Murs lézardés à plusieurs endroits, façade à l’épreuve du temps, à l’intérieur, les toilettes sales dégageant une odeur à vous donner la nausée, dans la salle de congrès, les fauteuils sont abîmés, complètement détruits… les meubles vétustes. Plus d’électricité à l’esplanade… C’est le visage actuel du Palais du Peuple de Conakry, qui autrefois, fut la fierté du pays.
Ahmed Sékou Touré, réveille-toi ! Ceux qui ont pris la Guinée là où tu l’as laissée ont abandonné ton Palais du Peuple. Cet édifice public bâti grâce à tes efforts et à celle de la coopération sino-guinéenne, tombe en ruine au vu et au su des autorités actuelles. Aucun coup de pinceau depuis une décennie. Ce monument est oublié dans un environnement sauvage, nid de reptiles et de rats. Et dire que ce Palais accueillait toutes les grandes rencontres nationales et internationales ! C’est avec des larmes au coin de l’œil que les Guinéens regardent aujourd’hui ce symbole de la puissance de la Révolution se fondre.
Tenez ! Nous sommes au lendemain de l’indépendance en 1958. Le Président Ahmed Sékou Touré lance la construction des bâtiments administratifs, modernes, de larges avenues, des monuments à sa gloire et à celle de la révolution, transformant l’ancien comptoir colonial en « perle de l’Afrique de l’ouest », première capitale socialiste africaine. Parmi tous ces bâtiments de l’époque qui restent encore débout, le Palais du Peuple qui autrefois accueillait les grands de ce monde, en leur offrant le meilleur de la culture guinéenne, du groupe Bembeya Jazz aux ballets africains, lors des représentions mémorables dans la mythique salle des congrès du Palais du Peuple est aujourd’hui dégradé et délabré, faute d’entretien. Bâti à l’entrée du centre administratif de la capitale, le bâtiment a perdu son éclat d’antan.
Les alentours et la façade du Palais du Peuple à l’épreuve du temps
L’intérieur du bâtiment : tout un désastre
Le Palais du Peuple, un vestige oublié des autorités
« Nous avions trouvé le Palais du Peuple dans un état plus critique que maintenant ! Il y a eu des efforts qui ont été fournis. On ne peut pas vous énumérer tout ce qui a été fait. Mais croyez-moi ! Nous comptons donner un nouveau visage à ce Palais pour le faire rayonner plus que par le passé. Les dispositions sont prises pour sa réhabilitation », nous apprend notre interlocuteur qui nous a priés de ne pas le citer.
Quid des coopérants chinois chargés de l’entretien de la bâtisse !
A cette question, on nous a laissé entendre que cette équipe est toujours présente, mais elle s’occupe plus du Palais des Nations et du Palais Sékhoutoureya. Comme quoi, les Chinois ne s’occupent que des grands travaux : « l’équipe chinoise ne balaie pas la cour et l’arrière-cour ! Elle ne ramasse pas les ordures ! Ce n’est pas aux Chinois de nettoyer nos toilettes ! Tout cela revient à l’administration du Palais. Si elle avait entretenu les femmes qui étaient là, beaucoup ne seraient pas parties. Mais les pauvres ! Elles ne viennent plus parce qu’on les a négligées. Les anciens dirigeants appuyés par les différents gouverneurs et le PAM assistaient, encourageaient ces vieilles femmes qui nettoyaient quotidiennement la cour. Bon, ce qui concerne les sièges, l’éclairage, les toilettes, les vitres et autres, cela nécessite de gros moyens. Il faut de la volonté politique », nous dit un député, avant de tirer la sonnette d’alarme sur la décrépitude du Palais du Peuple, afin qu’une forte somme d’argent public soit investie pour le rénover.
Il faut rappeler que le Palais du peuple a perdu sa superbe d’antan. Autrefois attrayant, aujourd’hui c’est un bâtiment aux murs décrépits avec l’invasion de rongeurs et des problèmes d’évacuation des eaux usées, d’étanchéité des toits ainsi que de sécurité en matière de risque d’incendies, et enfin avec des ascenseurs obsolètes. Situé à l’entrée du centre administratif de Conakry, au bord de l’océan, l’attraction phare du pays, se trouve en effet dans un piteux état. Le problème donc, c’est qu’il ne s’agit pas d’un simple rafistolage mais de vrais travaux de rénovation.
Une enquête réalisée par Louis Célestin