Par Aboubacar Camara, chef service de communication et relations publiques à la Primature.
Le week-end s’envole avec son lot d’incompréhensions, d’inquiétudes, commentaires et interrogations vicieuses suite aux propos tenus par le Premier ministre IBRAHIMA Kassory Fofana au sujet de l’opération de déguerpissement.
Comme un boulet qui tenaillait la population au cou, l’équivoque vérité crue levée par le chef du gouvernement entre casse de maisons d’habitation et déguerpissement des emprises publiques a libéré des voix. Beaucoup de salive a coulé dans les quartiers et plateaux d’émission à forte audience. Une quantité d’encre versée dans la presse. Le sujet a passionné les Guinéens. Cependant, la confirmation par le conseil des ministres de l’annonce du Premier ministre sur la mise en place « d’une mission d’investigation autour des opérations de déguerpissement en cours à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur du pays » a participé à rassurer sur la cohérence de l’action publique. Le citoyen qui était perdu dans les flots d’interprétation de bout de phrases comprend mieux que l’État a fait preuve de responsabilité, en s’engageant à réparer tout éventuel débordement causé lors de l’opération menée par le ministère de la ville et de l’aménagement du territoire.
Manger, transformer, instruire
En attendant les premiers résultats d’investigation de la commission ad hoc, portons des lunettes pour examiner sereinement le cœur battant du discours d’orientation du gouvernement devant les députés.
Nous retenons essentiellement deux grands aspects de la déclaration du Premier ministre. Il y d’abord les axes prioritaires que le gouvernement définis pour mettre le pays sur la rampe de l’émergence à l’horizon 2025 : il s’agit d’intensifier les investissements dans l’agriculture ; appuyer la transformation industrielle de minerais en produit à haute valeur ajoutée comme l’alumine dans la cas de la bauxite ; renforcer l’éducation de base pour des ressources humaines de qualité. Ce sont les trois axes fondamentaux de la politique générale du gouvernement. Les députés à 99% adhèrent à cette vision et approuvent la stratégie déclinée par Dr Ibrahima Kassory Fofana pour faire des résultats escomptés.
L’enveloppe sociale
Le deuxième aspect pertinent de la projection de l’action publique porte sur la dimension sociale du programme. Tout est entrepris pour avoir un impact sur la vie des populations. La transformation des conditions de vie des Guinéens est le but et la ligne d’action de toute la politique gouvernementale. Finies les statistiques affolantes sur les performances économiques du pays selon les institutions d’évaluation. « Elles ne se mangent pas », s’avise le Premier ministre. Ce premier gouvernement de la quatrième république veut se faire évaluer au-delà des données chiffrées. L’impact des actions sur le recul de la pauvreté est désormais l’indicateur d’appréciation du travail gouvernemental. Extirper six (6) millions de guinéens dans l’extrême pauvreté est le défi à relever sans si, ni mais.
Le populisme enfume
Dans un environnement rendu angoissant par la hausse généralisée des prix sur le marché, certains Guinéens doutent de l’efficacité des mesures de croissance sociale formulées par le Premier ministre. L’intervention pendant la séance des questions du député de Dixinn illustre cette tendance. Ce représentant se demandait dans un mélange de français et de soso ; comment les prix des denrées comme le poisson fumé sur le littoral guinéen(konkoé), les aubergines (kobokoboye) cultivées dans les bas de la capitale et environnants ou encore le riz local qui ne sont pas conditionnés dans des conteneurs du port de Conakry peuvent suivre la tendance haussière des prix sur le marché local.
Cette étonnante interrogation est célébrée sur les réseaux sociaux guinéens. « Le député qui s’exprime dans le langage du peuple », mentionnent plusieurs commentaires. En fait, rien de plus que du populisme accidentel.
De façon basique, les économistes expliquent ce phénomène d’inflation importée et ses effets indus sur la productions locale. La bonne dame qui fume du poisson à Kaloum, le vend sur le marché pour conforter son pouvoir d’achat. Si les prix des produits importés grimpent, elle est obligée de s’adapter en réajustant ses prix pour maintenir son activité. Autrement, c’est la production à perte, donc l’arrêt. C’est un principe simple du marché libre.
La réponse aux angoisses
Pour stabiliser les prix, il nous faut produire plus, importer moins. La Guinée ne vit pas que de Konkoe, Kobokoboye et du Marakoulangny. Il y a du pain, de l’huile, de la viande, et bien d’autres choses. C’est en cela, qu’il faut saluer, la déclaration de politique générale du gouvernement qui met l’accent sur l’Agriculture. D’ailleurs, le député Kouressy Condé a été bien inspiré en disant dans une émission radio que le meilleur lecteur du discours du Premier ministre est le député de Dixinn qui « dans un langage plus accessible » (populaire) illustre la pertinence du programme du chef du gouvernement incitant à mettre l’accent sur la production agricole dans le pays. C’est la première réponse à la fluctuation hasardeuse des prix des produits de consommation.
Il apparaît ainsi que les priorités de développement du gouvernement telles que définies par le Premier ministre devant les députés le 7 avril dernier sont adaptées aux préoccupations des guinéens pour améliorer leur quotidien et promouvoir la quiétude sociale.
Le peuple à travers ses représentants doit veiller à la mise en œuvre de ce programme de gouvernance adopté en liesse.