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Prolifération et méfaits des dos d’âne : à qui la faute en cas d’accident ?

Pour rester dans le strict langage technique, nous dirons qu’au lieu de dos d’âne, ces ouvrages sont plutôt des ralentisseurs. A proprement parler, cela s’enseigne à l’auto-école. Là, pour commencer, on propose aux apprenants une définition du ‘’cassis ou dos d’âne’’. On explique qu’un cassis est un creux et un dos d’âne une bosse. Cela permet à la fois de comprendre le sens du terme, mais aussi de connaître la règle qui s’applique à la vue de l’aménagement désigné.

Il est vrai qu’un endroit ainsi configuré sur la chaussée fait forcément monter et descendre le véhicule, ce qui induit de facto, l’idée de secousse. En même temps, il oblige nécessairement à ralentir pour le franchir.

La règle fixe la vitesse à 30 km/h. Un seuil que maints pays à travers le monde ont en partage. Au-delà, on risque d’abîmer les amortisseurs du véhicule. S’il n’y a que ça !

Les ouvrages qu’on rencontre chez nous sont des ralentisseurs de type dos d’âne. Dans les conditions normales, leur implantation obéit à des règles précises déterminées par les services compétents du ministère des transports et exécutées par les ingénieurs des TP.

Ce tandem est le seul qui a l’habilitation et l’aptitude nécessaires en la matière. Il s’agit d’infrastructures qui sont strictement normalisées, contrairement à l’idée qu’on se fait ici.

Les dos d’âne, ainsi désignés dans le langage courant chez nous, ne doivent pas constituer des points de destruction des véhicules qui les franchissent. Or, c’est bien cela qui se produit, dans ce qu’il convient d’appeler, sans exagération, un véritable fourre-tout.

N’importe qui peut fabriquer un dos-d’âne

Chacun se targue de faire ce qu’il veut. Vous verrez un simple citoyen se disant menacé d’accident depuis qu’une route passe devant chez lui, se décider à construire un dos d’âne. Juste pour corriger ou discipliner les conducteurs qu’il juge trop pressés à son goût. Un autre en fait de même pour enfouir et cacher les tuyaux ou câbles qu’il veut faire passer sur la chaussée pour alimenter sa maison en eau ou en électricité. Le voilà qui l’incise de part en part, en ouvrant un long et profond sillon pour enterrer ses raccordements. Un dos d’âne est vite fabriqué pour cacher tout cela.

Et personne n’en parle

« La route appartient à qui ? Est-ce que c’est pour le père de quelqu’un ? N’est-ce pas pour le gouvernement ?  Qui alors pour en dire un seul mot ? » Ce sont là quelques-unes des réflexions aigres-douces que l’on entend énoncer à la ronde. Et le ton en dit long sur la volonté d’en découdre avec le premier ‘’escroc’’ qui a le toupet d’ouvrir la bouche. Et notre bonhomme réunit ce qu’il faut comme  »ingrédients » et le tour est joué ! Il a bâti son dos d’âne et il en est fier.

L’ouvrage s’avère nuisible à la circulation

Pendant ce temps, au lieu d’un ralentisseur bien signalé qui pousse à réduire la vitesse sans casser le véhicule, il a plutôt construit un mur infranchissable fait de blocs de pierre mal équarris, recouverts de béton. Et cet ouvrage est placé n’importe où, même aux endroits strictement défendus.

Il détruit prématurément le réseau routier

Ainsi commence la destruction du réseau routier dont la durée de vie est affectée, de façon irrémédiable. Les coups que donnent les véhicules contre le mur au moment de le franchir déstabilisent celui-ci, progressivement. L’eau stagne et s’infiltre tout autour de l’infrastructure hasardeuse et rustique. Ce qui ravine la chaussée et provoque des trous. Peu de temps après, le bitume construit à grands frais, s’effiloche et se détruit.

Quoique fugace, un espoir quand même!

Le FER (fonds d’entretien routier) s’active depuis un certain temps à lutter contre ce phénomène. Les résultats, pour l’instant, semblent mitigés, au regard de ce qu’on observe.

Des effets collatéraux nuisibles existent

Sur un tout autre plan, les lieux d’implantation des dos d’âne en rase campagne, servent de poste de guet-apens pour les coupeurs de route. Convaincus que les chauffeurs y freinent inévitablement, ils s’y camouflent pour s’attaquer aux voyageurs.

Que d’accidents et de dégâts matériels en ces lieux !

A tous les aspects évoqués ci-avant, s’ajoute celui des nombreux accidents qui se produisent en ces lieux. Dans cette panoplie, nous incluons les chutes, les renversements et les dégâts matériels. Tout véhicule qui arrive devant ces dos d’âne, c’est comme s’il escalade un mur. Ses roues avant se butent contre la maçonnerie surélevée et remontent avant de retomber. Ce processus de montée-descente se répète avec les roues arrière.

Même à vitesse réduite, les amortisseurs, la suspension et même les pneus et jantes sont éprouvés. A pleine charge, c’est tout le bas du véhicule, de l’avant à l’arrière, qui prend le coup.

On imagine aisément ce qui peut advenir si l’allure est forte. Ces dos d’âne façonnés par des mains inexpertes font chuter tous ceux qui s’y heurtent. Des motocyclistes tombent à la renverse, des véhicules aussi. On enregistre des cas de morts et de blessures graves, sans compter d’importants dégâts matériels.

A qui la faute, en cas d’accident

Nous nous répétons à dire que nous sommes en présence d’un ouvrage construit sans l’aval des autorités compétentes en la matière. Il ne répond pas aux critères d’installation définis et à la qualité requise.

C’est dire qu’il constitue donc un obstacle à la pérennité du réseau routier et à la sécurité de la circulation.

De plus, il n’est pas signalé. Pas de panneau, pas de marquage au sol. Si fait qu’on s’y heurte subitement, sans préavis, surtout si on n’est pas un familier de la route.

Quand c’est la nuit, les risques et les conséquences sont encore plus évidents.

Notre collègue Alidjou Moribadougou Sylla a rapporté un cas d’accident mortel fort illustratif concernant un motocycliste quinquagénaire qui s’est renversé la nuit, sur un dos d’âne aménagé à l’orée de la ville de Yomou.

Les conclusions de cet accident ont abouti à un excès de vitesse et au non port de casque protecteur. Parlons-en un peu. Un dos d’âne est construit sans signalisation. C’est la nuit et la zone de l’accident n’est pas éclairée. Ledit dos d’âne est forcément imperceptible au moment des faits. Le motocycliste vient percuter cet obstacle non signalé. Il se renverse et meurt.

En pareil cas, comment prouver qu’il était en excès de vitesse ? Le défaut de casque s’entend. Cela a pu occasionner son décès par traumatisme crânien. Sa tête, non protégée, ayant heurté directement le sol.

On peut tout aussi bien se demander si le même accident se serait produit en l’absence de ce fameux dos d’âne, non signalé. Mais, nous ne jugeons pas ! Notre rôle s’arrête au report des faits. Là, ils  semblent têtus. Le bâtisseur de l’ouvrage en cause ne nous semble pas exempt de reproches. A lui de faire en sorte que la liste des victimes en ce lieu, se clôt définitivement.

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