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Que sont-ils devenus ? Almamy Labass Sylla, la relève assurée au sein du Bembeya jazz

Almamy Labass Sylla est un chanteur, interprète, compositeur et actuel lead vocal du Bembeya jazz national. Né le 26 mai 1965 à Kindia (Condéta), il est fils de feu Souleymane et de feue Maimouna Bah. Marié à une femme, il est père de 6 enfants dont 4 filles et 2 garçons.

Il effectuera ses études primaires à Condéta 2, celles secondaires à Wassou (Tafori), une partie du lycée au CER 8 novembre toujours à Kindia, et pour finalement rejoindre Conakry, pour continuer le lycée au CER 28 septembre (Commune de Kaloum). Suite à l’échec essuyé au niveau du baccalauréat, il retournera à Kindia pour s’inscrire à l’IPS, option Electricité Bâtiments (EB). Malheureusement, c’est à ce niveau qu’il va stopper les études pour se consacrer par la suite à l’apprentissage de la musique.

Votre quotidien d’information en ligne Guinéenews a rencontré Almamy Labass Sylla, chanteur leader du Bembeya jazz national de Guinée, à son domicile sis au quartier Bellevue marché dans la commune de Ratoma. C’est dans un cordial entretien, que cette autre relève de la section chant du célébrissime Bembeya jazz national, s’est livré aux questionnaires de votre serviteur de la rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’.

Lisez l’interview.

Guinéenews : Aujourd’hui lead vocal du célèbre Bembeya jazz national, notre quotidien d’informations en ligne, s’intéresse à vous par rapport à la musique. Dites-nous comment vous êtes-vous retrouvé là ?

Almamy Labass Sylla : je suis venu à la musique depuis le bas âge, c’était en 3ème année de l’école primaire. Je partais le plus souvent écouter la musique du Bembeya jazz, dans l’atelier de couture de Maître Adams. Tous les soirs au profit de l’écoute de cette musique, je séchais les cours, et attendais mes amis pour rentrer à la maison. Un jour, ce maître tailleur m’a secrètement suivi jusqu’à la maison, pour enfin dévoiler mon comportement à la famille. Je fus sérieusement corrigé ce jour. Pendant 2 semaines, ce tailleur ne m’a pas revu. C’est par la suite, qu’il est revenu à la maison pour me donner de l’argent et me prodiguer des conseils, sans pour autant me dire d’abandonner l’écoute, et plutôt pour me fixer des jours convenables en dehors des heures de cours. C’est à travers les chansons de Boubacar Demba Camara que je suis venu à la musique.

Guinéenews : Pouvez-vous nous décrire votre parcours musical ?

Almamy Labass Sylla : Après l’étape précédente, j’ai voulu en premier lieu intégrer le Dirou Band de Kindia. Mes parents s’étaient opposés à cela, selon leur conception de ce que représente la musique. Néanmoins, chaque fois que je venais en vacances à Conakry, je fréquentais les soirées du Kaloum star, de l’Atlantique mélodie et plusieurs autres formations de la capitale. C’est suite à mon transfert à Conakry, et en 1989, j’habitais dans le même quartier Matam que feu Petit Condé. Quand il a constaté l’amour que j’éprouve pour la musique, et il m’a directement confié à feu Kabinet Kouyaté ‘’Pegry’’, le frère ainé de feu Kèmo Kouyaté, avec lequel, j’ai longtemps travaillé. J’ai aussi fait le chœur en compagnie d’Hadja Aminata Kamissoko, sous la direction musicale de feu Kèmo Kouyaté ainsi qu’au sein des ‘’Amazones de Guinée’’. J’ai évolué aussi au sein du groupe les ‘’Héritiers de Sory Kandia Kouyaté’’, le ‘’Syli Authentique’’ avec Yaya Bangoura. Sur le parcours, j’ai un moment appartenu aux groupes de Fodé Kouyaté, Lèga Bah, Balla et ses baladins, Boiro Band national et Kèlèti-Inter de feu Papa Kouyaté. Voilà résumé mon parcours musical, avec tous ces ensembles musicaux et vedettes de la place.

Guinéenews : Comment aviez-vous intégré le Bembeya jazz national et en quelle année ?

Almamy Labass Sylla : J’avoue que j’ai longtemps embêté les divers membres du Bembeya, afin de pouvoir faciliter mon recrutement dans le Bembeya, puisque c’est mon orchestre de rêve.

Tout est arrivé lors d’une de nos séances de répétition, avec le groupe ‘’Kèlèti-Inter’’ de feu Papa Kouyaté. Mon téléphone avait longtemps sonné ce jour avec un numéro inconnu. Je n’ai pu décrocher l’appel, qu’à la fin de la répétition. Au bout du fil, c’était le doyen Sékou Bembeya qui m’invita à le rejoindre à domicile (Paillote). Arrivé, il me proposa d’accompagner l’orchestre Bembeya à Dabola pour la fête de Tabaski. Avec respect, j’ai décliné son invitation car, mon groupe aussi devrait se produire à Bissikirima (Dabola) pour la même fête. Il n’y s’opposa pas, et promettra de me revoir au retour de ces festivités. Mais après réflexion le même jour, je me suis dit que depuis mon enfance, le seul rêve était d’appartenir à cet ensemble et faut-il sauter ou rater cette ultime occasion ? Je me suis retourné vers lui, pour qu’il parte contacter mon chef feu Papa Kouyaté. Démarche faite, feu Papa m’a convoqué en me disant ceci « Petit, je te fais intégrer dans le Bembeya à partir d’aujourd’hui ». C’était le 16 septembre 2016 et je n’y croyais vraiment pas. Pour la suite, nous avons joué en spectacle au Palais du peuple et nous sommes allés jouer à Dabola où, j’avais repris les titres ‘’Ballakè ’’ et ‘’Festival national ’’. C’est donc le flair artistique du doyen Sékou Bembeya, et la magnanimité de feu Papa Kouyaté, qui ont été à la base de mon recrutement dans le Bembeya, soutenu bien sûr par quelques-unes de mes capacités au chant.

Guinéenews :  Racontez-nous vos débuts dans le Bembeya jazz national et aviez-vous rencontrez des difficultés, si oui, lesquelles ?

Almamy Labass Sylla : Mes débuts dans le Bembeya n’ont pas été du tout faciles. Vous savez le Bembeya c’est une véritable école de formation. Ma première difficulté, fut au niveau de la langue malinké, que je ne maitrisais pas du tout. Je me sentais plus à l’aise, qu’avec le répertoire de feu Youssouf Bah ‘’Youyou’’ (paix à son âme) chanter en langue nationale susu. Le doyen Sékou pour corriger cette imperfection, m’a confié au chanteur Monyonko Diabaté, aux doyens Georges Kanté et Ervé. Ils m’ont appris les mots et phrases des plus difficiles morceaux et j’écrivais incessamment. Malgré tous ces efforts du doyen Sékou Bembeya, je continuais à tâtonner pendant la pratique et ce qui l’irritais. Et son attitude là, me rendais anxieux. C’est ainsi qu’il me dira un jour « Si tu es parmi nous, c’est pour travailler. Dans le cas contraire, je ne serais jamais de ton coté ». Il avait même recruté et payé un danseur, pour m’apprendre les différents pas de danses de la section vocale. Ce sont toutes ces difficultés que j’ai rencontré à mes débuts au sein du Bembeya jazz national.

Guinéenews : Votre passage au sein du Bembeya jazz vous-a-t-il apporté de nouvelles expériences et pouvez-vous nous en parler ?

Almamy Labass Sylla : C’est évident, que j’ai acquis d’indispensables expériences au sein du Bembeya jazz national. Je vous avoue, que je ne savais pas distinguer les différentes gammes dans la musique. Je peux aujourd’hui déceler les fausses notes, et chanter parfaitement en harmonie avec les instrumentistes. J’ai encore de plus appris la discipline, et ce que c’est le travail en équipe. C’est énorme ce que j’ai appris et continue d’apprendre avec le Bembeya.

Guinéenews : Vous avez certainement trouvé d’autres chanteurs au sein de l’orchestre et tout jeune, quelles sont les critères qui vous ont propulsé pour être lead vocal ?

Almamy Labass Sylla : Tout cela est dû à la patience, au comportement et surtout l’acharnement au travail. Arrivé dans le Bembeya, j’ai pu mettre et les ainés, les cadets, les benjamins, chacun à sa place avec le respect dévolu. J’ai également chercher à apprendre tous les jours, en tendant l’oreille, pour écouter les sages conseils de tous les membres de l’orchestre, les fans et les mélomanes, afin de tendre vers la perfection. Il faut reconnaître, qu’il reste encore quand même beaucoup à faire.

Guinéenews : Loin d’être fouineur, pouvez-vous nous situer présentement sur vos différents projets à court, moyen ou long terme ?

Almamy Labass Sylla : Vous savez tout dépend du destin. Il y a longtemps que j’ai ma maquette qui comporte 15 titres, et pour faute de producteurs et de moyens, je n’ai pas encore pu matérialiser ce projet. Autre projet, je veux bien me lancer dans la formation des jeunes au chant. Présentement, ces jeunes sont ciblés et j’attends de réunir tout ce qu’il faut, pour réaliser ce projet qui me tient à cœur, pour pérenniser la musique guinéenne.

Guinéenews : Au sein du Bembeya jazz national et international, quelles touches particulières apportez-vous présentement à l’ensemble car, les mélomanes reconnaissent que vous êtes plus chanteur-interprète que compositeur ?

Almamy Labass Sylla : C’est vrai que j’interprète beaucoup les anciens titres du Bembeya. Tout récemment, le doyen Sékou Bembeya a demandé à chaque chanteur, de livrer 2 chansons pour un enregistrement studio. J’ai fourni les titres ‘’Kola’’ et ‘’Nènawa’’ extraits de ma maquette de 15 titres, et que nous jouons le plus souvent. Pour l’instant, je suis dominé par le programme du Bembeya et on verra la suite.

Guinéenews : Vous maîtrisez la plupart des compositions de feu Youssouf Bah ‘’Youyou’’ (paix à son âme), ex-chanteur des Sofas de Camayenne et du Bembeya jazz national. Que retenez-vous de lui et quelles étaient ses principales qualités ?

Almamy Labass Sylla : J’ai aimé personnellement Grand ‘’YOU’’ du fond de mon cœur. Cet amour s’est amplifié, quand j’ai compris qu’il était sur les traces de mon idole feu Boubacar Demba Camara. Je venais le suivre pendant les répétitions, et son timbre vocal était sensationnel. Il savait occuper la scène et imitait parfaitement Demba. Ses compositions musicales avaient des contenus exceptionnels. C’est un grand chanteur-orchestre qui nous a quittés et paix à son âme.

Guinéenews : le concert ‘’Regard sur le passé’’ est un chef d’œuvre. Comment vous êtes-vous  forgé à maîtriser les différentes partitions au chant de ce concert ?

Almamy Labass Sylla : Comme je vous l’ai déjà dit auparavant, il a fallu de l’aide pour me permettre de comprendre les phrases et leurs contenus. J’ai longtemps tâtonné avant de maîtriser les partitions au chant de ce concert. Pour l’anecdote, un jour j’ai entonné le chant, et par la suite le doyen Sékou a arrêté la musique et a tenu sa tête, tellement que c’était médiocre. C’est pendant la nuit tardive, que je m’attendais à l’exercice d’apprentissage des différentes partitions de ce grand concert. De fil à aiguille, je me suis mis au travail pour en arriver là aujourd’hui.

Guinéenews : Après 7 ans au sein de cet ensemble, quel regard portez-vous sur l’actuel Bembeya jazz, et quel avenir projetez-vous pour cet ensemble, pendant que plusieurs orchestres nationaux se rafistolent aujourd’hui pour renaître de leurs cendres ?

Almamy Labass Sylla : Je peux vous confirmer aujourd’hui, que le doyen Sékou Bembeya s’est longtemps mis à l’œuvre, pour préparer la relève au niveau de toutes les sections composant l’orchestre. Il nous laisse le plus souvent le temps de jouer sans lui, histoire de jauger le niveau atteint par le groupe. Je suis convaincu et je l’assume, que le Bembeya a encore de l’avenir sur le plan de la musique tant sur le plan national, continental, qu’international.

Guinéenews : Quels messages avez-vous à lancer aux jeunes, afin d’emprunter vos pas vers l’ascension ?

 Almamy Labass Sylla : C’est un conseil pratique que je donnerai à la génération actuelle. Il faut oser exploiter le riche folklore guinéen. Oser aussi venir jouer en live pour la perfection. Les boîtes à rythmes sont certes la technologie de cette époque. Essayer et parvenir à jouer les instruments de musique, est un atout majeur pour la relance de la musique guinéenne. Il faut aussi que les jeunes soignent le contenu de leurs chansons. Ils doivent abandonner les sujets pervers, qui n’ont aucun sens d’éducation à l’écoute. En finalité, ils doivent se mettre au travail bien accompli.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews

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