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Procès du 28 septembre : Confrontation tendue entre Mouctar Bah et Colonel Tiegboro

La première confrontation dans le procès des événements tragiques du 28 septembre 2009 au compte de la journée de ce 17 avril 2024 a débuté par un face-à-face tendu entre Mouctar Bah, correspondant de RFI et de l’AFP en Guinée, et le Colonel Moussa Tiegboro Camara, ancien Secrétaire général à la Présidence chargé des Services spéciaux, de la lutte contre la drogue et du grand banditisme. Cette confrontation a été marquée par une montée de tension, car Tiegboro semblait très en colère contre Mouctar Bah, qu’il considérait pourtant comme un ami.

Mouctar Bah a affirmé que tout a commencé quand le Colonel Moussa Tiegboro a donné l’ordre de charger, en vue de disperser les manifestants qui étaient à l’esplanade du stade du 28 septembre.

Le Colonel Moussa Tiegboro Camara a réagi avec véhémence aux accusations de Mouctar Bah, affirmant que ses propos étaient « de la contre-vérité pure et simple ». Il a contesté catégoriquement avoir prononcé le terme « charger » ce jour-là. Tiegboro a souligné l’absence de preuves tangibles pour étayer les allégations de Bah, arguant que ni les témoins présents ni les enregistrements audio ou vidéo n’ont corroboré ces affirmations pendant les 14 années écoulées depuis les événements : « Ce qu’il dit, c’est de la pure et simple contre-vérité. Je vais dire, charger par rapport à quoi ? J’ai dit chargé par rapport à quoi ? Qu’est-ce que « charger » signifie ? Bafoé (Ansoumane Camara, ancien directeur central de la CMIS, ndlr) était là, vous lui avez posé la question. Il a dit qu’il n’a rien entendu. Les images ont été diffusées ici, personne n’a entendu, les enregistrements audios ont été diffusés ici, personne n’a entendu. De plus, toute la presse était présente, privée et publique, y compris lui, et personne n’a exhibé ces propos au cours des 14 dernières années. Et dans son reportage le lendemain sur RFI, je n’ai rien entendu. C’est de l’affabulation pure et simple. Je vous le dis, monsieur le procureur, en termes de maintien de l’ordre, « charger » est un commandement qui comprend deux phases : un commandement préparatoire et un commandement d’exécution. Le mot « charger » ne signifie rien du tout, et je ne l’ai pas dit. Et même si je l’avais dit, les journalistes présents auraient enregistré cette partie. »

En réponse, Mouctar Bah a maintenu ses accusations, affirmant avoir entendu personnellement Tiegboro prononcer le terme incriminé, ce qui aurait déclenché l’usage de gaz lacrymogène. Il a insisté sur le fait qu’il se trouvait à proximité du Colonel au moment des faits : « Quand la foule est agitée, je vous jure que la tension monte, c’est après que Thiegboro a dit, main sur le Coran, ‘’charger’’. Je l’ai entendu et j’étais à côté de lui. C’est à ce moment que les tirs de gaz lacrymogène ont commencé. »

Une dimension personnelle s’est également immiscée dans cet échange tendu. Tiegboro a souligné la longue relation professionnelle qu’il entretenait avec Mouctar Bah, allant jusqu’à affirmer qu’ils étaient « ensemble depuis 14 ans », insinuant ainsi une forme de trahison de la part du journaliste : « Ce monsieur et moi, nous sommes ensemble depuis 14 ans. Nous nous croisons lors des réunions, dans les grandes rencontres. Il ne m’a jamais rien dit. Au début de ce procès, alors que nous nous rencontrions ici en tant qu’amis, il m’a dit qu’il allait témoigner contre moi. Le procès était déjà en cours depuis 7 mois. Je lui ai demandé ce qu’il allait me dire, alors qu’il affirmait qu’il n’y avait rien dans ce dossier. Il ne m’a jamais rien dit, malgré nos interactions régulières. Peut-être que notre amitié était hypocrite depuis le début, mais ce qui importe, c’est que ce qu’il dit est fondé. »

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