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Pourquoi Kindia a été récemment coupée de Mamou ? En voici les causes et conséquences

Comment est survenu cet événement gravissime ?

De 17 heures, samedi 19 janvier au lendemain dimanche 20, à midi, aucun véhicule n’a pu franchir la zone de Séguéya, dans le sens Kindia- Mamou. Cette situation très préoccupante, au regard des conséquences qu’elle a générées, est survenue à la suite d’un accident de la circulation. Selon la compagnie sécurité routière de Kindia, ce sont deux camions qui sont entrés en collision sur un pont situé dans une courbe très accentuée. Un endroit réputé dangereux, surnommé Kombitîdé. Le chef d’escadron Jimys Niamy, commandant adjoint de la compagnie sécurité routière explique que les deux camions sont des semi-remorques de marque identique (Renault Magnum). L’un est guinéen, immatriculé RC 5471 L et RC 5472 L, l’autre, malien : AQ 1952MD et AS 6841MD. Le premier, revenait de Bamako où il avait livré du blé, alors que le second s’y rendait avec deux camions-plateau superposés à son bord. Une opération de transit régulière, précise la gendarmerie. Le lieu est en légère déclivité. Le camion malien descendait pendant que l’autre remontait. C’est au moment où celui remontant franchissait le pont, que le chauffeur malien s’est aperçu de la défectuosité de son système de freinage. L’accident était inévitable. Il était 17 heures. Les deux poids lourds sont entrés en collision. Aucun d’eux n’est allé à la renverse. Ils sont restés plutôt en position oblique sur la chaussée. Le train arrière du camion remontant, enfoncé sur le bas-côté de la route. Le conducteur malien a été blessé au bras gauche (on parle d’une fracture) et son camion a subi des dégâts considérables au niveau du tracteur.

« Dès lors, les problèmes ont commencé », d’après le chef d’escadron Jimys : « On s’est rendu à l’évidence que la position accidentelle des véhicules ne permettait aucun passage dans les deux sens. Le bas-côté de la route étant raviné de tous côtés, il n’y avait pas moyen d’envisager une déviation.

Aussitôt informé de la situation, notre commandant, le lieutenant-colonel Yéré Camara, a mis des gendarmes à ma disposition pour les opérations de constat, de maintien d’ordre et de rétablissement de la circulation. Ça n’a  pas été chose facile. Nous avons passé la soirée, la nuit et le lendemain sur les lieux, à travailler sans relâche avec l’appui remarquable des syndicats, de l’union des transporteurs, de quelques renforts d’agents et de personnes de bonne volonté. C’est seulement dimanche à midi, soit 17 heures après l’accident, que la circulation a été débloquée. »

Comment cela peut-il s’expliquer, pourquoi un si long délai ?

La raison fondamentale tient au comportement de la plupart des usagers. Ils sont pressés, impatients, chacun veut le premier à tout prix. Ça crie de partout, certains sont même menaçants et on entend des injures. Aucune communication structurée, capable de toucher tout le monde à la fois, n’est possible. Cela ouvre la porte à une certaine anarchie. C’est le début des files de véhicules qui se démultiplient à l’infini, ne laissant pas d’espace pour un quelconque passage. Les gendarmes indiquent que parfois, des situations similaires se présentent à eux, où les piétons sont obligés de franchir le caniveau pour se déplacer, tellement la grappe de véhicules immobilisés est compacte.

Nécessité de renforcer les capacités d’intervention

Le commandant de la compagnie sécurité routière de Kindia a mis l’occasion à profit pour solliciter auprès de la hiérarchie un renforcement de l’équipement des unités de sécurité routière. Pour le lieutenant-colonel Yéré Camara, des camions grues pour véhicules légers et gros porteurs, des engins roulants et du matériel de communication, sont des outils indispensables pour faire face efficacement à de pareilles situations dont la survenue est imprévisible et les conséquences illimitées. Avec ces moyens, le lieutenant-colonel affirme que l’arrivée des gendarmes sur les lieux d’un accident est plus rapide, les véhicules accidentés sont vite  dégagés de la chaussée et la coordination des unités déployées est mieux assurée.

Les effets positifs de l’esprit civique des citoyens

L’officier adjoint de la compagnie sécurité routière a cité le cas de deux camionneurs qui ont décidé librement de décrocher le tracteur de leur véhicule pour tirer les deux Renault Magnum qui obstruaient la voie, après l’accident. Ce qui a permis, à défaut de grue, de débloquer la circulation.

Le chef d’escadron Jimys Niamy a magnifié ce comportement spontané et bénévole qui témoigne d’un sens civique exemplaire. Il dira son souhait de voir l’ensemble des usagers adopter la même attitude sur le réseau routier en rase campagne.

C’est le lieutenant-colonel Yéré Camara qui a conclu cet entretien: « tout en soulignant notre regret pour ce long blocage de la circulation, nous sommes dans l’ensemble, satisfaits du comportement des uns et des autres et particulièrement du sens patriotique et de l’apport inestimable des chauffeurs qui ont mis leur véhicule et leur savoir-faire à contribution pour débloquer cette situation. Cela a permis d’éviter l’aggravation des désagréments de tous ordres que de nombreux usagers ont vécus  ici. L’embouteillage avait pris quatre files de véhicules de chaque côté de la route et il s’était étendu sur les 10 km, jusqu’à Tapioca, en ville. Dans l’autre sens, il avait atteint le carrefour Gomba.  Et ça ne faisait que se remplir. C’est grâce à l’appui de nos chefs hiérarchiques basés à Conakry, aux autorités de Kindia, à la communication que nous avons faite à travers les médias et aussi aux moyens d’information dont disposent les usagers qui sont restés bloqués de longues heures ici, que nous avons pu limiter, un tant soit peu, les conséquences de cette situation.

Nous avons pu contenir la foule et éviter tout dérapage susceptible de troubler l’ordre public. Nos éléments sont restés sur les lieux sans désemparer, tout le temps qu’a duré l’évènement, jusqu’au rétablissement total de la circulation.»

Une pointe d’optimisme

A quelque chose malheur est bon, dit-on. Il est à espérer que toutes ces expériences inspireront les décideurs à opter pour de la prospective plutôt que pour l’attentisme ou l’improvisation.

Contrairement à bien d’autres pays, le nôtre ne dispose pour le moment, que d’un seul mode de transport: celui routier. Ce qui encombre nécessairement les routes et conduit à des risques de voir les mêmes problèmes survenus à Séguéya et à Linsan se reproduire partout sur le territoire national. Ce qui engendre des conséquences énormes de tous ordres. Autant donc, si on ne peut pas empêcher la survenue du phénomène, se préparer à y faire face, le plus efficacement possible.

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