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Que sont-ils devenus ? Bella Sadio Barry, un champion d’Afrique qui broie du noir

De feu Alkaly Daffé, premier médaillé d’or avec des moyens dérisoires aux premiers Jeux africains de Brazzaville à d’autres boxeurs guinéens qui ont ramené d’autres trophées, Bella Sadio Barry  fait partie de cette noble famille sportive. Capitaine à la retraite, champion de Guinée, champion d’Afrique, plusieurs fois médaillé de bronze, d’argent et d’or, il a reçu votre quotidien électronique Guineenews©  à son domicile au quartier Wanindara dans la commune de Matoto.

Il est né en 1946 à Ley Miro, dans la préfecture de Pita. Il est le fils de feu Yéro Malal et de feue Fatoumata Sall. Il est marié à 4 femmes et père de 17 enfants tous vivants dont 9 filles et 8 garçons.

Ce champion de box, n’a jamais frotté une tenue sur une table banc d’école. C’est à travers la boxe, qu’il a intégré l’école militaire.

Revenu de Lagos en 1973, champion d’Afrique (médaille d’or-catégorie Walter), sous pression de feu Toumany Sangaré, ministre des Sports d’alors, Bella Sadio Barry a été intégré dans l’Armée guinéenne. D’un grade d’Adjudant-chef proposé par feu Ahmed Sékou Touré, corrigé par la hiérarchie supérieure de l’Armée guinéenne, Bella Sadio Barry, sur ses épaules, se retrouve Sergent-Chef.

 A l’Ecole Militaire Inter Armes, il obtiendra ses diplômes de CAT1, CAT2 et finalement son Brevet Inter armes (BIA), qui lui a permis d’être officier supérieur.

Bella Sadio Barry va passer 15 ans à l’Ecole Militaire Inter Armes, pour ensuite se réorienter au sein du Bataillon Autonome des Troupes Aéroportés (BATA).

C’est là que son destin bascule. Suite aux évènements du 2 et 3 février 1996, Bella Sadio Barry sera arrêté, jugé, condamné à 3 ans de prison ferme, puis radié de l’armée guinéenne.

Dans cette interview, découvrez la vie de ce champion, ce guinéen en or qui broie du noir. Lisez

Guineenews© : Comment êtes-vous venu à la boxe ?

Bella Sadio Barry : J’ai débuté en 1964 à Conakry et précisément à la Permanence de Madina Marché dans la section du 5ème arrondissement d’antan, où il y avait une salle d’entrainement de boxe, dirigé par notre maitre du nom de Bah Mandiou. J’ai commencé à boxer dans la catégorie poids mouche (50 Kg). Ensuite, je suis venu successivement dans les catégories poids coq (54 kg), poids plume (57 kg), poids léger (60 kg), poids super léger (63.5 Kg) enfin, j’ai eu ma médaille d’or dans la catégorie Walter.

Guineenews© : Bella Sadio Barry a été retenu dans la sélection nationale de Boxe. Comment tout cela est arrivé ?

Bella Sadio Barry : Vous savez, en ce moment, pour appartenir à la sélection nationale, il fallait être le meilleur dans sa catégorie à partir d’une compétition qui servait de sélection. J’ai été sélectionné meilleur boxeur d’antan dans la catégorie plume (57 kg).

Guineenews© : Retracez-nous votre parcours sur le plan national et africain ?

Bella Sadio Barry : Sur le plan national, on pratiquait la boxe amateur. Il y avait peu de compétitions au niveau de la boxe. Sur le plan africain, on organisait des matchs amicaux et quelques matchs internationaux étaient toujours programmés, quand il s’agissait de préparer les compétitions africaines. J’ai boxé sur plusieurs rings en l’Afrique de l’Ouest. Quelques pays socialistes, amis de notre pays, venaient souvent en Guinée pour des préparatifs notamment l’Union Soviétique, l’Allemagne Démocratique, la Chine, le Cuba et tant d’autres.

Je vais vous souligner que j’ai effectué durant ma carrière, 107 combats dont 18 défaites aux points. Je n’ai jamais été vaincu par K.O ou par arrêt de l’arbitre.

Guineenews© : parlons de votre consécration survenue à Lagos. Champion d’Afrique catégorie Walter, et médaillé d’or, pouvez-vous nous rappeler ce combat ?

Bella Sadio Barry : Je me rappelle de ce combat comme si c’était hier. C’était le 16 janvier 1973 à Lagos. Avant la finale, j’ai eu tout d’abord 4 victoires contre un Burkinabé, un Algérien, un Ougandais et un Sénégalais avant d’affronter en finale le Ghanéen du nom de Koffi.

En demi-finale, le sénégalais m’avait donné un terrible coup de tête sur le visage et qui occasionna une grave blessure. Vu la gravité de cette blessure, d’aucuns parmi la délégation guinéenne, voulaient que je déclare forfait pour la finale. J’ai même dit, si je dois mourir, je n’abandonnerais pas la compétition. C’est ainsi que j’ai vaincu ce ghanéen aux points et j’ai arraché la médaille d’or de ma catégorie.

Guineenews© : dites-nous après ce triomphe, quels étaient vos récompenses ?

Bella Sadio Barry : J’ai été beaucoup félicité et reçu comme un héros à l’aéroport de Conakry. Vous savez que nous avions à notre temps travaillé pour la patrie. Quand même une prime de 20 000 Sylis était octroyée à chaque boxeur vainqueur. Pour le cas de Lagos, à partir de mes 5 victoires, j’ai perçu 100 000 sylis à mon retour.

Guineenews© : détenez-vous toujours vos différentes médailles obtenues pendant les compétions ?

Bella Sadio Barry : Non ! Ma première médaille d’or est restée au niveau du Responsable suprême de la Révolution après sa présentation. La seconde médaille obtenue au niveau de l’Armée, a été récupérée par feu Général Toyah Condé, qui était Chef d’État-major général de l’armée à l’époque. Je n’ai pu garder que la troisième médaille que j’ai offerte à mes épouses pour qu’elles en fassent au moins des boucles d’oreilles (rires).

Guineenews©  : Bella Sadio Barry se sent-il abandonné aujourd’hui ?

Bella Sadio Barry : Ah ! La vérité est bonne à dire, j’ai été abandonné. Tout ce temps-là, personne n’a pensé à moi.

A l’arrivée de son Excellence le ministre Béa Diallo, il m’a fait appel et j’étais au village. Si vous m’avez trouvé chez moi aujourd’hui, c’est à cause de son invitation. Je me suis déplacé avec un de mes fils et malheureusement on ne l’a pas rencontré en personne car, il a effectué le déplacement pour le Cameroun. Mais il avait laissé des consignes (sourires aux lèvres). La bonne nouvelle est qu’à partir de cette fin du mois et jusqu’à ma mort, j’ai droit à une prime de 5 000 000 GNF par mois. Je le remercie infiniment et j’attends son retour pour lui serrer la main et lui faire des bénédictions.

Guineenews© : ancien boxeur à la fois ex-officier supérieur de l’armée guinéenne, dites-nous comment vous avez intégré l’armée ?

Bella Sadio Barry : C’est au retour de Lagos après avoir obtenu la médaille d’or, que j’ai intégré l’armée. Au fait, j’avais eu plusieurs propositions pour aller boxer en professionnel. Les autorités un moment ont douté et c’est ainsi que feu Toumani Sangaré, ministre des Sports d’alors pour me retenir a fait la proposition au feu Camarade Ahmed Sékou Touré, de m’intégrer au sein de l’armée afin de m’empêcher de voir ailleurs.  Le président Sékou Touré a accepté et il a proposé de me donner le grade d’Adjudant-chef. La hiérarchie supérieure de l’armée lui a fait comprendre, que ce n’est pas possible avec ce grade, sinon cela risquerait de faire des mécontents. Finalement, je fus engagé comme Sergent-chef, avec affectation pour la formation à l’Ecole Militaire Inter Armes, qui était dirigée par feu Capitaine Mamadou Baldé. C’est là où j’ai effectué ma commune de base, et obtenu successivement mes diplômes de CAT 1, CAT 2 et le Brevet Inter Armes (BIA). J’ai passé 15 ans à l’Ecole Militaire Inter Armes et finalement, j’étais instructeur bien qu’au départ, j’avais voulu m’orienter très tôt au BATA (Bataillon Autonome des Troupes Aéroportés). C’est après le décès du feu Président Sékou Touré que j’ai changé de corps pour revenir au BATA.

Le destin reste inévitable et c’est suite aux évènements du 2 et 3 février, que je fus arrêté, jugé et condamné à 3 ans de prison ferme ensuite radié de l’armée guinéenne avec le grade de Capitaine.

Guineenews©  : intéressez-vous actuellement à la boxe guinéenne et quels conseils avez-vous à donner à la jeune génération ?

Bella Sadio Barry : Le seul conseil, c’est de prendre le courage et être patriote. Je suis aujourd’hui rassuré que tout ce qu’on fait pour son pays est noble et ce n’est pas une perte. J’encourage les jeunes boxeurs d’assurer la relève.

Guineenews© : ils sont nombreux les garçons sous votre toit. Y a-t-il parmi eux qui ont suivi vos traces ?

Bella Sadio Barry : Oui, j’ai trois de mes garçons qui font la boxe. Le premier à s’engager dans ce sport est gendarme, il s’agit de Mamadou Samba Barry qui a ramené tout récemment 6 médailles dans les compétitions. Il y a Ibrahima Sory qui vient de faire un combat professionnel et mon benjamin Alassana, a rejoint ses frères dans le même métier de boxe.

Guineenews© : racontez-nous après ces traversées, un beau et mauvais souvenir ?

Bella Sadio Barry : Je n’oublierai jamais le jour où, feu Président Ahmed Sékou Touré, m’a présenté à la promotion qui sortait de l’université après la formation idéologique. Ce jour au palais du peuple, tous de blanc vêtus, il m’a serré dans ses bras et m’a embrassé. C’est un beau souvenir.

Le plus mauvais fut ma détention, mon jugement, ma condamnation et ma radiation de l’armée guinéenne.

Guineenews© : des rivalités ou mésententes se dessinent au sein de la fédération guinéenne de boxe. Etes-vous candidat à la présidence si élection il y a lieu ?

Bella Sadio Barry : Je peux être candidat. Etre Président d’une fédération sportive n’importe laquelle, ce n’est pas de la force. Il faut maitriser le domaine et avoir un sens organisationnel pour le développement du secteur donné.

Guineenews© : peut-on dire aujourd’hui que Bella Sadio Barry est candidat potentiel pour diriger la boxe guinéenne ?

Bella Sadio Barry : Je suis prêt et c’est pour la première fois que je l’exprime au niveau de la presse. Je sais comment faire progresser la boxe guinéenne.

Guineenews© : qu’estce qui n’a pas été dit tout le long de cette interview, et que vous voudrez bien signifier à nos lecteurs ?

Bella Sadio Barry : Mon seul souci est l’avancée de la boxe guinéenne. Que cette nouvelle génération puisse nous apporter encore plus de médailles qu’avant. 

Interview réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews

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