L’audience criminelle des événements du 28 septembre 2009 a repris ce mercredi 11 janvier au tribunal criminel délocalisé de Dixinn à la Cour d’Appel de Conakry.
Comme d’habitude, les avocats de deux parties s’expriment sur le déroulé de l’audience de la journée.
Pour Me Lancinè Sylla, avocat de Toumba, ‘’la complicité dans cette affaire est établie’’ à l’égard de Dadis Camara.
Quant à Me Pépé Antoine avocat de Dadis, il dénonce le non professionnalisme de ses confrères.
Me Lancinè Sylla : » vous l’avez vu, il s’est montré désagréable. Il n’a pas voulu répondre aux questions qui lui colle à la peau, qui établissent sa culpabilité dans cette affaire. Et lorsqu’on parle de complicité, ce n’est pas seulement les instructions. Non seulement les preuves ont été établies qu’il a donné des instructions au colonel Moussa Tiébgoro.
Dans le dossier de la procédure, le procès-verbal de déposition du colonel Moussa Kéïta, l’ex-Secrétaire permanent du CNDD, qui a affirmé que c’est Dadis qui a donné des ordres, sans oublier les déclarations de Pivi. Donc, je suis désolé mais, Dadis ne peut plus continuer à dire qu’il n’y a pas de preuves en ce qui concerne les instructions.
C’est pourquoi la dernière fois, je vous disais qu’il existe des preuves, qui sont surabondantes. Vous avez constaté également que Dadis a eu à faire charger des armes dans un camion militaire. Ce sont ces mêmes armes qui ont été utilisées pour commettre ces meurtres au stade du 28 septembre.
Çà aussi, c’est un élément qui établit la complicité. Et cette complicité s’établit par voix de fournitures de moyens qui ont servi à la perpétuation de ces infractions. Vous avez enfin Moussa Dadis Camara qui a eu à entretenir au domicile de Gono Sangaré, des civils qui étaient armées de flèches, d’armes blanches, et de Cauris… Ces civiles ont été vus. J’ai donné des procès-verbaux, de quelques témoins et parties civiles. Donc dans cette affaire, la complicité est établie à l’égard de Dadis Camara. Raison pour laquelle il n’a pas voulu répondre à mes questions. Parce que ce sont des questions gênantes pour lui. C’est un monsieur qui pense être au-dessus de tous, qui veut imposer sa vision et cela ne marche pas avec moi« .
Me. Pépé Antoine Lamah, avocat de Dadis : « le président Dadis ne peut pas répondre à des questions qui n’ont rien à voir avec les faits. Il est de son droit de ne pas répondre aux comportements discourtois venant de qui que ce soit. Il est même de son droit de garder le silence. Alors si au départ, il a décidé de se prêter à toutes les questions, y compris des questions impertinentes, des questions qui manquent de substance, qui n’ont rien à voir avec le débat, il ne faudrait pas quand même qu’on se permette d’en abuser, de se servir de sa position actuelle pour régler des comptes personnels. Je vous rappelle que nous sommes quand même très déçus et choqués par certains propos dissipés dans la presse par la défense de Toumba. À la limite, c’est de l’injure, de la diffamation et nous nous réservons le droit de saisir le bâtonnier et éventuellement à qui de droit pour obtenir la sanction de ce genre de comportement. L’article 68 de la loi L014 portant sur l’organisation de la profession d’avocat, impose à tout avocat de s’exprimer avec mesure et modération. Ce n’est malheureusement pas le cas de la défense du commandant Toumba qui se sert de ce dossier comme une tribune pour exposer une haine contre notre client… Cela ne devrait pas être la bonne manière de faire. Nous devons nous départir de la passion et rester professionnels en posant des questions en lien avec le procès et rester dans le cadre de la manifestation de la vérité… Quand moi j’interrogeais Toumba, il refusait de répondre à des questions qui l’embarrassaient. C’était son droit le plus absolu, on ne l’a pas forcé ni lui manqué du respect. Mais malheureusement, la défense n’a pas retourné cette monnaie au président Dadis. Aujourd’hui, on fait tout pour l’agacer. Ils font tout pour le provoquer et pour l’énerver. Mais croyez-moi, Dadis va prendre de la hauteur et se mettre au-dessus de la mêlée, il va continuer à se prêter à des questions et coopérer avec tous les acteurs qui resteront professionnels dans le déroulement de ce procès ».