Le beurre de karité est une substance comestible extraite des fruits du karité, un arbre qui se retrouve dans la savane guinéenne. Hormis sa consommation comme ingrédient dans la cuisine traditionnelle, le beurre de Karité a plusieurs autres utilisations dont celles industrielles.
A Kankan, la production artisanale du beurre de karité est une des activités génératrices de revenus pour de nombreuses femmes rurales qui ne cessent de se battre pour supporter le fardeau de la survie de leurs familles. Ce lourd fardeau que les chefs de ménage ont de plus en plus mal à soutenir.
C’est le cas par exemple des femmes de Soumankoï (district de la Sous-préfecture de Karifamoriah) et de Madinacoura (district Sous-préfecture de Batè Nafadji) qui produisent soit seule ou en groupe, le beurre de karité qu’elles revendent pour subvenir aux besoins vitaux de leurs familles respectives. Mais cela appelle à un dur labeur pour ces femmes.
N’na Kany Diallo, est une de ces nombreuses dames à Soumankoï, qui évolue depuis plus de trois décennies, dans la production artisanale du beurre de karité et sa commercialisation. Pour elle, le travail du beurre de karité est celui des braves.
« Il faut être assez vaillante pour évoluer dans la production artisanale du beurre de karité. Et cela va du ramassage des noix de karité en brousse à sa cuisson en passant par le décorticage, le broyage et son transport sur la tête», témoigne-t-elle.
Selon elle, ce travail est une question de vie ou de mort. En raison des nombreux enfants qu’il à nourrir, à vêtir et à entretenir.
«Avec le poids de l’âge et la fatigue de nos époux, nous sommes tenues à prendre la relève. Moi, j’ai huit enfants en charge plus mon mari qui n’a rien. Je suis donc obligée de me battre pour subvenir aux besoins de tout ce beau monde », affirme N’na Kany Diallo.
C’est quasiment la même situation à Madinacoura où des femmes, à la différence de celles de Soumankoï, évoluent en groupement et fabriquent le beurre de karité destiné aux marchés de Kankan. Hormis l’octroi par l’ONG Britanniques United Purpose (UP) d’une plateforme multifonctionnelle au groupement des femmes ‘’Fasso dèmen’’ qui littéralement traduit de la langue maninka, veut dire « aide ou appui au pays », ne bénéficieraient d’aucun accompagnement.
Mariama Kéita est la présidente dudit groupement à Madinacoura. Elle dit ne pas comprendre ce manque d’intérêt aussi bien des structures gouvernementales que celles non Etatiques. « Nous sommes dans cette activité de fabrication artisanale du beurre de karité depuis plus de cinq ans. Mais à vrai dire, nous travaillons dans des conditions assez pénibles. Aucun accompagnement ni du gouvernement, ni des ONG ne nous est encore parvenu à part l’aide d’UP à travers l’installation des plateformes multifonctionnelles dans notre village », déplore-t-elle.
Parlant des institutions de micro-finances notamment de la Mutuelle des Femmes Africaines (MUFFA), censée les accompagner dans leurs activités génératrices de revenus, Mariama Kéita affirme ne rien bénéficier de cette structure. «Nous avons entendu parler de la MUFFA qui serait créée pour soutenir les femmes. Mais elle n’est jamais venue chez nous ici », s’insurge-t-elle.
L’autre handicap, non moins important, selon les femmes du groupement Fasso dèmèn de Madiancoura, c’est la rareté de la clientèle. Ce qui les amènerait à écouler leurs productions de chaque année (productions qui oscillent entre 2 à 3 tonnes de beurre de karité), à vil prix. Parfois le kilogramme de beurre de Karité est vendu à 5 000 francs et en d’autrefois à 8 000 francs.
En dépit de tout, les femmes rurales de Kankan comme la plupart des femmes guinéennes sont à l’avant-garde du combat contre la pauvreté à travers des activités génératrices de revenus. Et c’est dans ce cadre que des femmes des districts de Soumankoï (Sous-préfecture de Karifamoriah) et de Madinacoura (Sous-préfecture de Batè Nafadji) s’investissent dans la production et la commercialisation du beurre de karité.
Cette denrée issue de la noix de karité, est très prisée ces temps-ci à cause de ses nombreuses vertus thérapeutiques, apprend-on.