La corruption est fortement ancrée dans le système économique guinéen. Ce qui n’est pas sans conséquence. On estime les pertes dues à la corruption à environ 600 milliards de francs guinéens chaque année.
A l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la corruption célébrée le 9 décembre de chaque année, le ministre des Investissements et des partenariats publics-privés, a organisé une conférence de presse sur la lutte contre la corruption et les pratiques assimilées.
Eloi Kouadio IV, Représentant Résident adjoint du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) explique comment le phénomène de la corruption devient-il fort : « la question de la corruption est essentiellement un problème de gouvernance. Un constat nous amène à dire que l’échec des institutions, c’est le manque des capacités à gérer la société aux moyens de système équilibré ou de contrepoids sociaux juridiques et économiques qui font que la corruption s’installe. En effet, quand les systèmes formels et informels s’avèrent inopérants, la mise en œuvre et l’application des lois et des politiques assurant la responsabilisation et la transparence deviennent difficiles pour ne pas dire problématiques. »
Poussant plus haut sa réflexion, le diplomate onusien affirme, avec regret, que le cadre intègre est considéré comme maudit et le corrompu comme modèle : « Un faisceau de points en terme de faiblesse a été constaté en Guinée au regard de la problématique de la corruption. Ce faisceau s’articule autour du tricycle : faiblesse, inefficacité et corruption normalisée. Sur la faiblesse, on a noté des institutions politiques et des cadres juridiques faibles. On a observé un manque d’orthodoxie au niveau financier et de la discipline budgétaire financière. On a noté une faiblesse dans le traitement salarial des fonctionnaires et agents de l’État. L’inefficacité s’observe au niveau des organes de contrôle et au niveau de la justice. On voit que l’agent public intègre est considéré comme un maudit alors que le fonctionnaire corrompu riche devient un modèle, une référence pour les jeunes. »
Dans son intervention, le ministre des Investissements et des partenariats publics-privés, Gabriel Curtis, a rappelé des données du Fonds monétaire international (FMI) et de Transparency International sur la perception de la corruption dans le monde. Selon le FMI, la corruption coûte au moins 2 mille milliards de dollars chaque année dans le monde. En 2018, selon Transparency International, l’Afrique reste en dernière position en termes de perception de la corruption.
En Guinée, les rapports de 2011 et 2017 de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC) sont accablants. On parle de près de 600 milliards GNF perte de par an.
« En Guinée, la corruption est malheureusement encore persistante. Selon les rapports 2011 et 2017 de l’Agence nationale de lutte contre la corruption, le volume des pots-de-vin en Guinée avoisine en moyenne 600 milliards de francs Guinée chaque année. La même source indique que les opérateurs économiques déclarent avoir payé près de 500 milliards de francs guinéens par an en paiement non officiel et 75% des entreprises affirment faire des cadeaux pour obtenir des contrats », a rapporté Gabriel Curtis.
Pour endiguer le phénomène de la corruption en Guinée, explique le ministre Curtis, plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement : « Depuis 2010, l’action du gouvernement dans la lutte contre la corruption s’est focalisée sur plusieurs actions : l’inscription de la lutte contre la corruption dans la lettre de mission de tous les membres du gouvernement et l’exigence de transparence dans tous les processus administratifs ; l’adoption de la loi portant prévention, détection et répression de la corruption et des infractions assimilées en juillet 2017 ; la mise sur pied d’un arsenal important de contrôle impliquant plusieurs institutions républicaines et administratives ( la Cour des comptes, l’Inspection générale d’Etat, l’Inspection générale des finances, l’autorité de régulation des marchés publics, l’agence nationale de lutte contre la corruption, l’Agent judiciaire de l’Etat, la CENTIF pour le blanchiment d’argent) ; le recours aux technologies de l’information pour accroître la transparence. »
Depuis 2010, la Guinée a gagné beaucoup de places dans la lutte contre la corruption. Elle est passée de 164ème à 138ème en 2018.