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Que sont-ils devenus ? A la découverte de l’univers d’artiste de Dyéli Sayon Kouyaté‘’ : ou le choix entre l’amour et la mort

Dyéli Sayon Kouyaté est musicien, chanteur, auteur et compositeur. Surnommé ‘’ L’homme ambiance’’, il est né à Soumbalako (Mamou). Marié, Dyéli Sayon est père de plusieurs enfants, dit-il, sans pour autant nous en indiquer le nombre. Pour son âge, il affirme sans exactitude qu’il avoisine près ou plus de la cinquantaine. C’est aussi cela ‘’L’homme ambiance’’, qui dévie aussi sa filiation en ces termes « Le contenu de mon extrait de naissance est connu partout au niveau de la presse et passons à autres choses… ».

Dyéli Sayon à cause de la distance, qui l’éloignait du centre et de l’école, n’a pas pu suivre ni ses études et non la pratique du football. Fervent religieux, il maîtrise le coran, et il est constant pratiquant.

Dans cette interview, et dans son habituel franc parler, Dyéli Sayon Kouyaté avec éloquence, nous plonge dans son univers d’artiste. Il nous dépeint ses débuts et son parcours, sa discographie… en somme tout ce qui intéresse sa vie de musicien, chanteur, auteur et compositeur. Accrochez-vous chers lecteurs, et très bonne découverte de ‘’L’homme ambiance’’.

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Guinéenews : Issu d’une famille griotte et tout au début féru du ballon rond, détourné du football au profit de la musique, relatez-nous vos débuts et votre parcours ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Comme je vous l’ai déjà signifié, il était difficile pour moi de me consacrer uniquement au football, vu les distances qui me séparaient de ces lieux. Je me suis donc tourné vers l’école coranique. J’ai appris la musique à travers mon oncle paternel, du nom de feu Amadou Koumi, qui m’a offert ma première guitare. Auprès de lui, j’ai appris à jouer et à chanter. J’animais au village plusieurs cérémonies de réjouissances. Ma célébrité s’accentuait, et les demandes pour les prestations devenaient constantes. Quand je suis arrivé à Conakry, à la paillote, j’ai été épaulé par feu Maître Kèlètigui Traoré, pour un enregistrement au niveau de la radio. Et j’ai été franchement motivé pour ce début par El hadj Mangué Soumah et Bakodaye Diaby. Leurs appréciations m’ont encouragé et je me suis mis à l’œuvre pour la suite, et 5 albums ont vu jour.

Guinéenews : ‘’L’homme ambiance’’, comment avez-vous eu ce pseudonyme ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Au fait, je joue à la guitare, je chante et danse pour animer mes soirées. A cette époque, j’animais plusieurs soirées dans les permanences et maquis de la capitale (Momo Liberté, Dixinn gare-Kèwèrè, Bellevue, Bonfi…). Et à chaque soirée dansante, je créais de l’ambiance dans les différentes salles d’animation. ‘’ Ambiance ko galani Kanyè’’. (Littéralement traduit en français, ‘’l’ambiance signifie ‘’les cornes de l’or’’. Je vous informe que le nom de ‘’Carrefour ambiance’’, que porte l’arrêt entre le pont Kaporo et Lambanyi, a vu jour à travers mes animations dans ce coin. Un monument devrait être aménagé en mon nom et à mon vivant à ce carrefour. Je suis toujours « l’homme ambiance » que vous avez devant vous.

Guinéenews : Peut-on connaître le nombre de vos albums produits sur le marché du disque ?

Dyéli Sayon Kouyaté : J’ai réalisé jusque-là 5 albums. Je peux citer les titres tels que: ‘’ Foutah Djallon’’, ‘’C’est ça’’, ‘’ Fidyiden’’, ‘’ Gidho no walla’’, ‘’ Fewdarè’’. Il y a un sixième et malheureusement, je ne me suis pas compris avec le producteur. J’ai aussi composé un morceau qui est purement politique.

Guinéenews : Quelles sont les difficultés au premier plan que vous rencontrez dans l’exercice de ce métier de musicien ?   

Dyéli Sayon Kouyaté : Vous savez tout se résume à une question de chance. Le succès, c’est Dieu qui le donne et il est soutenu par le travail bien fait. J’ai rencontré pas mal de difficultés dans le parcours. J’ai eu des difficultés liées à l’encadrement, à la jalousie ainsi qu’au niveau des producteurs. Entre le producteur et l’artiste, existe un contrat qui doit être strictement respecté par les deux parties. S’il y a des défaillances et qu’une partie se sent lésée, des embarras se feront sentir. C’est un business, je gagne et tu gagnes aussi. Voilà pourquoi, l’Etat doit s’ingérer pour protéger l’artiste.

Guinéenews : Vous avez un style de chant et de rythme tout à fait particulier, comme beaucoup d’autres artistes, que l’on reconnaît aux premiers sons. Avez-vous eu une idole qui vous a marqué dans ce domaine ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Je suis un griot de souche, je suis Kouyaté. Je n’ai pas eu d’idoles, je débrousse mon propre chemin, et plusieurs chanteurs d’ailleurs s’inspirent de mes œuvres. Il est difficile de tracer un chemin, et d’empêcher d’autres de suivre ce passage. Je suis auteur, compositeur et je garde mon propre style de chant, ainsi je continue à valoriser mon identité à travers mes diverses compositions.

Guinéenews : Plus de combien d’années de musique, une famille à nourrir et peut-on savoir d’où proviennent vos sources de revenus ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Je continue à vous faire savoir que je suis né griot. Considérer à compter le nombre d’années de musique depuis ma naissance. Ce qui inquiète, c’est d’avoir un métier. Moi, Dyéli Sayon, je n’ai aucune inquiétude à ce sujet. Pour mes sources de revenus, je ne suis pas encore à la retraite et je continue mes prestations. Je vis de mes prestations, des gestes de mes nombreux fans et du droit d’auteur, que je perçois avec le BGDA (Bureau Guinéen des Droits d’Auteurs).    

Guinéenews : A plusieurs reprises dans ce pays, on a constaté que Dyéli Sayon affichait une couleur politique. Etes-vous un artiste engagé ou êtes-vous un politicien ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Personne n’est attaché pour venir chanter la politique. Je ne suis pas le seul dans cette pratique. Je suis politicien à ma manière. Réussir des compositions musicales est une autre politique de raccordement des idées. Réunir une famille, dire la vérité aux uns et mentir aux autres, pour la stabilité de la famille, est une autre politique. Épouser deux à trois femmes et savoir les gérer, est une autre science politique, car nous n’avons qu’un seul cœur, difficile ou impossible à partager entre plusieurs.

Guinéenews : Porter un foulard ou un habit de couleur jaune d’antan, était un acte d’appartenance politique oui ou non ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Porter cette couleur jaune ou autres couleurs n’est pas interdit. Je suis un citoyen guinéen, et chacun a le droit de choisir son bord politique. Posez-moi autres questions et quittons cet ornement.  

Guinéenews : ‘’Avancez ! Approchez !’’ des onomatopées du genre, qui procurent le plus souvent du goût à vos différentes chansons. Qu’est-ce qui vous incite vers ce genre de style, ou de tournure d’expression qui vous réussit ?

Dyéli Sayon Kouyaté : J’ai compris et retenu ce qui me plait en matière de communication musicale. Le meilleur guinéen est celui qui fait plaisir à l’écoute, ce n’est pas celui qui fait pleurer tout un monde. Si mes onomatopées font plaisir, et comme tant d’autres qui l’ont fait, bien que je ne le fasse pas dans toutes les compositions musicales, Dieu merci. Je conseille sans onomatopées les jeunes à respecter les parents, les dirigeants.    

Guinéenews : Avez-vous des projets à l’instant ou pour le futur ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Là où nous sommes assis, je représente moi-même un projet. (Il entonne du coup une chanson). Je me réserve pour l’instant et je continue ma patience. Je ne suis pas à la retraite, vous êtes devant des personnalités, qui veulent bien s’engager pour la continuité. Je pense que je dois accélérer.

Guinéenews : Quelles sont vos relations avec cette jeune génération de musiciens pastoraux, qui s’affirment tant bien que mal et qui tentent de ravir la vedette à votre génération ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Si toutefois cette génération se penche pour nous rivaliser, je pense que ce n’est pas la bonne option. Les anciens demeurent toujours au-devant de la scène. J’ai toujours eu de très bonnes relations avec la génération actuelle. Ils n’ont qu’à suivre ce chemin déjà tracé par les aînés.  

Guinéenews : Sur votre parcours, parlez-nous de votre meilleur souvenir et celui le plus mal vécu ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Mes meilleurs souvenirs, sont les différents accueils que j’ai eu pendant tous mes voyages effectués en Guinée et ailleurs. Pour les mauvais souvenirs, et si je ne me trompe, même le prophète (PSL) a connu de mauvais souvenirs. On ne souhaite jamais avoir de mauvaises souvenances. Se faire porter de tels bagages sur la tête est un inutile fardeau. Mon souci majeur est de m’accorder avec tout le monde, sans avoir de mauvais souvenirs.

Guinéenews : Pleins d’artistes malades ne parviennent pas à assurer leurs propres prises en charge. Comment expliquez-vous cet état de fait ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Ecoutez, nous avons tous de la renommée, c’est l’argent qui nous manque. Cet argent ou cette fortune ne nous sera pas légué par les imams ou autres personnalités. C’est le gouvernement qui doit penser à nous. Depuis toujours, il y a eu des ministres de la culture. Il faut que ces commis de l’Etat arrêtent de se servir des artistes. Si nous comptons aujourd’hui parmi les artistes, le nombre de démunis est plus nombreux que les nantis. Comment voulez-vous que ces artistes, avec de pauvres moyens, parviennent à assurer leurs prises en charge ? Ce n’est pas possible.

Guinéenews : Pour aider et venir au secours des artistes, une convention a été signée entre NSIA-BANQUES et le BGDA du côté du gouvernement d’antan, pour des prises en charge. Qu’en pensez-vous ?

Dyéli Sayon Kouyaté : J’ai adhéré à cette convention, et j’ai ma carte. Je vous dirais aujourd’hui, que j’ai été déçu par le fait que des vas et viens sont nombreux dans le circuit pour n’aboutir qu’à rien. Certainement que d’aucuns ont été satisfaits, mais jusqu’à présent je n’ai pas confiance à la procédure mise en place. Il ne sert à rien de faire marcher un malade sans le satisfaire.

Guinéenews : En vous souhaitant meilleure santé, sur scène entre l’habit traditionnel et autres styles d’habillement que préférez-vous arborer ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Chaque peuple à son mode d’habillement. Les temps qui courent, on peut s’habiller selon le contenu du chant, le rythme et plusieurs autres éléments. J’ai été un moment critiqué du fait que je portais des vestes. Je crois qu’il n’est pas interdit de cumuler les modes. Actuellement, je porte plein d’habits traditionnels et cela n’empêche pas le besoin de m’habiller autrement. Même l’être humain est un mixage. Vous avez des dents blanches, un nez, des oreilles, des yeux et quoi d’autres.

Guinéenews : Donnez-nous votre point de vue sur l’actuelle musique guinéenne ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Les époques diffèrent et ne se ressemblent point. La musique est un problème de goût et de temps. Aujourd’hui, il y a plusieurs variétés musicales dans notre pays et dans le monde. Je dirais que la musique guinéenne du temps passé est différente de celle d’aujourd’hui du côté conception et réalisation. La musique guinéenne actuelle avance mais il lui manque une vitesse.   

Guinéenews : Quelle est cette vitesse qui manque à la musique guinéenne ?

Dyéli Sayon Kouyaté : La seule vitesse manquante est celle arrière, c’est-à-dire le retour à la source. Il faut éviter les emprunts, pour exploiter à fond nos folklores riches et variés.

Guinéenews : Le Podha a pris de l’ampleur dans le pays, il se joue et se danse de plusieurs manières lors des soirées. C’est devenu aussi un lieu, où s’évertuent les artistes, pour dégarnir les poches et portefeuilles à travers des chansons de louanges. Quels conseils avez-vous à donner à cette jeune génération pour cette pratique qui dénature ce genre musical ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Appelons cette pratique, le gain de l’argent facile. Plusieurs fans, me donnent de l’argent aujourd’hui à travers mes œuvres qu’ils ont appréciées. Cela ne veut pas dire que j’en demande perpétuellement lors de mes prestations. Je conseillerais à tout un chacun, de fournir plus d’efforts dans le travail, afin de propulser plus haut le Podha, qui ne mérite pas cette ‘’dévastation’’.

Guinéenews : Pour clore cette interview, nous allons vous soumettre 3 questions. Qu’est-ce que le succès, la richesse et la mort ?

Dyéli Sayon Kouyaté : Le succès est un triomphe. La richesse pour moi est une entre-aide et il faut penser aux autres. La mort ou l’amour ? Ah si c’est la mort, ce n’est pas maintenant là. Qu’elle s’éloigne au plus vite de nous. Je n’ai aucune définition concernant la mort.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour le compte de Guinéenews.

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