Après le médecin légiste, Pr Hassane Bah, c’est le tour de Dre. Fatou Sikhé Camara, ancienne Directrice générale de l’hôpital national Donka de témoigner sur les événements du 28 septembre 2009. Elle comparaît ce 23 janvier 2024 devant le tribunal criminel de Dixinn en tant que témoin.
Dès l’entame de son témoignage, Dre. Fatou Sikhé a déclaré avoir été victime de diffamation, de calomnie, de maltraitance et de violences générales. “Aujourd’hui l’occasion m’est offerte de donner ma version des faits. Moi ici devant vous, j’ai échappé cinq fois à la mort”, a-t-elle indiqué, soulignant qu’elle a été victime d’incendie de son bureau, attaquée par la maladie à virus Ebola ou encore une erreur de diagnostic qui indiquait qu’elle est en phase terminale.
Revenant sur les événements du 28 septembre, Dre. Fatou Sikhé dira que l’hôpital national Donka a reçu 815 blessés dont 177 hospitalisés, et 32 cas de violences sexuelles.
“Nous avions des handicapés à vie. Les blessés avaient différentes lésions. 89 étaient des blessés par armes à feu, 389 par armes blanches, 3 cas de brûlure et 319 dont les lésions sont autres. Le jour du 28 septembre, dit-elle, 4 cas de violences sexuelles ont été enregistrés. Les autres cas sont arrivés par la suite.
Dans le témoignage de Dre. Fatou Sikhé Camara, il ressort que des agents des forces de défense et de sécurité se sont introduits dans l’enceinte de l’hôpital pour empêcher les médecins de soigner les malades. Mais l’ancienne Directrice générale de l’hôpital national Donka insiste sur le fait qu’aucun médecin ne lui a remonté cette situation et que personne n’a été empêchée de faire son travail.
“Nous avons vu des FDS autour de l’hôpital, mais moi j’ai mis cela au sens de la sécurisation de l’hôpital. Parce que souvent, dès qu’il y a des événements comme ça, ces agents viennent sécuriser les lieux. Pour ce qui est de leur entrée à l’hôpital, quand je suis arrivée dans mon bureau, j’ai entendu certains dire que les militaires sont entrés, voulant les empêcher de travailler. Ce que je reconnais en nos professionnels de santé, eux tous m’ont confirmé qu’ils les ont refoulés, qu’ils leur ont dit de partir et à aucun moment la tranquillité des soins n’a été interrompue. Aucun médecin ne vous dira qu’il n’a pas pu soigner un malade. Ceux qui sont entrés, ils ont envahi [l’hôpital], parce que tout le monde a eu cette information, mais les professionnels les ont refoulés et leur ont dit qu’ils vont continuer à soigner leurs malades. Mais personnellement, aucun militaire ne m’a abordée, aucun ne m’a menacée”, a-t-elle expliqué.
Sur le saccage de la pharmacie de l’hôpital, Dre. Sikhé est catégorique. Elle n’a jamais vu de désordre à la pharmacie et “nous n’avons pas été confrontés à une rupture”.