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Pr Youssouf Camara parle des différentes pathologies qu’il traite à la médecine traditionnelle (Interview)

Pr. Youssouf Camara est doyen de la Faculté des Sciences de la nature, professeur des sciences botanistes et écologiste.  C’est à ce titre qu’il a effectué sa thèse de doctorat sur l’expérimentation sur un certain nombre d’éléments, notamment l’étude des secteurs botaniques et leur évolution dans le cadre de l’exploitation des ressources naturelles.

Quand on fait un tel travail, on évolue dans un certain nombre de domaines. Il ne s’agit pas de recenser les plantes, en procédant simplement à leur classification. Mais il faut savoir ce que les plantes peuvent dans la résolution des problèmes de l’Homme.

Dans cette interview exclusive qu’il a accordée à Guineenews, ce chargé des cours de Systématique, de Biodiversité, d’Écologie du paysage, d’Écologie végétale et d’Écologie des cours d’eau, initiateur d’une clinique de médecine traditionnelle à Bordo, dans la commune urbaine de Kankan, explique les vertus des plantes dans le traitement de plusieurs pathologies en proie aujourd’hui avec la santé de la population guinéenne et d’ailleurs.

Foncièrement attaché aux plantes médicinales sur lesquelles il travaille depuis plusieurs décennies, le Pr Youssouf Camara a ouvert une clinique de médecine traditionnelle reconnue par la Division médecine traditionnelle du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, avec un agrément au niveau régional datant de longtemps.

Guinéenews : parlez-nous, Pr Camara, des différentes maladies que vous traitez ? 

Pr Youssouf Camara : Bonjour, Guineenews ! J’interviens sur des maladies comme l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies des femmes, les cas de folie, des maladies de siècle et d’autres maladies compliquées comme le VIH Sida. Et j’ai de très bons résultats. J’utilise des documents comme celui-ci.

(…) C’est un livre très connu, mais pas connu dans nos milieux. Il traite des plantes parasites. Et il y a des médicaments qu’on appelle parasites. Les parasites médicaments sont des plantes qui sont parasites chez d’autres plantes et qui sont utilisées comme médicaments. Les champignons peuvent être des parasites. Les plantes ligneuses peuvent être des parasites. Par exemple, en Soussou, on parle de *wouri gnani ou de *yiri ladon en Maninka. C’est un parasite. Quand on l’utilise dans le traitement des maladies, ce parasite devient médicament.

Aussi, il y a des plantes parasites du sol. En Soussou, on les désigne par l’appellation *bökhi bögnè. Ces plantes ont une inflorescence en couleur rose, avec une ressemblance avec l’ananas.

Mais il est en chinois, ce document…

Oui, justement ! Je lis le chinois. Je l’écris. Et je le parle. J’ai défendu ma thèse de doctorat en chinois, le 10 juin 1999, à l’Université Sun Yat-sen, dans la ville de Guangzhou.

Sur quoi portait votre thème de Doctorat ?

Le thème portait sur l’étude des secteurs végétaux et floristiques du Gang Le, un jardin botanique de cette université. Alors, on a étudié les différents secteurs botaniques. Puis, nous avons procédé à la détermination de la biodiversité et l’utilisation de cette biodiversité.

Évidemment, le processus consiste à vous apprendre comment on fait l’inventaire, comment on fait les études écologiques des secteurs et comment orienter les ressources que l’on a à ce niveau, mais aussi comment ces ressources peuvent être utilisées dans la résolution  des problèmes humains. Notamment au point de vue médical, environnemental, artisanal ou économique. Donc, il y a des voies qu’on vous indique comment on peut déterminer les plantes tinctoriales, les plantes alimentaires et celles productrices de latex, etc.

Est-ce que vous recevez des patients au niveau de votre clinique ?

Je reçois beaucoup de patients au niveau de ma clinique. Et chaque fois que je voyage vers les régions maritimes, je reçois des patients même dans certains  villages de Boffa. Et au niveau de la clinique, je suis au niveau de 6000 et quelques cas de patients que j’ai reçus. Sur les 6000 et quelques cas, il y en a qui sont malheureusement décédés. Ils sont autour de 5 depuis que j’ai commencé en 2000.

Autant dire que la clinique existe depuis 2000 ?

Justement, la clinique existe depuis 2000. Et de ce temps jusqu’à maintenant, il y a eu cinq cas de décès.

Vous traitez l’hypertension artérielle, vous dites…

Bien sûr ! L’hypertension artérielle est provoquée par une déficience des organes émonctoires. Lorsque ces organes émonctoires sont en déficience, il y a l’hypertension. Et ce que vous voyez là comme hypertension, nous, dans le cadre de notre savoir, on pense que c’est une manifestation ; l’élément même réside dans la déficience des organes émonctoires. Notamment les glandes sudoripares, le tube digestif, il y a le problème au niveau du foie, le problème au niveau des reins, etc.

Comment procédez-vous à son traitement ?

Lorsque vous recevez ce cas, vous prenez les donnés systoliques, les données diastoliques, ensuite, le pouls. Lorsque vous avez tous ces éléments-là, à partir de la sueur de l’individu, vous utilisez des moyens pour vous rendre compte de ses problèmes. Après tout cela, vous procédez à des analyses des déchets ou à l’analyse du sang. À partir de là, vous verrez quels sont les ions métalliques qui manqueraient au niveau de l’individu. Puis, vous produisez un médicament qui peut procéder à une médication très efficace. Parce que là, il faut agir sur la résistance du sang.

Ensuite, permettre au sang de bouger. Le produit est généralement diurétique. Après cela, vous donnez un produit qui va débarrasser le cerveau du caillot sanguin qui y est déposé, parce que vous allez constater des cas de paralysies. Dès que le malade est paralysé et que vous ayez pris toutes ses données, maintenant, vous lui administrez un produit qui va dissoudre le caillot sanguin et libérer conséquemment le centre de commandement de la partie paralysée. Dès que le sang se dilue, automatiquement, le malade va commencer à prendre les bras.

Mais contrairement à ce qu’on voit, je ne crois pas que tirer ou faire des massages soit la solution. Il faut trouver la solution à partir du cerveau même, en donnant un produit bien approprié. Et ce produit, une fois arrivé au niveau du sang coagulé, le sang se dissout. Et dès que le sang est dissous, automatiquement, les organes sont libérés.

Traitez-vous aussi l’hémorroïde ?

L’hémorroïde est une maladie banale chez nous. Pour traiter l’hémorroïde, il faut créer les conditions pour une bonne digestion. Dès que vous créez ces conditions, l’hémorroïde s’en va. Là aussi, vous contrôlez la tension de l’individu. Ensuite, vous contrôlez son pouls pour vous rendre compte du fonctionnement de son système digestif. Dès que vous contrôlez le système digestif, vous saurez comment vous y prendre. Parce qu’il vous dira par exemple qu’il est souvent constipé. Or, il ne peut pas y avoir de constipation si toutes les glandes digestives fonctionnent normalement. Donc, il faut faire en sorte que les glandes digestives fonctionnent normalement.

Quelle explication scientifique donnez-vous au diabète ?

Le diabète est un problème de crise au niveau du pancréas. Dès qu’il y a un problème au niveau du pancréas, automatiquement, le pancréas, au lieu de libérer la quantité de produits pouvant permettre l’utilisation du sucre qui reste au niveau du sang, il y a le diabète. Ceci est un premier cas.

Il y a un second cas qui est très difficile à faire comprendre aux profanes : c’est le diabète sec. En pareil cas, vous travaillez là aussi jusqu’à ce qu’on arrive à faire réveiller tous les organes en déficience. Il y a des plantes comme la Sorindeia grandifolia que les Soussou appellent *Kansi bomba ou *Kakoun bomba, par exemple. Vous prenez ces plantes-là, vous essayez de les travailler conformément aux normes. Et dès que vous les donnez, automatiquement, ça résout le problème tant au niveau du diabète qu’au niveau de l’hypertension artérielle.

Généralement, dans ces cas de figure, la nature même indique ce que ça représente. Lorsque vous regardez dans les dépotoirs ou dans des endroits présentant certaines caractéristiques, il y a des plantes que vous voyez pousser en ces points. Ces plantes-là jouent généralement un rôle très important dans l’épuration du sang. En général, ces plantes interviennent dans le cadre du diabète et de l’hypertension artérielle.

Depuis l’ouverture de votre clinique est-ce que vous y avez reçu des cas de folie ?

Absolument ! Nous en avons reçu plusieurs qui sont sortis guéris.

Et comment vous y mettez-vous ?

C’est au niveau de l’hypothalamus qu’il faut agir. Dès que vous agissez là, automatiquement, le malade connaît un repos, il devient docile et finalement, vous verrez que son état se normalise correctement.

Par exemple, on a reçu quelqu’un qui est venu de loin. C’est un de mes supérieurs hiérarchiques qui me l’a amené. Quand il est venu, nous lui avons donné un produit. Et avant, mon supérieur hiérarchique qui me l’a référé avait dit que l’enfant ne pouvait pas venir. Mais j’ai insisté pour qu’il vienne. Et quand il est venu, j’ai fait un contrôle à l’issue duquel j’ai trouvé que le pou (battement cardiaque) était très élevé. Quand j’ai déterminé le battement cardiaque, je l’ai ramené à la normale.

Ensuite, on lui a fait un sommeil. A son réveil, il a demandé après son ordinateur. Mais son compagnon n’a pas voulu le lui remettre. Il a dit : non, remettez-moi mon ordinateur. J’ai telle donnée que je veux chercher. J’ai dit de lui remettre l’ordinateur. Il a commencé à le manipuler. Au quatrième jour de son arrivée, il a demandé à ce qu’on lui donne la clé de la voiture. Il a pris la voiture. Il est allé faire son tour au terrain de foot. Après, il est revenu se garer. On a continué le traitement. Et aujourd’hui, ça va très bien chez ce monsieur dont je tais volontiers le nom pour une question de déontologie.

Et votre traitement est basé sur quoi au juste ?

Il y a des plantes, des feuilles, des produits végétaux tout comme des produits animaux.

Vous n’éprouvez pas de difficultés à les trouver dans ce pays de savane ?

Non, il n’y a pas de difficultés. Écoutez ! L’Homme est connu à travers la couleur de sa peau, à partir de ses réactions. Toutes ces plantes que vous voyez là, on peut diagnostiquer les caractéristiques thérapeutiques de chacune d’elles à partir de sa température, de sa couleur, de son goût et de son odeur. Ces différents éléments sont très importants pour apprécier les propriétés thérapeutiques des plantes. Donc, je ne me fais même pas de soucis pour ça. Évidemment, il y a des plantes qui sont toxiques. Celles-ci aussi ont leur rôle.

L’impuissance sexuelle est cette autre pathologie qui se propage dans nos sociétés aujourd’hui. Pr Camara traite-t-il cette autre maladie ?

Est-ce que vous ne trouverez pas la cause de cette maladie dans notre alimentation ? D’abord, quand vous êtes avec nos parents aujourd’hui, il y en a beaucoup parmi eux qui utilisent des produits de conserve comme aliments. Il y en a beaucoup qui n’aiment pas les aliments naturels. Il y en a par ailleurs beaucoup d’autres qui aiment l’arôme Maggi, qui mangent des substances sucrées, etc. Ce sont là des éléments qui peuvent jouer sur le fonctionnement normal des nerfs. Et dès que vous avez ce problème au niveau des nerfs, automatiquement, ça se répercute sur la sexualité. Là, c’est de la mécanique.

Mais il y a aussi un problème au niveau des cellules reproductrices. Donc, pour trouver solution à cela, dès que le patient arrive, vous lui faites un contrôle après quoi vous procédez à la vérification du sang. A partir de là, vous verrez la porte par laquelle passer pour trouver solution à son problème.

Vous servez ici depuis combien de temps ?

Depuis 1982, quand je suis sorti de l’université. J’ai fait la Botanique. Ensuite, j’ai travaillé sur l’Écologie. J’ai quitté un moment pour aller faire la thèse. Mon thème de mémoire de fin d’études supérieures, c’est l’expérimentation sur l’influence de la coupe et de la pâture sur la production herbazole du Fouta. Après, je suis revenu. Et depuis ce temps, je suis toujours là.

Et à quand remonte votre statut de Professeur et où l’avez-vous acquis ?

Je suis professeur depuis janvier 2018. Au fait, à l’Enseignement supérieur, il y a des grades. Il y a les assistants, les maîtres assistants, les maîtres de conférence et les professeurs. Suivant le critère national qui était en vigueur dans les temps, pour quitter le grade Assistant pour le grade Maître assistant, il faut avoir le Doctorat.

Quand tu as le Doctorat, il y a des critères : tu peux publier, consulter, écrire. Et quand tu écris des articles, il y a du temps. Parce que selon le critère national, pour quitter le grade Assistant pour le grade Maître assistant, il faut passer trois ans. Et là, il faut avoir consulté trois étudiants de Master et faire deux publications hors thèse. Si c’est pour des étudiants de DES que vous avez été consultant, il faut des projets de recherches avec tous les critères liés à ça.

Quand vous devenez Maître assistant, là aussi, vous passez trois ans. Et vous publiez des articles encore (trois articles) dans les revues à Comité de lecture. Ensuite, vous devenez consultant pour trois étudiants qui font le Master ou un étudiant qui fait le Doctorat.

C’est quand vous avez tout ça, après trois ans, avec une attestation qui confirme que vous faites la recherche et que vous donnez les cours, que vous pouvez soumettre votre document à un comité qu’on appelle la Commission technique et scientifique (CTS) au niveau de l’université. Si le document est bon, l’université adresse une lettre au ministère de l’Enseignement supérieur au niveau duquel il existe la Commission nationale recrutement et promotion (CNRP).

Après avoir vérifié les travaux de votre CTS, ils transmettent le document à un comité national qui va valider les résultats. Et c’est à partir de là que la publication des résultats est faite pour être Maître assistant. Après le grade de Maître assistant, vous devenez Maître de conférence par la même voie.

Là, il faut que vous soyez le premier auteur de chaque article publié. Et quand c’est des consultations, il faut que vous soyez consultant principal. Pour passer professeur, c’est la même chose. Et à chaque niveau, il faut trois ans. Donc, il faut quatre ans pour être professeur.

Vous avez fait quelle option ici à l’université ?

J’ai fait la Botanique et j’ai travaillé sur l’Écologie. Mon thème de mémoire de fin d’études supérieures, c’est l’expérimentation sur l’influence de la coupe et de la pâture sur la production herbazore du Fouta. (…). Je sais quel est l’impact de la coupe sur un herbage, mais aussi l’impact de la pâture sur un herbage. Après cela, j’ai fait ma thèse de doctorat après avoir fait le master.

Quelle est la capacité d’accueil de votre clinique ? 

Chaque jour, je reçois cinq à dix patients par jour. Mais quand vous êtes reçu, vous venez, on vous donne le produit. Évidemment qu’il y a des gens que je peux retenir. Par exemple, ceux qui viennent de loin et qui n’ont pas de parents ici, eux, je les garde.

Vu que vous avez votre vie partagée entre la famille, l’université et la clinique, est-ce que vous avez des collaborateurs ?

Oui, bien sûr ! J’ai des étudiants qui travaillent avec moi. J’ai mes enfants qui travaillent avec moi. Mon premier garçon, je l’ai initié à beaucoup de choses. Lui, aujourd’hui, il détermine les plantes en Latin.

Un mot pour clore cet entretien ?

Ce que les gens doivent faire, c’est de vérifier ce qu’ils mangent, revoir leur comportement notamment alimentaire et surtout ne pas faire l’automédication. Cela est très important pour éviter les maladies. Moi, quand je suis malade, je me confie à un spécialiste. Évidemment, il y a des traitants comme moi, qui sont très difficiles à traiter quand ils sont malades. Je veux vous dire que celui qui traite les maladies n’ose pas les médicaments. Personnellement, je ne prends pas les médicaments au hasard.

Entretien réalisé par Mady Bangoura 

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