Suite à notre article titré : Guinée : quand le mazout de RusAl pollue l’environnement, à Fria, la compagnie RusAl mise en cause dans cette affaire se défend à travers une déclaration laconique. Lisez !
« Pendant le lancement de la centrale électrique le 27 Août 2019, une fuite insignifiante du mazout s’est produite. Sur le champ des dispositions ont été prises pour le nettoyage et l’assainissement des lieux. Des recherches sont en cours pour déterminer les raisons de cette fuite de mazout. Il n’y a pas eu d’infiltration du mazout ni au barrage à boue, ni aux terres agricoles, ni à la rivière. Dans tous ses endroits cités aucune preuve réelle des traces du mazout n’ont été découvertes. Les résultats du prélèvement effectués par la mission du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts n’ont prouvé aucune trace de mazoute à la rivière Konkouré. A cet effet, des informations données par certains sites ne correspondent pas à la vérité des faits.
Yury Grigoryev, Directeur des relations publiques, Représentation en Guinée, UC RUSAL ».
Note de la rédaction de Guineenews©
Le directeur des relations publiques de RusAl prétend insidieusement que les informations données ne correspondaient pas à la vérité des faits. Ainsi soit-il ! Nous n’engageons aucune polémique mais vous renvoyons simplement la direction de RusAl aux déclarations du directeur préfectoral de l’environnement de Fria, Zao Guilavogui. Pollution à Fria par Rusal : le directeur préfectoral de l’Environnement réagit
« Moi je n’ai pas trouvé d’inconvénients à ça si ce sont seulement des eaux usées parce que le chenal est fait pour ça mais je n’avais pas mesuré l’envergure. Ce n’est que le lundi que le secrétaire général du ministère de l’Environnement des Eaux et Forêt m’a appelé en me demandant ce qui se passe à Fria. Il a appris qu’il y a pollution à Fria », a-t-il entamé.
« C’est ainsi que j’ai demandé à son chef section de Fria de sillonner le long du chanel jusqu’au fleuve Konkouré pour d’éventuels indices. Ils ont effectivement constaté qu’il y a bel et bien pollution. Il y a eu un déversement de la soude et du mazoute dans la journée du jeudi et vendredi pendant la grande pluie et une importante quantité de ces produits chimiques a traversé la zone de boue et les trois barrages pour aller se déverser dans le fleuve Konkouré », précise M. Guilavogui.
Une mission du département composée du fonds de sauvegarde de l’environnement, et de la direction nationale de l’environnement en plus du laboratoire pour une étude approfondie des produits chimiques a aussitôt été dépêchée sur les lieux, affirme-t-il..
« Aujourd’hui, l’Inspection de l’Environnement a constaté un impact très négatif du déversement du mazoute et de la soude dans le fleuve Konkouré parce qu’il y a eu des produits halieutiques qui ont été détruits, notamment des poissons. Des pêcheurs et les populations vivant aux abords du fleuve l’ont confirmé. L’ordonnance 045 portant code de l’environnement est clair. Le pollueur est payeur. Et il y a des articles qui définissent ce qu’il faut faire. Ensuite, il y a eu destruction des potagers des populations. Il s’agira d’évaluer les dégâts et le soumettre au paiement. Cela consiste à deux réparations une au niveau de la population et l’autre à l’environnement. La taxation relève de l’essor du département », a-t-il insisté.
Accusé par la population d’observer un silence assourdissant par rapport à la pollution causée par Rusal, le directeur préfectoral de l’environnement tente de calmer en indiquant qu’il y a « des normes acceptables dans une zone industrielle ».
«… Nous sommes dans une zone industrielle et la zone industrielle est toujours accompagnée par ces petits manquements. Il y a un laboratoire et s’il y a pollution atmosphérique, il y a la norme acceptable. Au niveau local, nous constatons qu’il est difficile de supporter cette pollution, nous faisons venir notre laboratoire qui étudie la norme. Et quand la norme acceptable est dépassée, la première mesure est d’arrêter l’usine, c’est-à-dire arrêter la production faire une mesure d’urgence pour réparer la partie impactée de l’usine », indique M. Zao.
Par ailleurs, le directeur se plaint des difficultés rencontrées par ses agents sur le terrain, notamment la non coopération du service environnement au sein de l’usine, qui lui cache la réalité.
« Je vous avoue que nous avons des problèmes, nous avons à faire à des gens réellement qui pensent qu’ils sont capables de tout. Je veux parler de la société Rusal. Moi personnellement, en tant que directeur, je suis interdit de rentrer dans l’usine si je n’ai pas l’ordre de mission de Madame la préfète. Le département est informé et nous sommes en train de prendre des dispositions. Ce qui se passe ici à Rusal se passe de commentaires », regrette-t-il.