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Procès du 28 septembre :  polémique autour de la comparution des témoins

Le procès des événements du 28 septembre 2009 a repris ce 12 novembre 2023. Tibou Kamara, ministre de la Communication aux moments des faits, est le premier à être appelé à la barre par le président du tribunal criminel de Dixinn. Le président a demandé à ce que tous les autres témoins se rendent dans une salle qui leur est réservée.
Mais à l’entame, Me Fodé Kaba Chérif,  un des conseils du Colonel Claude Pivi, a fait savoir que les témoins appelés vont mentionner le nom de son client, alors que celui-ci n’est pas dans la salle. Pour respecter le principe contradictoire du procès, il a demandé que ces dépositions ne soient pas faites en attendant que le ministère public lui dise où se trouve son client qui, rappelle-t-il, s’était constitué prisonnier à l’entame du procès en 2022.
Quant à Me Sylla Facinet, avocat de Toumba, il a demandé que soient appliquées les dispositions 417 et 418 du Code de procédure pénale,  parce que c’est la phase de production et de discussion des moyens de preuve. L’article 418 du Code de procédure pénale, dit-il, stipule que “le président ordonne aux témoins de se retirer dans la chambre qui leur est destinée. Ils n’en sortent que pour déposer. Le président prend  s’il en est besoin, toute mesure utile pour empêcher les témoins de conférer entre eux, avant leur déposition”.
« Monsieur le président, vous avez plusieurs témoins qui vont comparaître. Il y en a déjà qui se sont retirés dans la salle qui leur est destinée. Mais la question que l’on se pose, est-ce que le tribunal criminel est à même d’entendre tous les témoins aujourd’hui ? Et si ce n’est pas le cas, est-ce que les témoins ne vont pas conférer entre eux ? »
Il a ensuite évoqué l’insécurité dans laquelle se trouvent les avocats, après l’exfiltration des détenus à la Maison centrale : «Si avec une telle facilité on a pu accéder à la Maison centrale,  qu’est-ce qui garantit la sécurité des acteurs de ce procès que nous sommes ? Nous, avocats, sommes acteurs de ce procès au même titre que vous, les assesseurs, le ministère public, les greffiers qui ont à leur disposition, des agents qui assurent leur sécurité. Nous nous n’en avons pas, alors que cette question de sécurité se pose avec acuité. »
Me Jean-Baptiste Haba, dit Jocamey, avocat du capitaine Dadis, a indiqué qu’ils sont menacés et qu’ils n’ont pas accès à leurs clients, depuis le 4 novembre dernier : « Les avocats que nous sommes, sont menacés. Nous sommes dans une insécurité totale. Certains voient tous les jours, toutes les nuits, des véhicules autour de leurs domiciles. On ne sait pas pourquoi. Ils sont menacés d’enlèvement. Chacun le sait. Les avocats n’ont pas accès à leurs clients. Nous commençons une phase aussi importante qui devrait nécessiter que l’on prépare nos clients. Mais les avocats n’ont pas accès à ces derniers, qui sont détenus à la Maison centrale. Je le sais, parce que j’y étais le samedi passé où j’ai vu des procureurs fouillés, à qui on a demandé de déposer les téléphones ainsi que des enquêteurs. Si ceux-là ne sont pas épargnés, ça se complique. La maison de détention est remplie plutôt, des Forces spéciales et de gendarmes que de gardes pénitentiaires, alors même que légalement il appartient à la garde pénitentiaire d’assurer la sécurité au niveau de la Maison centrale. Et à supposer que cette garde pénitentiaire devienne défaillante, ce n’est pas parce qu’un avocat est défaillant qu’on va le remplacer par un forgeron. Il faut plutôt trouver les moyens pour assurer cette sécurité. »
Quant à Me Sidiki Bérété, il a dit qu’en embrassant la profession d’avocat, il a accepté les risques qui s’y rapportent. Et que lui il n’accepterait pas de se faire accompagner par un garde de corps, car, selon lui, cela équivaudrait à une surveillance.
Sur ce sujet, les avocats des parties civiles affirment que ce sont plutôt eux qui sont en insécurité, car c’est un des accusés qui est dans la nature.
Le président a suspendu l’audience pendant plusieurs minutes pour se prononcer sur la nullité soulevée par les avocats de la défense. À la reprise, le président du tribunal a rejeté la demande de ces avocats et ordonné la comparution des témoins pour leurs dépositions. Pour ce faire, l’audience est suspendue pour répondre à 15h.
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