La sous-préfecture de Dounet, située à une trentaine de kilomètres de la ville de Mamou, est réputée être une zone de production par excellence de la patate douce. Mais depuis quelques années, cette localité est devenue leader dans la production du piment, communément appelés ‘’Mamou Gbengbè, en dialect soussou’’ et du beurre (ou pâte) d’arachide.
Dans les différents districts de Dounet, plusieurs groupements féminins œuvrent activement dans le secteur agricole. Actuellement, l’heure est à la vente des produits mais aussi à la préparation des futures semences.
Hawa Doumbouya, une habitante de Dounet, gère trois groupements à Dindo, Dindeya et Dounet-Centre. Elle nous parle ici de la chaîne de production des piments : « nous faisons par rotation la culture de maïs, de la tomate, d’aubergine, d’arachide et du piment. Actuellement, nous préparons les semences avec les fruits qu’on achète au marché mais aussi nous payons les semences conditionnées dans des boites à 150000, 250000 voire à 300000 GNF puis nous préparons les pépinières. Nous achetons aussi des engrais à des prix variables entre 275000 à 350000 GNF, le sac… il y en a qui coûtent jusqu’à 35000 ou 40000 GNF, le sac. »
Pendant que les unes s’activent à la préparation de la production, les autres revendent le piment au marché hebdomadaire qui se tient tous les mardis à Dounet. Ce marché est très prisé par les acheteurs qui viennent de tous les horizons, Conakry, Kindia, Kankan, Labé et Siguiri.
Mariama Barry est, elle, productrice de piment dans la localité de Hamdallaye. Elle explique le processus de vente du piment à Dounet : « nous procédons à la cueillette du piment tous les lundis (à la veille du marché hebdomadaire de Dounet). Certains acheteurs viennent jusqu’au jardin. Nous leur vendons le panier (une mesure d’environs 7kg) à 80000 GNF. Si nous transportons les piments au marché, nous vendons le panier à 100000GNF ». La vente des piments peut offrir aux productrices 800 mille à 1 million de francs par semaine.
Parallèlement à la production des piments, d’autres femmes évoluent dans la production du beurre d’arachide. Elles sont 8 à Dounet à installer des plateformes équipées de machines qui transforment les grains d’arachides en beurre.
Néné Diarriou Barry, est une des productrices du beurre d’arachide, et emploie plusieurs autres femmes. Elle revient sur les différents mécanismes de cette activité génératrice de revenus : « j’achète les grains d’arachides à Dabola et dans les marchés hebdomadaires. Le prix du sac d’arachides varie de 400 à 600 mille francs guinéens suivant les périodes. J’emploie un groupe de femmes qui grillent les grains d’arachides dans un four. Ensuite, les grains cuits sont envoyés à la machine qui transforme les grains en beurre. Les femmes payent 10000 GNF à la machine pour remplir un bidon. Par semaine, nous pouvons produire 150 à 200 bidons de beurre d’arachide. Nous vendons le bidon à 300 000 GNF. Les clientes viennent tous les mardis de Conakry, Kindia, Dalaba pour acheter les bidons. J’embarque aussi des bidons pour des clientes installées à Conakry. Elles revendent la pâte et ramènent notre argent. »
A Dounet, nombreuses sont des femmes qui ont cessé de s’endetter auprès des Institutions de micro finances. Grâce à leurs activités, elles prennent en charge la scolarisation des enfants. D’autres disposent d’un parc à bétail composé de bœufs et des petits ruminants.
Parmi les problèmes qu’elles rencontrent, Dame Diarriou précise : « le détournement des fonds par certaines vendeuses qui disparaissent après avoir revendu les produits à Conakry. Il y a aussi des clientes qui mélangent des faux billets des vrais pendant les achats. Ici au village, il est difficile pour nous de distinguer les billets. Parfois aussi, nous rencontrons des arachides pourries dans les sacs que nous achetons dans les marchés hebdomadaires. Il y’a un autre problème qui ternit notre image. Dans certaines villes, les femmes utilisent des matériaux en plastique pour griller les grains d’arachides et le beurre qu’il en résulte, n’est souvent pas de bonne qualité. Pour avoir la bonne clientèle, elles disent que c’est du Dounet. A Conakry, certaines revendeuses augmentent la quantité du beurre d’arachide en le mélangeant avec de la farine de blé ou de l’huile de soja. Ce sont des pratiques que nous déplorons ».
Dans les perspectives, les productrices du beurre d’arachide envisagent de créer des emballages made in Dounet dans lesquels le produit va être conservé pour être vendu tout en gardant sa qualité.