À Pita, comme dans certaines préfectures de la Guinée, le métier de tisserands est une activité très convoitée par une bonne partie des populations. Sauf que ces dernières semaines, les tisserands de Pita se plaignent d’un manque de fils à tisser sans précédent dans les magasins.
Cette situation inquiète à plus d’un titre les populations concernées par ce métier, d’autant plus que ces dernières se retrouvent dans un chômage épouvantable. Venus pour la plupart des villages de Labé, de Mali Yemberin ou de Tougué, certains de ces hommes de métiers de tisserands trouvent la nécessité de rentrer dans leur village d’origine.
Pour bien élucider cette situation, nous avons dû rencontrer Maître Agna Oury Diallo, le président de l’association des tisserands de Pita qui nous dira que la situation est très tendue de nos jours pour les tisserands.
« Les fils en coton que nous avons l’habitude de tisser manquent depuis environ un mois maintenant. Mais comme le peu de fils que nous avions avec nous est fini, nous avons senti la crise », a fait remarquer notre interlocuteur.
Sur l’alternative leur permettant de subvenir à certains leurs besoins, Maître Agna nous confie : « C’est les fils de machines à coudre que nous sommes en train de débrouiller. Pour vous faire comprendre de plus, avec les fils en coton beaucoup d’autres activités fonctionnent. C’est le cas par exemple des teinturiers qui ne travaillent que quand les fils utilisés par les tisserands sont les fils en coton. De même que les tailleurs. Donc ce manque de fils a affecté tellement de personnes que certaines ont jugé nécessaire de rentrer au village ou de renvoyer la famille », déplore Me Agna.
Qui précise: « D’habitude on nous envoyait ces fils de Bamako mais depuis le début de leur crise politique, notre ligne est bloquée. Nous ne recevons de fils maintenant que du Burkina Faso. Allez dans nos lieux de travail vous verrez. Nous qui avions l’habitude d’alterner plusieurs cordes de fils, vous n’en trouverez que trois à quatre personnes qui travaillent », ajoute-t-il.
Et Mme Fatoumata Oury Bah, teinturière de faire cas de son amertume : « ce manque de fils fait que nous ne gagnons plus le nombre de pagnes que nous avions l’habitude de gagner. Le peu de pagnes que nous gagnons sont trop chers car les deux pagnes qu’on nous vendait à 60000 fg sont vendus à 70000 fg. »
Et cet autre du nom de Ibrahima Diallo d’en rajouter en ces termes : « je peux dire que tout est à l’arrêt. Moi par exemple je préfère faire le métier de taxi motard, en attendant. Nous prions les autorités en charge de notre domaine de faire face à cette situation car plusieurs familles souffrent à cause de ce manque. Ils ne vont pas nous donner, nous allons acheter mais c’est si on voit. »
Notons pour terminer que la situation reste très tendue pour ces trois groupes d’hommes de métier. Entre autres les tisserands, les teinturiers ainsi que les vendeurs de leppi à tel point que certains tisserands retournent dans leurs villages. Sans oublier que le produit de ces tisserands (le leppi) est depuis un bon moment en concurrence avec le farè Yaghè.