Sur un tout autre plan, on note une forte perturbation des activités d’ordre professionnel et autres. Vu qu’il n’y a pas de carburant, les arguments pour motiver l’absentéisme au travail ne manquent pas. Beaucoup s’y engouffrent au plus vite, pour justifier leur manque d’assiduité. Et lorsqu’ils prétextent qu’il ne leur reste que la seule alternative d’aller à pied au bureau, le chef du service, quelque rigoureux qu’il soit, est obligé de baisser la garde.
D’autres conséquences viennent se greffer à ces aspects, ici évoqués. C’est la contrebande qu’on suspecte bien, sans en fournir la preuve exacte. On ne met pas longtemps à s’apercevoir qu’il y a bien du carburant, malgré qu’on n’en voie pas la moindre goutte à la station. Ce carburant, disons-nous, provient de stocks clandestins que des pompistes ou des gérants fraudeurs revendent à prix d’or, à des complices ou des réseaux d’intermédiaires qui l’écoulent à leur tour auprès des nombreux clients nécessiteux.
L’autre risque provient de l’attroupement des clients au niveau des stations, dans l’attente d’être servis. Tant que c’est un rang ordonné et discipliné, il n’y a pas grand problème. Mais, dès lors que le tumulte ou le désordre s’en mêle, alors il y a danger. Les gens se bousculent, s’invectivent et parfois même, en arrivent à se battre. Dans une telle situation, pour peu qu’un des usagers présents soit distrait, il peut favoriser un incendie par inadvertance. En effet, les vapeurs d’hydrocarbures qui sont présentes dans le périmètre de la station peuvent s’enflammer par le fait d’une moindre étincelle (un violent choc entre engins ou une bougie de moto mal protégée) ; un point chaud (les vapeurs au contact du moteur ou de l’échappement…) ; de l’électricité statique (du fait d’un appel émis ou reçu à partir d’un téléphone portable).
Ainsi on le voit, il y a beaucoup de conséquences qui découlent de cette crise de carburant. Dans les formations que nous dispensons en matière de circulation routière, il nous arrive d’établir des comparatifs entre les conséquences qui découlent de la privation de produits pétroliers et celles des produits vivriers.
Nous nous servons d’une boutade pour dire qu’en cas de rupture de produits vivriers comme le riz, par exemple, nous faisons recours à des palliatifs, tel le fonio, le maïs ou autres succédanés. Nous pouvons maigrir, n’étant pas accoutumés au substitut consommé, mais nous ne mourons pas de faim, pour autant.
Par contre, disons-nous, quand c’est le carburant qui manque, cela préfigure l’apocalypse. On ne peut pas, au niveau de développement actuel de l’humanité, imaginer un seul instant, qu’on puisse s’en passer. Tout ou presque lui est tributaire dans la vie actuelle. Son manque est comme une fin du monde, car tout s’arrête. Ne l’appelle-t-on pas, l’or noir ? Sa conquête n’est-elle pas source de richesse inouïe, de troubles majeurs, mais aussi de guerre ?
Voilà pourquoi, nous disons qu’on ne doit pas prendre ce secteur à la légère. Cela reste valable pour tous les pays au monde, surtout ceux en développement comme le nôtre, qui n’ont aucun palliatif à utiliser comme substitut à cette denrée précieuse qualifiée, à juste titre, de stratégique.
Il est dommage que nous soyons arrivés à vivre un tel phénomène de rupture totale de carburant, surtout de l’essence, qui reste le produit le plus consommé par les usagers, chez nous. Nul doute que les problèmes liés à l’importation de tels produits obéissent à des règles particulières et plus sensibles.
Mais, au lendemain de l’augmentation du prix du carburant, intervenu en début de ce mois, il est mal venu que nous tombe dessus, sans préavis, ce manque soudain et total de cette précieuse denrée, à nulle autre comparable.
Une anticipation, de la prospective et une meilleure planification nous auraient assurément permis d’éviter pareille déconvenue dont les préjudices sur les populations et tout le pays sont incommensurables. Gageons que c’est bien la dernière fois que nous allons vivre une crise de cette ampleur et durée.