match fut arrêté par le délégué du match, qui était un membre du BPN (Bureau Politique Nationale). Il fallait faire changer de maillot à une équipe. Les débats furent houleux, et aucune des équipes ne voulait changer de maillot. Sinon les règlements ce jour étaient en notre faveur, puisque c’est Conakry 2 qui recevait. Le match a failli être annulé à cause du changement de maillots. C’était des moments de hautes tensions, entre les équipes et entre les supporters.
Guinéenews : Nous prenons du goût à vous entendre raconter ces anecdotes, qui entourent les matchs entre Conakry 1 et Conakry 2. Relaxez-nous encore avec une autre anecdote, qui fera surement plaisir à nos nombreux lecteurs ?
Dia Aly Badara : (rires) Je m’étais donné l’habitude en entrant sur la pelouse, de toucher à chaque fois le gazon. Les supporters de Conakry 2 avaient eu la même habitude d’interpréter mon acte, et ils disaient ceci : « pour l’un, il a mis quelque chose et pour l’autre, il a pris quelque chose… ». Après le passage de l’équipe, il fallait voir comment les gens fouillaient mes traces sur le gazon. Cela me faisait tellement rire, et mon seul insignifiant acte là, déstabilisait et l’équipe et les supporters pendant des minutes, et troublait même le démarrage de la rencontre. Conakry1 contre Conakry 2, c’était comme Barcelone-Réal Madrid d’aujourd’hui.
Guinéenews : Olympien en 1968 à Mexico, comment vous aviez accueilli personnellement votre sélection, au sein de ce groupe très relevé à cette époque, et quels étaient vos principaux atouts ?
Dia Aly Badara : Je ne fus pas surpris du fait de faire partie de cette sélection car, sans modestie aucune, je le méritais. J’étais très intelligent, et je savais que c’était un atout. J’assimilais très bien les tactiques de jeux, proposés par les entraineurs. De toutes façons, j’étais toujours rassuré de pouvoir donner du bon à l’équipe.
Guinéenews : Vous aviez été butteur en sélection nationale ou au sein du Kaloum star ?
Dia Aly Badara : Ah oui, je marquais beaucoup de buts et en sélection, qu’au niveau du Kaloum star de Conakry 1. Les coups de tête étaient des dons pour moi. Je faisais des dribles aussi, sauf que les frappes n’étaient pas mon goût, puisque la force de frappe n’était pas au rendez-vous. J’ai toujours aimé les une-deux pour marquer, ou pour faire marquer par des passes décisives.
Guinéenews : Quels sont les matchs de poule auxquels vous aviez participez à Mexico, et qu’est-ce que vous aviez ressenti après la défaite guinéenne, contre le Mexique, surtout que vous étiez entré en seconde période ?
Dia Aly Badara : Contre la France, je n’ai pas joué, par ce que j’avais extrait une dent qui m’avais douloureusement fatigué depuis Conakry. Je suis entré en seconde mi-temps contre la Colombie, et même contre le Mexique, match que nous avions perdu. Je me rappelle encore, de tout ce qui s’était passé ce jour. On pouvait conserver le match nul vierge, obtenu pendant les 45 premières minutes, si l’acte de Zito à la mi-temps face à maitre Naby, et l’expulsion de Petit Sory n’avaient pas eu lieux. Les jeux olympiques, c’est extraordinaire, c’est formidable, j’aurais souhaité vraiment continué la compétition avec mon équipe.
Guinéenews : Contre le Mexique, confirmez-vous que feu Soumah Mamadouba ‘’Zito’’ a volontairement déclaré forfait après la pause, et si oui, y a-t-il eu des sanctions à son encontre au retour de l’équipe à Conakry ?
Dia Aly Badara : Oui, feu Mamadouba ‘’Zito’’ Soumah avait surpris tout le monde, en ôtant son maillot et refuser de jouer. Je le confirme pour avoir vécu les faits et pour la suite, je n’ai pas appris qu’il y a eu des sanctions à son encontre à notre retour.
Guinéenews : Pourtant c’était au temps de la Révolution, et elle était ‘’exigence, multiforme et globale’’ et vous comprenez le reste ?
Dia Aly Badara : (rires) Oui je comprends bien ce que vous voulez insinuer, et ce que chacun pouvait s’attendre en cas de désobéissance, aux directives du parti. Mais à l’époque aussi, quand on vous surprenait en train de fuir le pays, là c’est autre chose et demandez à Chérif Souleymane, il vous donnera plus de détails (rires). Et quand vous perdiez aussi un match à l’extérieur, revenir à Conakry, il faut s’attendre à tout. Une fois, nous étions en phase de préparation d’une compétition, et la décision d’aller jouer un match amical au Libéria, fut prise subitement par l’instance supérieure. C’était pour la commémoration de la fête d’indépendance du Libéria. Personne ne pouvait dire non, et ce n’était pas vraiment le moment indiqué pour de telles rencontres. Le déplacement fut effectué sur le Libéria, et malheureusement, le match s’était soldé sur une défaite. C’est arrivé à l’aéroport, que j’ai été informé de l’accueil qui sera réservé à l’équipe, en direction du commissariat central. J’ai confié mes bagages à mon informateur, qui était bagagiste, et j’ai pris la poudre d’escampette. Les autres joueurs avaient passé la nuit au commissariat central. De pareils cas se passaient le plus souvent, et pendant que la lutte continuait sans relâche.
Guinéenews : Plus de 60 ans en arrière et qu’est-ce que ce fameux football vous a-t-il apporté ?
Dia Aly Badara : Ce n’est pas beaucoup et c’est difficile en Guinée qu’on pense aux footballeurs. On parle de ce que nous avions fait à notre époque, on nous fait à la limite des louanges, et ce n’est pas tout le monde qui se rappelle de nous, comme vous le faites là, et c’est Dieu qui va vous payer. Ça fait honneur et plaisir, de voir ce bas peuple vous acclamer à chacune de vos sorties. Ce peuple aime ses héros, et cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est à l’Etat de revoir toutes ses situations alarmantes. La fois dernière au stade de la mission, après tant d’années, quand je me suis vu applaudi, congratulé en compagnie de N’Dongo et de Baidi Aribot, c’était vraiment beau, et ces actes de reconnaissances, nous sont venus droit au cœur. De l’argent, je n’en ai pas eu durant ma carrière et c’était l’époque qui s’accommodait, et tant mieux.
Guinéenews : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le football guinéen, et suivez-vous son évolution ?
Dia Aly Badara : Je crois qu’il faut laisser l’actuel sélectionneur travailler. Il a entamé un processus, et donnons-lui le temps. Une équipe ne se bâtit pas en un jour. Il a fait des résultats lors de la dernière CAN (Coupe d’Afrique de Nations), et nous espérons qu’il ira de l’avant. Je ne viens pas au stade, mais j’écoute de temps à autres les matchs à la radio. Sauf que, je me retrouve difficilement, avec quelques-uns de cette nouvelle génération de reporters sportifs, qui m’ennuient à l’écoute.
Guinéenews : Pour quelles raisons, vous ne vous retrouvez pas avec ces reporters sportifs, et comment l’ennui vous gagne-t-il à leur écoute ?
Dia Aly Badara : Ces jeunes reporters mélangent tout. Le reportage d’un match, doit être simple et bien précis. Lors de la narration, il faut situer l’auditeur qui est à la maison et qu’il se sente même au stade. Cela doit être un film pour l’auditeur. Ce sont tous ces manquements aux règles de narration, qui me découragent à suivre la totalité des reportages. Ces reporters sportifs, attirent peu mon attention.
Guinéenews : A la retraite peut-on savoir quelles sont actuellement vos occupations au quotidien ?
Dia Aly Badara : Je viens à la mosquée pour mes prières, je m’occupe de ma petite famille, et j’écoute de la musique.
Guinéenews : Parmi tous ces loisirs, vous préférez la musique. Qu’est-ce que la musique vous procure ?
Dia Aly Badara : La musique me procure de la joie, du plaisir, et une sensation extraordinaire. Il y a près de 2 ans, j’écoute maintenant la kora. La kora vous transporte, elle crée un autre monde autour de vous. Les regrettés M’Bady Kouyaté et Soundiouloun Cissoko me fascinent à l’écoute.
Guinéenews : Assez d’observateurs autour de vous, martèlent que vous êtes un danseur hors pair, et que répondez-vous ?
Dia Aly Badara : Evidemment je danse bien, et c’est tout. Je peux créer, surtout quand il s’agit de la musique cubaine que j’adore. Avec la musique cubaine, je me sens bien et je m’amuse. Ah ! Ils n’ont pas menti et à chaque chose son temps.
Guinéenews : Avions appris que vous êtes convalescent, pouvez-vous nous décrire votre état de santé ?
Dia Aly Badara : J’ai une prostate, et je vais souvent à Dakar pour le suivi et le contrôle, afin de s’assurer de l’évolution ou non de la maladie, et c’est Dieu seul qui sait, l’autre là, c’est pour quand (rires).
Guinéenews : Comment se passe votre prise en charge ?
Dia Aly Badara : J’assure ma propre prise en charge, et j’ai des gens biens qui m’aident souvent. Cela fait quelques années, que je ne suis pas allé pour ces contrôles, et il faudra coûte que coûte, que j’aille revoir mes médecins et par quels moyens ?
Guinéenews : La Guinée est qualifiée pour les jeux olympiques d’été de Paris 2024. Il y a 56 ans vous étiez au Mexique dans le même cadre, et qu’est-ce que cette seconde participation représente pour vous ?
Dia Aly Badara : Je me suis réjouis de cette qualification des jeunes à ces jeux olympiques. C’est intéressant de voir la Guinée, revenir dans une telle compétition après tant d’années. J’ai seulement peur de la sélection définitive, qui va être faite, et il ne faudrait pas qu’ils changent de cap. Vous savez en Guinée, le plus souvent, dès qu’il y a une qualification pour une compétition, chacun vient proposer son joueur, et c’est finalement le sélectionneur, qui endossera les conséquences de ces pratiques révolues. Le sélectionneur doit être ferme, rigoureux et respectueux des principes. C’est une fierté pour la Guinée de participer aux jeux olympiques.
Guinéenews : Le plus beau souvenir que vous gardez de Mexico 68 ?
Dia Aly Badara : Il y a beaucoup de souvenirs de Mexico 68 qui me reviennent. Disons en somme, c’est de voir tout ce monde réuni autour de ces jeux. L’organisation, les rencontres entre autres ont laissé de beaux souvenirs. Personnellement, après l’élimination du Syli national, je ne me suis plus intéressé aux compétitions d’athlétisme, parce qu’après le football, c’est mon sport favori. J’ai pratiqué l’athlétisme à l’école primaire, le secondaire et au cours normal, et je faisais le saut en hauteur. Les souvenirs des jeux olympiques de Mexico ne finiront jamais.
Guinéenews : Comme l’a dit l’autre, vous faites partie aussi du groupe restreint des ‘’7 survivants’’ de cette fabuleuse épopée’’ de Mexico 68. S’il fallait le refaire, cette fois-ci en simple observateur, et ne serait-ce que pour vous rendre une partie de votre monnaie, que diriez-vous à l’Etat guinéen ?
Dia Aly Badara : Tout dépendra de l’Etat, moralement c’est à eux de voir et de prendre la bonne décision. Il est difficile aujourd’hui pour nous, de se mettre devant l’Etat pour leur faire reconnaître nos bienfaits, pour la nation guinéenne. Moi personnellement, je ne sais pas comment le dire à l’Etat, pendant que tout le monde voit, et est au courant de ce que nous avions été, et ce que nous sommes aujourd’hui. Ceux qui sont là aujourd’hui, sont tous responsables, ils sont ministres, présidents, secrétaires généraux et quoi d’autres, c’est à eux que revient cette responsabilité morale de penser aux autres. Sinon le contraire même pourrait décourager les jeunes, qui sont actuellement applaudis. Pourquoi cela arriverait, et simplement par ce qu’ils vont se mirer sur le sort qui nous est réservé actuellement. Allez vivre les jeux olympiques d’été de Paris 2024, je pense qu’ils le feront peut-être.
Guinéenews : ‘’Peut-être’’, cela veut dire que vous êtes dans l’incertitude de voir se réaliser ce voyage qui sera historique pour vous ?
Dia Aly Badara : Je ne crois même pas (rires), je ne vois pas de signes apparents, qui concourent à la réalisation de ce projet, puisqu’en Guinée, une aussi facile chose se transforme en gigantesque projet. A part vous, qui est venu en parler avec nous, je n’ai vu personne. Je me pose la question de savoir, est-ce que ça intéresse quelqu’un d’autres. Alors à l’Etat de prouver le contraire et de faire face.
Guinéenews : Avez-vous un dernier message à livrer ?
Dia Aly Badara : On est là encore vivants, et dites aux autorités de s’occuper de nous, de nous donner les moyens d’aller faire nos visites médicales. C’est tout ce dont on a besoin, et demandons à cet âge avancé. Le reste, c’est Dieu qui est au contrôle. Je vous remercie pour cet entretien, qui m’a permis de me relaxer, de faire revenir le passé, et de m’imprégner de l’actualité à travers vos questions bien fouillées, qui m’ont redonné de la joie.
Guinéenews : c’est à nous de vous remercier pour votre disponibilité, à l’occasion nous vous souhaitons longévité et meilleure santé.