« Les coups d’État se sont multipliés en Afrique ces dernières années en raison de problèmes profondément enracinés. Pour éradiquer ce fléau, il est impératif de s’attaquer à ses racines. Les putschistes ne se limitent pas à ceux qui prennent les armes pour renverser un régime. Il est crucial de reconnaître que les véritables putschistes, les plus nombreux, sont ceux qui, sans être condamnés, manipulent les textes constitutionnels, usent de la ruse et de la tromperie pour se maintenir indéfiniment au pouvoir. Ce sont ceux qui, dans un jeu politique truqué, modifient les règles en cours de partie pour conserver leur emprise sur le pouvoir. Ce sont les véritables putschistes.’
Dans son discours livré ce jeudi 21 septembre 2023 à la tribune des Nations Unies, le président de la transition guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya s’est montré très tranchant sur plusieurs sujets. Dans un premier temps, il a abordé les raisons des récents coups d’État en Afrique, qu’il a qualifiés d’épidémie.
« Il est indéniable que le continent est actuellement touché par une vague de putschs militaires, en particulier dans les pays francophones d’Afrique subsaharienne. La communauté internationale condamne ces événements et impose des sanctions, mais elle doit également avoir l’honnêteté et la perspicacité de ne pas se contenter de dénoncer les conséquences, mais de s’intéresser et de traiter les causes sous-jacentes. Les coups d’État se sont multipliés en Afrique ces dernières années en raison de problèmes profondément enracinés. Pour éradiquer ce fléau, il est impératif de s’attaquer à ses racines. Les putschistes ne se limitent pas à ceux qui prennent les armes pour renverser un régime. Il est crucial de reconnaître que les véritables putschistes, les plus nombreux, sont ceux qui, sans être condamnés, manipulent les textes constitutionnels, usent de la ruse et de la tromperie pour se maintenir indéfiniment au pouvoir. Ce sont ceux qui, dans un jeu politique truqué, modifient les règles en cours de partie pour conserver leur emprise sur le pouvoir. Ce sont les véritables putschistes.
Je fait partie de ceux qui ont pris leurs responsabilités un jour pour éviter à notre pays de sombrer dans le chaos complet, une situation insurrectionnelle. À l’époque, aucune force politique n’avait le courage ni les moyens de mettre fin à l’imposture que nous subissions. La rectification institutionnelle que mes camarades d’armes et moi avons entreprise le 5 septembre 2021 n’était que la réponse à une situation chaotique qui avait gravement fissuré le tissu social et mis en péril la coexistence pacifique. Sans prétendre être exhaustif, nous considérons que les transitions en cours en Afrique sont le résultat de plusieurs facteurs, notamment les promesses non tenues, l’apathie du peuple et la manipulation des constitutions par des dirigeants plus préoccupés par leur maintien au pouvoir que par le bien-être collectif.
Aujourd’hui, les peuples africains sont plus que jamais éveillés et déterminés à prendre en main leur destin. Les inégalités persistantes issues d’une mauvaise répartition des richesses ont engendré une misère endémique qui rend la vie quotidienne de nos populations de plus en plus difficile. Ces inégalités font partie des causes profondes qui menacent la coexistence pacifique. Quand les richesses d’un pays sont concentrées entre les mains d’une élite, tandis que les nouveau-nés meurent dans les hôpitaux faute de couveuses, il n’est guère étonnant que de telles conditions conduisent à des transitions visant à répondre aux aspirations profondes du peuple », a-t-il déclaré.
Un discours du colonel Doumbouya, patron de la junte militaire guinéenne, qui sonne comme une réplique du berger à la bergère. Au lendemain du passage du président des États-Unis, Joe Biden qui a dénoncé avec véhémence les prises de pouvoir politique par les armes sur le continent africain.
Faut-il rappeler que du haut de la même tribune de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président Biden, dans son allocution du mardi 19 septembre, déclarait ceci :
»… Les présidents élus ont été destitués, renversés dans différents pays d’Afrique et ailleurs. Or, la démocratie est importante aujourd’hui plus que jamais. Nous sommes du côté de la CEDEAO, de l’Union Africaine et d’autres organisations internationales qui appuient le droit constitutionnel. Nous n’allons pas battre en retraite face à nos valeurs, nous défendrons la démocratie, notre meilleur outil pour relever le défi auquel nous faisons face de par le monde... »