Au sortir de la première plénière de la session des lois qui se tient actuellement à l’hémicycle, votre quotidien en ligne a tendu son micro à Dr Deen Touré, président du groupe parlementaire Alliance républicaine. Le patron des députés de l’UFR à l’Hémicycle a cru nécessaire de s’exprimer sur les différents projets de loi soumis au parlement pour examen et adoption ainsi que sur d’autres sujets d’actualité comme l’arrestation de Mohamed Touré (fils du premier Président guinéen, Sékou Touré) et son épouse aux Etats-Unis.
Guinéenews.org© : vous sortez d’une plénière qui a porté sur l’adoption des conventions et accords de financements de certains projets. Quel commentaire en faites-vous et quel a été l’apport de l’Union des Forces Républicaines, votre parti ?
Dr Deen Touré : c’est vrai que depuis que nous avons fait la rentrée de la session des lois, c’est la première plénière consacrée au vote. Et vous savez que les votes sont précédés d’un moment d’explication de vote au niveau des groupes parlementaires. Il faut dire à ce sujet qu’au niveau de notre groupe parlementaire, nous avons catégorisé les différents accords. Parce qu’il y avait un groupe d’accords qui concernent l’agriculture, le développement de l’agriculture familiale, le développement de l’activité entrepreneuriale dans l’agriculture au niveau des jeunes et des femmes. Et aussi le développement de la vulgarisation de l’agriculture. Il y a un second groupe d’accords qui concerne l’interconnexion en termes d’électrification entre la Guinée et le Mali au sein de la CEDEAO. Et là aussi, c’est un sujet sous-régional dans lequel la souscription de notre pays est très importante en tant que pays fournisseur d’énergie, pays détenteur des plus grandes sources des fleuves comme le Niger, le Konkouré et d’autres. Donc l’UFR a été très associée à ces débats. Etant donné que c’est un objectif important du développement agricole dans la vision politique de notre parti. Surtout quand on va jusqu’à toucher l’agriculture familiale. Ce qui fait que les débats ont été enrichissants. Nous avons compris que c’est une question pertinente et ça été voté à l’unanimité. La deuxième chose, on s’est intéressé au secteur de l’interconnexion. Cela veut dire qu’on met les régions et les pays en contact dans la possibilité de vendre ou d’acheter l’énergie. Ce qui du reste est un commerce important. Nous produisons aujourd’hui de l’énergie, nous voulons en produire beaucoup plus parce que nous avons les potentialités. Il arrivera un jour où nous ne pouvons pas consommer notre énergie. Il faudra qu’on vende le reste parce que l’énergie ne se stocke pas. C’est pour cela que l’interconnexion est une activité très importante et qui peut nous rapporter beaucoup de choses. L’UFR a participé à ce vote aussi en même temps que les autres députés des groupes parlementaires de façon unanime. Il y a eu un accord important, c’est l’accord international sur le café qui est là depuis 2007 dans les tiroirs et qui n’a été voté finalement que le mercredi 24 avril. Je dirais peut-être par la négligence ou l’inobservance des règles qu’il faut. En tout cas, mieux vaut tard que jamais, cela été fait. Mais nous pensons que la Guinée doit prendre sa place dans la zone mondiale du café. Bien que notre production est encore très faible pour des raisons peut-être qui sont connues ou qui sont à connaitre. Mais nous avons ratifié cet accord aussi à l’unanimité des députés présents. L’UFR s’est réjouie de ces différents accords parce que ça touche directement le citoyen. Quand on parle du café ou du riz, c’est directement les citoyens guinéens, la famille, c’est notre consommation habituelle. Quand on parle de l’énergie, c’est vraiment un besoin crucial pour notre pays. C’est pour cela que ça été un moment où tous les députés, opposition et mouvance, ont voté ensemble. Bien entendu, avec des recommandations qui concernent les exécutions de projets et les capacités d’absorption de notre pays. Ce qui est lié naturellement à notre administration économique.
Guinéenews.org© : pendant cette session, vous allez aborder également des sujets importants tels que le code électoral et le code civil. A quoi peut-on s’attendre de la part de l’UFR ?
Dr Deen Touré : en ce qui concerne le code électoral et le code civil, ce sera vraiment les sujets les plus importants de cette session, à mon avis. Par le fait que le code électoral soit une loi organique, par le fait aussi que le code civil soit un ensemble d’articles et de textes qui régissent la vie à la base de la société guinéenne. Donc pour le code électoral, vous vous souviendrez qu’au moment où on le votait, l’UFR et son groupe parlementaire n’ont pas été favorables à un certain nombre de points. Et nous avons même dit qu’un seul point pouvait intoxiquer tout le code. Aujourd’hui, on se rend compte que ce code est devenu inapplicable en certains endroits et il faut le réviser. Ça été une recommandation, non seulement des institutions internationales, mais ça aussi été une recommandation forte et même une suggestion du gouvernement aujourd’hui. Nous attendons le projet en ce qui concerne le code nouveau ou révisé et le débat aura lieu. J’ai eu le contact tantôt avec le NDI qui nous a aidé à travailler sur le code électoral, qui a fourni un projet après avoir fait des concertations avec les parties prenantes, en particulier les groupes parlementaires à l’Assemblée nationale. Et je crois que ce sera un des débats importants. Et l’UFR sera toujours là pour défendre les citoyens parce que nous avons toujours dit que notre vision, c’est que chaque citoyen sente que ça bouge, que les effets des lois soient ressentis positivement et que cela soit profitable pour tout le monde. On ne peut pas faire une loi pour un parti politique, on ne peut pas faire une loi pour que des interférences en termes d’exercice du pouvoir aient lieu au niveau des localités à la base qui, en réalité, sont censées vivre sans trop de politique. C’est une question décentralisée, c’est une question des villages ou des quartiers, les gens sont ensemble. On dira que le contrat social suffit pour eux pour passer bien leur vie. Et le contrat social est antérieur à ces lois que nous connaissons aujourd’hui et qui sont susceptibles d’être modifiées de temps à autre.
Guinéenews.org© : nous avons appris qu’un projet de loi portant sur la lutte contre le terrorisme, qui porterait atteinte, en partie, à la liberté d’expression, a été soumis au parlement pour examen et adoption. Qu’en est-il ?
Dr Deen Touré : c’est vrai qu’il nous a été soumis un projet de loi relatif au terrorisme, mais nous n’avons pas encore fini de plancher dessus. Je dois vous dire que notre rôle à nous, en tant députés, c’est d’abord de faire tout pour que les libertés fondamentales soient protégées, c’est de faire tout pour que le citoyen soit, dans sa vie de tous les jours, conforme à nos lois qui existent. Et les lois ne viennent pas contre les autres lois. Aussi, il ne faut pas oublier que le terrorisme est un sujet important qui a fait que dans certains pays, on a touché à certaines libertés. Quand on doit lire aujourd’hui les textes des gens sur Internet, je me souviens que dans le passé, c’était confidentiel, c’était très privé. Mais ça commence à disparaitre petit à petit. Concernant notre pays, comme on n’a pas examiné ce sujet, je considère que vous avez attiré mon attention et je veillerai dans la lecture de la loi. Et nous savons très bien que notre rôle c’est de protéger les libertés fondamentales des citoyens de nos citoyens, de notre peuple. Mais aussi, de faire tout pour que cela se fasse dans la sécurité. Toute liberté qui peut nuire à la sécurité pose un autre problème. Donc, on n’a pas beaucoup d’idées là-dessus. Quand on sera dans les débats, on vous donnera beaucoup plus d‘informations.
Guinéenews.org© : il y a également un autre sujet qui fait actuellement assez de bruits, c’est l’appartenance ou non de Baïdy Aribot à l’UFR. Qu’en est-il exactement ?
Dr Deen Touré : je dois vous dire sincèrement que Baidy Aribot est un haut gradé de l’Union des Forces Républicaines. Et dans notre parti, il y a une voie pour arriver au parti, il y a une voie pour le quitter. En ce qui concerne le cas Baïdy, il n’a jamais fait une lettre de démission pour quitter le parti. Aussi, le parti n’a jamais exclu Baïdy Aribot. Ce qui veut dire que Baïdy Aribot est un membre à part entière de l’UFR. Il est membre du bureau exécutif de notre parti. Maintenant, vous savez, dans les formations politiques, il y a aussi des questions individuelles, des questions de groupe. Il y a ce que je dirais, des jugements de valeur, ça dépend. Tout cela existe dans les partis politiques. Pour ceux qui pensent qu’il n’est pas dedans ou il est exclu, il n’en a jamais été question. C’est vrai, j’ai entendu les gens en parler, mais il n’en a jamais été question. Baïdy Aribot est toujours de l’UFR. Si un jour, il y a un débat à l’interne, ce débat peut se mener. Mais ce que vous pouvez retenir, en tant que journaliste, comme tu me poses la question, je dis que notre parti est un parti de débats. Comme je l’ai toujours dit, les pensées sont diverses. C’est ce qui fait la force de ce parti. Donc, nous nous inscrivons tous dans ce cadre. Baïdy est donc toujours un membre de notre bureau exécutif, il est un membre de ce parti comme nous tous. Et nous aimons bien ce parti. Parce que c’est notre patrimoine. On a déjà beaucoup travaillé dedans et nous voulons amener ce parti loin. Je pense que nous le pourrons. A l’interne, des idées sont parfois différentes par moment, mais ce n’est pas du tout grave. L’UFR doit partir loin parce que c’est le patrimoine des gens qui sont décidés.
Guinéenews.org© : il y a actuellement deux citoyens guinéens en l’occurrence, Mohamed Touré, le fils du premier président guinéen et son épouse qui viennent d’être condamnés à 7 ans aux Etats-Unis pour esclavagisme. Comment réagissez-vous à cette condamnation ?
Dr Deen Touré : en tant que député et en tant que guinéen tout cours, voilà des Guinéens qui sont dans les mailles de la loi. C’est triste ! Parce qu’en tant personne humaine, c’est toujours un problème. Mais, je dois vous dire que je ne me donne pas le droit de commenter une décision judiciaire. Cela fait partie d’ailleurs de l’éthique en la matière. C’est pour cela que je leur dirais simplement courage. C’est comme cela la vie et on ne sait pas de quoi demain sera fait.
Propos recueillis par Guilana Fidel Mômou pour guineenews.org