Par Youssouf Sylla, analyste à Conakry.
Les partis politiques, y compris le plus lourd parmi eux en nombre d’adhérents, l’UFDG, avaient réussi à faire cause commune avec le Fndc, une structure de la société civile, au départ, dans le but de harceler le pouvoir pour qu’il renonce à son projet de modification de la constitution de 2010, en vue de permettre au Président en exercice de briguer un autre mandat.
Malgré tout, le pouvoir à réussi à faire adopter par référendum une nouvelle constitution, à mettre en place une nouvelle assemblée nationale et à permettre au Président Alpha Condé d’avoir la possibilité de briguer un autre mandat. Le tout avec l’absence assumée de l’opposition. Si le pouvoir peut s’estimer vainqueur de ce bras de fer, il n’en demeure pas moins que le processus était non inclusif et reposait sur un forcing tout aussi assumé.
A moins de deux mois de la présidentielle, le Fndc qui agissait jusque là par consensus, se déchire à la grande satisfaction du pouvoir, et ce dernier se voit ainsi débarrassé d’un obstacle de taille sur son chemin. Les partis autrefois solidaires se démarquent les uns des autres et chacun prend son chemin, sur fond d’affaiblissement du Fndc.
L’ufdg s’en est aussi démarqué, sans avoir discuté au préalable, des tenants et aboutissants de sa démarche avec les autres compagnons de lutte. Démarche relevant du realpolitik de l’avis de ceux qui pensent qu’en politique, chaque parti poursuit ce qu’il croit être de son intérêt dans une circonstance donnée.
Comme Alpha Condé, son principal opposant Cellou Dalein Diallo, s’engage aussi à aller à la présidentielle d’octobre prochain. S’il ne peut-être dénié à l’ufdg son droit naturel de participer à cette élection, la question se pose par ailleurs de savoir le sort qu ce parti réserve à présent à ses exigences de garantie d’une élection libre et transparente. Garantie jusque là posées comme condition de participation à la présidentielle. Autrement, la crainte de la politique de la chaise vide a-t-elle pesé dans la balance du jugement du parti au point qu’il decide cette fois-ci de passer outre l’exigence de cette garantie prealable?
Ensuite, dans le cadre de sa participation désormais actée, comment compte t-elle s’allier à d’autres formations politiques après sa sortie fracassante du Fndc ? Enfin sa décision de participation ne peut elle pas être analysée comme une reconnaissance tacite de la nouvelle constitution et de tout ce qu’elle comporte ?
Toutes ces interrogations font croire que le pari que vient de prendre l’ufdg est risqué face à un adversaire plus que jamais décidé à ne pas perdre, sauf cas de force majeure, la présidentielle.