Le leader de l’Union des forces démocratiques de guinée (UFDG) a annoncé récemment son intention de mettre un terme à son exil. Dans un entretien accordé à cet effet à RFI, Cellou Dalein Diallo a jeté un gros pavé dans la marre de la junte guinéenne, qu’il soupçonne de vouloir se cramponner au pouvoir au-delà du délai imparti. En brisant ainsi la promesse faite par le général Mamadi Doumbouya, dans sa profession de foi, de quitter ses fonctions au profit d’un gouvernement civil, au terme du chronogramme défini de commun accord avec la Cédéao. Chronogramme dont l’achèvement est prévu pour le 31 décembre 2024.
« Je suis prêt à rentrer à Conakry, quels que soient les risques que je prendrai », a lâché le président de l’UFDG, sans ménagement, au micro de Radio France International.
En optant pour le retour au bercail, à la faveur de la tenue du congrès de son parti, dont les préparatifs vont bon train, quitte à foncer la tête la première, Dalein se résout à affronter son destin. Selon lui, aucun risque n’est de trop quand il s’agit de défendre « les valeurs » auxquelles il aspire. Ce n’est donc pas l’épouvantail judiciaire qui le ferait renoncer à regagner ses pénates.
Dans cette nouvelle épreuve qui s’annonce pour le chef de file de l’opposition, certains observateurs pensent que du courage, il lui en faudra, étant devenu du jour au lendemain la tête de turc du régime. Car comme l’a dit Alain Duhamel, je cite : « les hommes politiques qui marquent leur époque s’imposent par leur courage, en plus d’être compétents ».
Surtout qu’il est cité à comparaître devant la Crief, dans le cadre du fameux dossier relatif à la vente d’un Boeing 737 de la défunte compagnie Air Guinée. Des accusations qu’il qualifie de « fantaisistes ».
Et cette maxime, Dalein a dû certainement l’intégrer, in fine. Après être resté à l’étranger pendant plus de deux ans, à tirer à hue et à dia. Avant de se décider à ferrailler contre le CNRD de vouloir « garder le pouvoir aussi longtemps que possible et peut-être définitivement ».
Ce qui à l’entendre, ne pourrait se jouer sur du velours. Car « le peuple de Guinée tout entier est déterminé à user de tous les moyens pour contraindre la junte à respecter l’engagement qu’elle a pris devant le peuple de Guinée, devant la communauté internationale ». Voilà qui est dit.
Ce retour imminent du leader de l’UFDG à Conakry pourrait être, à n’en pas douter, le signe annonciateur d’une météo politique agitée. L’UFDG étant la force motrice des forces vives, qui viennent de se muer en union sacrée dans la perspective de la bataille anti-glissement du chronogramme de transition.
Vu que le RPG-arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir, l’autre mastodonte du landerneau politique, durement éprouvé par le putsch du 05 septembre 2021, a encore du mal à reconstituer ses forces.
Il conviendrait de noter que le parti de Dalein n’est toutefois pas exempt de soubresaut en son sein, à cause du psychodrame qui continue de l’agiter autour de l’éviction de Ousmane Gaoual Diallo de l’UFDG. Chose que l’actuel ministre porte-parole du gouvernement a toujours du mal à digérer. L’ancien trublion politique ne rate d’ailleurs aucune occasion pour assener des coups de boutoir à la direction du parti.
C’est dans cette guerre des tranchées qu’a vu le jour le (CERAG) Cercle des amis de Gaoul. Une sorte de cheval de Troie dont Ousmane Gaoual entend sans doute se servir pour s’emparer de la citadelle de l’UFDG. Une ambition que le ministre nourrit de plus en plus. Histoire de devenir Calife à la place du Calife.
Même si à l’UFDG, on qualifie tout ça de tempête dans un verre. En tout état de cause, comme on le dit, en politique c’est le terrain qui commande.