C’est avec assurance et conviction que le Premier ministre Kassory Fofana a présenté, devant les élus du peuple, sa politique générale qui, selon lui, traduit la vision du président Condé. Le tout serait contenu dans le plan national de développement économique et social (PNDES) dont l’exécution est confiée à la nouvelle équipe gouvernementale.
Dans sa forme, le discours tenu par le Premier ministre est à la fois élogieux et prétentieux, même si les honneurs rendus au chef de l’Etat témoignent de l’engagement de la nouvelle équipe à se mettre à la hauteur de la difficile mission qui lui est confiée.
Discours élogieux, il l’aura été, du fait de la grande reconnaissance que le Premier ministre Kassory, sur un ton à la fois affectif et fraternel, aura bien voulu, dès le tout début de son exposé, manifesté à l’endroit de celui qui semblerait avoir répondu à sa profonde aspiration. Le poste de Premier ministre pour lequel, il aura accepté, volontiers, de diluer son parti politique, ‘Guinée Pour Tous’’, dans les couleurs vives du RPG Arc-en Ciel.
Prétentieux, il ne l’aura moins été, du fait de son contenu qui évoque, moins qu’il ne leur apporte des solutions rassurantes, les préoccupations des populations guinéennes. La pauvreté vécue au quotidien, l’insécurité, la corruption corrosive, l’autosuffisance alimentaire, non-atteinte mais qui figurait déjà au premier chapitre des promesses faites, depuis 2010, par le président Condé. Traduire les performances macro-économiques en réalités micro-économiques, des termes à résonance poétique qui donneraient de quoi perturber nos sommeils, déjà difficiles. Aussi, des rimes bien agencées qui susciteraient bien des interrogations, quand on sait que le Premier ministre Kassory semblerait donner l’assurance de faire d’ici à l’horizon 2020, ce qui n’aura pu être fait en quatre fois plus de temps, déjà consommé.
Un pari qui semblerait justifier le choix porté sur Dr Fofana, à un moment où le président Alpha Condé a le plus besoin d’un bilan moins élogieux que réel. C’est à dire qui réponde moins aux artifices du discours politique qu’aux besoins réels d’un peuple qui attend toujours que les problèmes d’eau et d’électricité soient résolus, avant de se laisser convaincre des aptitudes de la nouvelle équipe gouvernementale à répondre à d’autres attentes plus fortes.
En effet, le Guinéen se trouve rudement confronté à d’autres besoins. Le guinéen a faim, il a soif, il vit dans un environnement pollué. Voilà de quoi préoccuper la nouvelle équipe gouvernementale. Tant il est vrai que sans développement à la base, le sommet reste dans une fiction certaine. Le plus beau discours sur une hypothétique émergence d’un pays, végétant sur des immondices, séduit difficilement les populations qui y vivent. Cruelle réalité!
Sans production nationale, pas de développement économique évident. Le secteur privé déambule à la recherche d’une assistance substantielle. Même s’il faut reconnaître les efforts du Chef de l’Etat dans l’assistance des femmes et des jeunes, de nombreuses localités du pays, à travers des fonds disponibles.
Toutefois, l’éclairage reste domestique, aucune industrialisation ne serait envisageable dans cet état de fait. Les barrages hydroélectriques sont tributaires de la saison des pluies et la desserte en électricité est toujours séquentielle.
Plus d’un demi-siècle d’indépendance n’aura pu permettre de voir le bout du tunnel. Il ya eu bien des réalisations, mais les besoins sont de plus en plus croissants et variés. La déclaration de politique générale du Premier ministre a peut-être omis un département des plus importants, celui de la culture et des sports. Tous les autres y figurent, parfois pour en faire mention, alors que certains auraient mérité qu’il leur soit consacré plusieurs paragraphes de solutions préconisées. Nous citerons, entre autres, le ministère de l’éducation qui continue de poser problème dans son fonctionnement et dans ses objectifs.
Les compétences de Dr Kassory seraient moins sujettes à caution que les facteurs qu’il lui faudrait pour donner un sens et un contenu à la politique générale de son gouvernement, brillamment exposé devant une Assemblée nationale, plus ou moins attentive. Il est difficile pour Kassory de se retrouver à la tête d’une équipe gouvernementale dont il n’est pas certain qu’il ait choisi tous les membres. Si c’était le cas, la chose ne ferait qu’empirer.
Il ne faut pas aussi perdre de vue que le Premier ministre dispose d’un temps assez court pour relever tous les défis qu’il se fixe, surtout que certains des projets contenus dans le PNDES excèdent l’horizon 2020. Il se poserait d’autres questions, notamment celle de savoir si la nouvelle équipe gouvernementale n’aurait pas une mission subsidiaire, non encore révélée. Surtout que le président Alpha Condé vient de faire d’une pierre deux coups au Fouta. Véhiculer son message et drainer des foules qui lui ont manifesté le besoin de le suivre et de lui faire confiance. Un sondage bien réussi qui pourrait susciter des envies, peut-être d’autres ambitions légitimes.Rendez-vous à 2020, pour en savoir davantage !