Avec la libéralisation de l’économie guinéenne, plusieurs PME (petites et moyennes entreprises) ont été créées par des particuliers en Guinée. Mais jusque-là contrairement à de nombreux pays africains, le secteur privé guinéen peine encore à s’affirmer. Une situation qui n’est pas sans conséquence dans le développement économique du pays. Dans un entretien-live accordé à Guinéenews© ce vendredi 19 juin 2020 via sa page Facebook Hadja Mariama Diallo Sy cheffe d’entreprise présidente du groupe Guinée Mondial Tour et ancienne ministre du tourisme lors de la transition a touché du doigt aux maux qui freinent le secteur.
L’inertie du gouvernement qui ne fait rien pour booster le secteur privé, la divergence d’opinions et le manque de solidarité entre les organisations patronales guinéennes constituent un frein considérable dans l’épanouissement du secteur entame Hadja Mariama Satina Diallo Sy. La fondatrice de Mondial Tours pointe du doigt aux marchés gré-à-gré orchestrés par les dirigeants et proches du pouvoir.
« Nous en souffrons tous parce que tant qu’il n’y aura pas d’équité, d’équilibre, d’appels d’offres qui respectent les règles qui sont établies dans ce sens je ne pense pas que va éclore un secteur privé fort. On aura quelques individualités qui ont de l’argent mais on aura une croissance du secteur privé. Le gouvernement a parlé de contenu local mais même ce contenu local qui a les marchés ? Il y a des sociétés étrangères en Guinée qui font du travail que nous le secteur privé pouvons faire. Je suis dans la restauration, les mines par exemple utilisent énormément de restaurateurs pour faire manger les ouvriers, les travailleurs, mais qui y travaillent ? Les sociétés étrangères évidement alors que ce sont des choses qu’on peut faire. Il y a par exemple plusieurs agences de voyages en Guinée mais c’est une agence étrangère qui a les 80 pour cent du marché de voyage guinéen. Est-ce que vous trouvez que cela est normal ? Tant qu’on ne fera pas confiance aux Guinéens et leur donner l’opportunité d’avoir les marchés il n’y aura pas d’entreprenariat fort, solide en Guinée à l’instar de ce qui se passe dans les autres pays…», affirme Hadja Mariama Satina Diallo.
Malgré plusieurs initiatives et l’implication du président de la république Alpha Condé avec le « Guinée Business Forum », le dialogue public-privé peine encore à se concrétiser. Pour Hadja Mariama Satina Diallo, cet état de fait s’explique par la désunion et le manque de volonté qui existent entre les acteurs du secteur.
« On ne peut que dénoncer pour inverser la tendance comme ce que je suis entrain de faire on le dit souvent dans nos réunions. D’ailleurs, depuis combien d’années on essaye d’établir le dialogue privé-public le DPP ? Le premier ministre Mamady Youla avait même fait un arrêté, le président même a inauguré le « Guinée Business Forum » où on aurait eu un espace où tout pouvait se discuter et faire avancer le secteur privé. Mais cela fait combien d’années ? Plus de 3 ans, rien n’a été fait même une réunion. Nous avions réussi à mettre en place un mouvement le DPP mais c’est mort depuis parce que nous avons demander à avoir devant nous des interlocuteurs du secteur public pour pouvoir discuter des problèmes et avancer des solutions mais impossible », affirme-t-elle.
« On devait être beaucoup plus humble, on devait s’accepter, mais malheureusement aujourd’hui le Guinéen ne s’accepte plus. Nous avons perdu la notion de solidarité, de partage, d’entraide. Sinon évidement, c’est nous les acteurs du secteur privé qui sommes concernés, c’est nous qui devons nous donner les mains puisque nous avons des intérêts communs. Si nos affaires ne marchent pas c’est pour ça la grande majorité. Mais la petite minorité qui a les marchés ne lève pas le petit doigt pour tirer vers le haut les autres et c’est qui se fait ailleurs », regrette l’administratrice de sociétés en Guinée.
« Avec la crise du Coronavirus qui sévit dans le monde ces derniers mois, le secteur privée guinéen est fortement touché. Pour accompagner les entreprises à se relever, le gouvernement guinéen a promis d’octroyer des fonds pour aider le secteur à se relever. Mais jusque-là cette promesse tarde encore à venir. Une situation qui risque de mettre encore à terre plus d’entreprises », explique la patronne de Guinée Mondial Tour.
« Tous les autres pays ont déjà appuyé les entreprises. Chez nous, je crois qu’on est en train de chercher à nommer des agences ou à se demander ou est-ce qu’on va loger tel ou tel garantie ou fonds d’appui. Vous savez on ne réinvente pas la roux. Qui mieux qu’une banque connaît une PME, une entreprise ? Nous travaillons avec les banques, ce sont les banquiers qui connaissent nos besoins parce que nous nous adressons à elles. Moi je pense que si ce fonds et cette garantie avait été traité de cette façon, la banque centrale ou les banques primaires selon leur capacité on pouvait octroyer ces fonds comme ça je pense qu’on pouvait s’en sortir. Mais on va encore nommer des agences, des conseils d’administration alors qu’on n’en a pas besoin. Le COVID-19 nous est tombé dessus, nous avons besoin de cet argent puisque nous devons payer nos employés, les loyers ainsi de suite. Mais l’Etat n’a pas pitié de nous alors comment allons-nous nous en sortir ? Ma crainte est que au moment où cet argent va être mis à disposition ça va trouver que beaucoup d’entreprises sont à terre », s’inquiète Mme Sy.
Actuellement, le peu d’entreprises qui arrivent à s’en sortir comptent sur la compréhension et l’appui des banques. Une action que l’ancienne ministre du tourisme n’a pas manqué de saluer de passage.
Par ailleurs, à la question de savoir comment est-ce que l’APIP (agence de promotion des investissements privés travaille avec les entreprises locales Mme Sy affirme que la collaboration se passe bien malgré des hauts et des bas.